Embrasse moi vampire est ma foi un film sympathique, qui réussit plutôt bien en se risquant pourtant à ne pas prendre une ligne directrice quant au ton à employer, et c’était vraiment dangereux.
Les acteurs forment un des réels attraits du film. Cage démarre plutôt bien, ensuite par contre c’est vrai qu’il a des passages surjoués un peu gênant. Sa prestation fluctue vraiment entre du très bon (parfois il montre avec brio la déchéance de son personnage et a des moments drôles), et du très moyen (il est parfois à la limite de la caricature grotesque). Malgré tout il sauve globalement les meubles, et le film peu compter sur d’excellents seconds rôles, essentiellement féminins d’ailleurs. Si le film repose certes beaucoup sur Cage, Maria Conchita Alonso, Jennifer Beals et Elizabeth Ashley ont une place importante elles aussi, et elles se débrouillent très bien. Elles ajoutent du piquant, du charme, de l’humour, et les différentes confrontations entre Cage et ces trois femmes sont les meilleurs morceaux du film.
Le scénario est globalement sympathique, avec une bonne première partie, une dernière partie plus sombre et solide, et un milieu relativement moins bon, car plus lent, et moins surprenant. Les scènes les plus marquantes se tiennent vraiment dans la première et la dernière demi-heure. Embrasse moi vampire n’est pas une franche comédie, et certains passages sont même franchement sombres. Le film maitrise vraiment bien cette variation de ton, en reprenant les codes du vampire (sensualité, perversité, violence, crainte du soleil…) et en les utilisant ensuite à des fins variées, en entretenant constamment le suspens entre fantastique et délire mental. L’ensemble aurait pu virer au n’importe quoi, mais là j’ai été bien surpris, avec une sorte de gravité qui baigne l’ensemble du métrage.
Coté réalisation la mise en scène n’a rien de très mémorable, et je crois même que l’on a droit à la même séquence sexy entre Cage et Beals deux fois. Le réalisateur ne fait donc pas de folie, et s’avère même parfois un poil plan-plan dans des scènes qui aurait pu être nettement plus costaud, mais bon, c’est relativement acceptable pour une petite série B de ce genre. La photographie est pour sa part assez lumineuse, aérée, ce qui pourra surprendre pour un film de vampire d’ailleurs, et s’avère convaincante. Elle n’hésite pas à virer sur des atmosphères plus austère ou plus interlope lorsque c’est nécessaire (séquence de la boite de nuit) et en tout les cas elle est assez raffinée. Les décors pour leur part sont tout à fait acceptables, sans chichi mais très honnête malgré tout. Embrasse moi vampire propose par ailleurs quelques scènes sanglantes, très soft cependant (sauf peut-être la dernière scène), et une touche d’érotisme. Cette dernière fonctionne d’ailleurs étonnement bien avec finalement un travail là aussi très soft, qui doit beaucoup au charme indéniable et à la photogénie remarquable de Jennifer Beals, qui en femme fatale est brillante ici. La bande son est globalement absente et pas très plaisante.
En conclusion Embrasse moi vampire est un film plutôt agréable, qui, une fois n’est pas coutume, s’élève vraiment par sa capacité à gérer un thème traité ici sous un angle casse-figure. En effet, pour le reste il a des défauts de ci de là qui l’empêche d’être une anthologie, avec le jeu de Cage assez inégal, une dimension technique et esthétique qui n’a rien non plus de folichon. Il mérite un bon 3.5, et il vaut le coup d’être vu une fois.