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Un visiteur
5,0
Publiée le 13 septembre 2011
Sans scénario ni acteurs, La Région Centrale révolutionne littéralement le cinéma comme art technocentriste et se pose comme un pied de nez diablement désinvolte au cinéma 'mainstream' : à l'aide de son invention gyroscopique (ou peu importe le nom) Michael Snow fait de la caméra comme œil désincarné une expérience - dans toute la polysémie du terme - psychédélique et transcendantale. Ainsi, restant figée dans un circuit fermé mais sans aucune redondance - une des forces majeures du film -, la caméra nous entraîne dans une exploration spatiale jusqu'au brouillage - voire la perte radicale - de nos repères, nous plongeant et nous perdant dans une déambulation littéralement désincarnée : La Région Centrale nous fait oublier corps et monde pendant environ 4h, le tout avec une bande son composée du bruit que fait la machine permettant la rotation de la caméra, son lui-même hypnotisant et psychédélique fonctionnant donc sur une "reprise" presque involontaire incessante du même "thème". Ou comment le son peut de lui-même se faire partition sérielle. Totalement improvisé, La Région centrale se pose comme un monument incontournable et indispensable de l'histoire du cinéma, redéfinissant, via une certaine complaisance technologique (matérialisme formel rentrant étrangement en disharmonie avec le retour à la nature 'scénaristique'), la direction prise et aujourd'hui imposée de manière monopolistique, pour ne pas dire dictatoriale, dans le cinéma 'courant'.