Ah mais alors là ! On tient une palme avec ce "Vilain petit canard" : celle du film le plus déprimant de l'année ! Constatant qu'il s'agissait d'un film d'animation en volume à l'esthétique plutôt particulière, je me réjouissais de pouvoir découvrir un film qui sort un peu de la norme actuelle... Eh bah mon cochon ! (...ou plutôt mon canard ! ho ! ho !), j'ai pas été déçu ! En fait ce film n'a pas cherché à avoir une esthétique particulière, il l'a adopté faute de mieux ! Que ce film soit un petit peu cheap au niveau des moyens, ça ne me dérange pas au fond - au contraire dirais-je presque ! - ce qui fait que j'excuserais presque l'amateurisme de l'animation. C'est bien simple j'ai l'impression de revoir le "Manège enchanté" ! ...Enfin à deux détails près. Tout d'abord le manège enchanté ne durait pas 1h20 en ressassant sans cesse la même chose, avec les mêmes musiques, les mêmes scènes, les mêmes chansons (...et ce n'est pas une blague ! Tous les quarts d'heure on se rebouffe la même séquence du canard en pleurs qui chante son désarroi et se roule dans son drapeau !) Mais le pire, c'est que non seulement c'est lent, assez creux et très répétitif mais en plus de tout ça se fait en mode « tire-toi-une-balle ». Car oui, en plus de n'avoir rien à raconter, il faut que le film soit déprimant au possible. Personnellement, je ne sais pas où ils sont allés chercher celle qui double le petit canard, mais je mettrais ma main à couper qu'on l'a déniché à une réunion d'anciens suicidaires anonymes (Non mais franchement ! Regardez la bande-annonce, je ne mens pas !). Je suis d'ailleurs désolé de l'avouer mais, peut-être est-ce par réflexe de survie, je me suis marré tout le long du film tellement celui-ci se veut larmoyant et gros sabots du début jusqu'à la fin. Et en plus, histoire d'en rajouter en cliché sur le misérabilisme, il faut que ce film soit russe et fier de l'être ! J'entends par là que le réalisateur, Garri Bardine, n'a pas peur d'afficher tous les clichés qu'on peut avoir de la Russie soviétique et même présoviétique ! Et vas-y que je te claques des chants patriotiques dignes de l'armée rouge, des défilés au pas de l'oie (dans une basse-cour, c'est commode !), et du Tchaïkovski en prime ! Métaphore, parodie, ou clin d'œil nostalgique ? Je l’ignore ! De toute façon le résultat au final reste le même me concernant : la CONS-TER-NA-TION ! Alors autant je ne peux que vanter les mérites des films qui sont en dehors de la norme pour diversifier un petit peu l’offre, autant je concède largement préférer même le pire des Dreamworks face à ce genre de fiente indigeste. Oui, j'ai bien dit « fiente »... Cela peut paraître sévère à l'égard de pauvres petits Russes qui n'ont pas les moyens de faire des gros films à l'américaine, mais en définitive, si on prend bien le temps d'y regarder à deux fois, ce désastre qu'est "Le Vilain petit canard" n'a rien à voir avec l'argent. D'ailleurs, le simple fait d'avoir repris ce conte-ci, sans aucune réinterprétation aucune, est pour moi tout un symbole. Gerri Bardine a dû se dire : si le public se plaint de l’histoire, on se planquera derrière Andersen et Tchaïkovski ! Ces mecs là, ils sont inattaquables ! Ceci explique sûrement que le film se conclue dans la pire des précipitations, avec une vieille pirouette à la voix-off qui ascèse une morale finalement affreusement plate. Attention, celui qui est laid aujourd'hui sera peut-être beau demain. (je précise, c'est dit comme ça, textuellement.) Ouah ! Que c'est profond ! Mais bon, c'est Andersen qui le disait, donc ça ne peut être que profond et universel comme discours. Eh bien désolé Garri, ça ne marche pas comme ça ! Alors peut-être que des parents-bobos se toucheront en affligeant à leurs gosses ce film en se applaudissant des deux mains à Andersen et Tchaikovski, mais - en toute honnêteté - ayez pitié des enfants, et achetez leur plutôt le DVD de "Chicken Run"...