Alex de la Iglesia signe encore un film très plaisant avec ce 800 balles, mélange de conte et de western, sur fond de comédie potache et de drame mêlés, un film particulier mais prenant.
Le casting voit la présence de quelques habitués du réalisateur, à l’instar de Carmen Maura, et il y a une solide galerie d’interprètes ibères, le tout emmené par un remarquable Sancho Gracia. Iglesia a parfaitement choisi ses interprètes, qui ont tous de vraies têtes d’acteurs de western, et qui en même temps rendent fort bien le côté râpé, dépassé, nostalgique de l’affaire. Le jeune acteur qui joue le fils de Carmen Maura est vraiment bon lui aussi, c’est à souligner. Jusque dans les seconds rôles 800 balles marques, et les personnages loufoques typiques du réalisateur ne le sont ni trop ni pas assez, un juste milieu agréable.
Le scénario bénéficie évidemment de l’originalité du propos. Faire se dérouler un film dans ce village western moderne était une idée excellente, et le résultat est outre mesure convaincant. En effet Iglesia ne choisit pas ce milieu au hasard, et il y fait se dérouler un drame comique et potache, jouant avec les tonalités et les genres comme un virtuose. C’est peut-être dans ce mélange des genres sont film le plus maitrisé que j’ai pu voir jusqu’alors. Dynamique, profond, léger, grave, parfois bien fou, 800 balles est un exercice remarquable, singulier et audacieux, à la fin impressionnante.
La forme est réussie elle aussi. Décors judicieux, ambiance western maitrisée, photographie soignée, Iglesia se fait manifestement très plaisir à rejouer les grands moments des westerns spaghettis tout en introduisant son style personnel, enlevé. Ce n’est pas juste un pastiche, c’est moderne, c’est frais, et c’est appliqué, avec quelques belles scènes d’action, et une bande son excellente.
Franchement 800 balles ne m’incitaient pas tellement par son titre, mais les autres belles découvertes du réalisateur m’ont incité à poursuivre encore dans sa filmographie, et c’est là une de ses pépites. Très beau film, qui pourra déconcerter par son mélange des genres, mais qui émeut et fait rire à la fois. C’est un film de virtuose, et Iglesia prouve encore une fois qu’il est un de ces grands réalisateurs hispaniques, méritant vraiment qu’on s’attarde sur son œuvre. 4.5.