Petit nouveau explusé dans le vaste monde du cinéma, Brad Bird, dés son premier film, s'impose sur tous les terrains. Outre le succès public assuré par la notoriété (méritée) du studio, il se forme un nom auprès des cinéphiles.
Pixar est réputée chez la critique principalement pour la profondeur du propos de ses films, le plus sosuvent humaniste, à l'impact universel. Brad Bird rompt avec cette facette du studio, en réalisant avec Les Indestructibles un dessin animé presque politique. Allégorie d'une Amérique du Nord qui, après un 11 septembre traumatisant, se rassure comme elle peut en se parant d'idoles, de figures exceptionnelles à l'éthique irréprochable (le fameux Chevalier Blanc de The Dark Knight) et qui incarnent le mieux possible les valeurs de la nation, le film se veut critique, et il l'est assurément.
Par le biais d'une noirceur jamais atteinte chez Pixar, et par l'intégration sociale et politique des "supers" dans la nation, Brad Bird montre du doigt la fragilité de cette protection qui, peinant pourtant à conciler protection du pays, respect de ses valeurs et soin de son image, s'avère finalement purement idéalisée par la société américaine (un super-héros, ça n'existe pas !). Encore une fois, il est possible de comparer cela au déclin du Chevalier Blanc dansThe Dark Knight.
Heureusement, à coté de ce pessimisme national se dresse une leur d'espoir : Bird, s'il a plus ou moins confiance en la grandeur à laquelle aspire son pays, porte une foi non-négligeable en l'être humain. Ces extraordinaires supers-héros, avant d'être des monuments quasi-historiques (des symboles, ceux que la nation se pare pour se rassurer !), sont des hommes, des êtres humains, et ça crève les yeux. Pourquoi est-ce si évident ? Ils ont une famille ! Et c'est la deuxième chose importante du film. En construisant ce rapport complexe entre le super-héroïsme et la famille, Bird fait éclater aux yeux du spectateur leur humanité, et dévoile alors ce qui, selon lui, est le propre de l'homme : la famille. "Vous êtes ma plus belle aventure", dit Bob Parr, alias Mr Indestructible. Et il a fichtrement raison. Ces supers sont les meilleurs, car ils ont une famille. Idéal typiquement américain que voila, mais superbe idéal, peronne n'en démordera.
Mais, malgré ce richissime contenu, Brad Bird n'oublie pas cette chose primordiale qu'est le plair du spectateur. A vrai dire, en tant que passionné de films d'action (l'influence de James Bond, plus encore que celle des comics, se fait sentir dans la deuxième moitié du film), il place sa mise en scène entièrement au service de séquences à l'ampleur visuelle proprement époustouflante, surpassant même la virtuosité pourtant seigneuriale de l'agilité de la caméra de Raimi (Spider Man), car profitant jusqu'au bout des possibilités qu'offre le support de l'image de synthèse (avec notemment une course poursuite dans la jungle incroyable, qui mérite de rester dans les annales).
D'ores et déjà, Le Indestructibles peuvent concourir au statut de futur classique, en jouant, et en gagnant, sur tous les terrains.