La nouvelle Madame Edouard, dont le film est tiré, s'inscrit dans une série baptisée "Commissaire Léon". Publiée au rythme de trois nouvelles par an, cette série met en scène un personnage récurrent. "Un flic qui tricote !", "Madame Édouard " et "La nuit des coquelicots" inaugurent la série en 1999. "Il neige en enfer", "Le silence des canaux" et "Clair de lune à Montmartre" on été publiés en 2000. "Le fantôme de Fellini", "Les bonbons de Bruxelles", et "Les jouets du diable" sont sorties en 2001. Publiés en 2002, "Bonjour chez vous !" et "Le cabaret des assassins" ferment la marche.
Madame Edouard, dont les personnages s'inspirent d'individus montmartrois, est le premier film en tant que réalisatrice pour la romancière Nadine Monfils. Elle transpose à l'écran sa propre nouvelle, "Madame Edouard", publiée en 1999.
Nadine Monfils évoque la genèse de son roman, avant d'en faire un film. Née dans un petit village du Brabant Wallon en Belgique, la réalisatrice avoue s'être inspirée des gens de son quartier, "authentiques et vrais, écorchés vifs et gouailleurs, pour qui j'ai une infinie tendresse" précise-t-elle. "J'ai surtout mis l'accent sur l'importance des rapports humains et des bistrots qui sont comme des bateaux dans lesquels on peut voyager à travers l'ivresse ou tout simplement rester à quai et sentir un peu de chaleur humaine."
La parole à Nadine Monfils: "Autour d'une intrigue qui navigue entre l'art élitiste et l'art populaire, évolue un monde croustillant. J'aime faire ressortir les particularités de chacun de mes personnages, montrer que sous leur gouaille se cachent parfois de terribles blessures et que l'humour est non seulement une source de jouvence, mais aussi le meilleur moyen d'éloigner les nuages noirs." La réalisatrice ajoute: "Chaque personnage constitue une pièce de puzzle permettant d'avancer dans l'intrigue qui mènera à une réflexion sur les limites de l'art: jusqu'où peut-on aller pour l'amour de l'art ? " Il appartient aux spectateurs de le découvrir...
"Madame Edouard est (...) une histoire sur la tolérance" précise la réalisatrice, "et l'impérieuse nécessité de cultiver sa différence." C'est aussi "un refus de la déshumanisation et de l'uniformité, tant humaine qu'architecturale, où l'imagination enfile ses gants de soie." Il s'agit aussi de lutter contre les préjugés: "J'ai eu envie de faire un beau film, plein d'humour et d'humanité" commente Nadine Monfils, " avec des gueules, comme on en trouve partout dans le monde, et qui au fil de l'histoire, deviennent belles parce qu'elles dégagent de l'émotion. Un film jubilatoire qui change le regard des spectateurs sur ceux qu'à priori, ils auraient peut-être eu tendance à mal juger."
Bien que l'histoire se déroule en Belgique, le personnage d'Irma, campé par Didier Bourdon, existe réellement à Montmartre. Il s'appelle "Eva", c'est un ancien travesti. L'acteur avoue d'ailleurs l'avoir rencontré. Si le film s'est inspiré de cette personne pour ses tenues et aussi pour le jeu, la production s'est défendu de le copier pour autant. L'acteur ajoute:"Bien sûr, on a gardé les traits de ce personnage qui est plein d'humanité, de timidité et qui possède une grande part de féminité. Mais on ne s'est pas inspiré de la vie d'Eva".
Fin connaisseur du quartier de Montmartre pour y habiter depuis de nombreuses années, Jean-Pierre Jeunet (Un long dimanche de fiançailles) a collaboré au film en tant que conseiller technique. La musique de Madame Edouard a quant à elle été composée par Bénabar.