Un immense hommage à la course mondialement connue des 24 heures du Mans, mais pas un grand film dans un genre bien défini. Si comme moi on ne demande pas qu’un film soit catalogué ou impose son style, ‘Le Mans’ peut être tout de même qualifié de grand film dans le genre très restreint des films de course auto tant sa notoriété s’est accrue, ceci est en partie dû au charisme de Steve McQueen. Fervant admirateur du monde de la course automobile, Steve McQueen (qui joue magnifiquement Michael Delaney, pilote de la Porsche 917 n°20) s’est beaucoup investi dans ce film. En conséquence, l’ambiance est très immersive et autant le dire : le décor est planté. Les préparatifs, la remise en état du circuit, la foule, l’arrivée des pilotes, le stress et enfin le départ tant attendu, rien n’est oublié et ‘Le Mans’ donne une image totalement fidèle des conditions que l’on retrouve sur ce circuit mythique ! En revanche, et c’est cela qui dessert le plus le film, l’absence indéniable de scénario ainsi que l’objectif de la réalisation sont liées : donner une image fidèle et se porter uniquement sur la présentation pure et dure d’une course et des pilotes est le réel objet du film. En réalité, l’idée est claire, il y a eu rajout d’une histoire romancée entre Delaney et la veuve de son coéquipier ainsi qu’une réflexion sur la vie de pilote et la dangerosité du métier (beaucoup pensent arrêter un jour ou l’autre). Pour ne rien gâcher, le minimalisme des dialogues et leur faible nombre ne sont pas là pour rien ! Katzin est donc aux commandes mais la réalisation s’est avérée difficile à l’époque suite aux démissions de John Sturges et aux conditions difficiles pour le tournage du fait des assurances qui ne voulaient évidemment pas prendre le risque de faire tourner McQueen en plein dans le trafic du Mans. Malgré tous ces problèmes inévitables, la mise en scène est tout simplement géniale, inventive, originale et parfois risquée. D’apparence classique lors des préparatifs de la course, elle se réveille enfin 2 minutes avant le départ avec cette fameuse présentation (soit après déjà 25 minutes) si l’on excepte le tout premier plan de McQueen en Porsche 911 S, qui revient sur le circuit un an après la course (et son terrible accident avec Belgetti dont la veuve est présente en 1970 pour une nouvelle course, fait divulgé et engageant la question du traumatisme dès les premières minutes)… Démarrer par ce plan de Delaney de dos puis le révéler à la caméra avec une rotation de celle-ci et faire en sorte que l’intégralité de la course soit un flashback sont des originalités de mise en scène incroyables. N’oublions pas non plus que c’est la première fois ques caméras sont embarquées dans des voitures pour donner des images encore plus réalistes de la course ! Plus globalement, les prises de vue durant la course et qui s’étalent sur plus d’une heure sont exemplaires et d’autant plus quand on sait que Jacky Ickx ou Jean-Pierre Jabouille sont à l’œuvre. Les dernières minutes mettent la barre très haute au niveau du suspense et l’utilisation abusive de ces caméras embarquées y est pour beaucoup. Les accidents au ralenti et sans son sont superbement réalisés ! Quant au vieillissement du film, il reste toujours actuel et est le témoignage d’une époque révolue avec une sécurité dérisoire ‘il suffit de voir la hauteur des barrières dans la ligne droite des Haunedières !), des combinaisons bien légères, des stands aménagés à même pas 5mètres du passage des voitures… Les images sont assez nettes avec une bonne remasterisation et la bande sonore est très appréciable surtout pour les bruits de moteur. Bien entendu et comme son nom l’indique, ‘Le Mans’ est un hommage absolu en l’honneur des 24 heures du Mans. Pour le regarder, il faut avoir à l’esprit que c’est un film sur le monde de la course qui plaira forcément et en premier lieu à ceux qui aiment ce monde et plus largement celui de l’automobile en général.