Eniéme chef d'oeuvre des studios pixar qui font appel au réalisateur convoité du "Géant de fer", "Les indestructibles" ne déroge à aucune régle, malgré son propos autrement différent. Ainsi, on retrouve une panoplie de personnages tous aussi variés les uns que les autres, avec leur noirceur, leurs regrets, leurs ambitions personnelles, leurs déboires, mis dans un contexte relationnel familial et qui occupe une majeure partie du long métrage. Aussi, on nous propose une lecture savoureuse, à mi chemin entre les grandes fresques de Sam Raimi et la puissance de Watchmen, en faisant évoluer des héros coupés du monde suite à l'intervention gouvernementale, qui doivent rester masqués, mais en tant qu'humains. Nul doute que Pixar tente avec brio cette immersion spéctaculaire où l'on a enfin nos protagonistes adultes, sans monstres, poissons, fourmis, jouets, bref totalement réalistes. Chacun trouve sa part, de Bob Parr (allias Mr. Indestructible) qui vit dans le passé et en oublie posément les valeurs de la famille en cherchant l'aventure, malgré les tentatives désespérées de sa femme Helene (allias Elastigirl) qui, elle, devenue mére au foyer s'efforce de vivre avec son temps. Ayant donné naissance à deux enfants tout aussi spéciaux, Violette qui complexe de son pouvoir d'invisibilité en paraissant totalement associable, et Fléche qui, lui, est en quête d'experiences en tous genres. Au coeur de cette famille, on retrouve Lucius (allias Frozone) qui officie comme l'ami fidéle, loyal, sorte de parrain attentionné qui s'assure de la cohésion de cette famille tout en étant lui même attiré par l'idée de revivre l'ancienne époque, où chacun d'entre eux était acclamé, idolâtré. A l'image du petit Buddy (allias Indestructiboy), enfant fanatique prêt à tout pour se forger une identité de super-héros aux cotés de son idole. L'animation est magnifique, transcendant une grande partie des films d'animation antérieurs. De plus, alimentée par une intrigue digne des plus grandes épopées, on nous captive et nous immerge totalement dans cette fulgurante aventure. Tout s'imbrique, chaque réplique a un sens, chaque action est pourvue d'objectifs, chaque périple ne cesse de conquérir notre regard ébahi. De l'action, de la témérité, de la poésie, une morale cinglante, une musique decapante (Michael Giacchino rend hommage à ces héros en livrant une bande originale soignée et survoltée), des graphismes fabuleux, des personnages charismatiques. Aucune ombre ne vient noircir ce tableau impeccable. Sur la forme, ce voyage est une pure bénédiction pour tous les cinéphiles amateurs de comics adaptés. Sur le fond, il s'agit tout bonnement d'une lecture mature et intelligente de la véritable place des "supers" dans un monde en proie à l'auto déstruction. Trés grand moment de cinéma, monument de l'animation, "Les indestructibles" s'avére une réussite incontestable. S'il n'égale pas l'intensité de "Monstres et cie" faute d'émotions percutantes, il a le mérite d'aborder sous un oeil ludique les déboires d'une famille unie qui sera confrontée à tous les affres d'un couple ordinaire, de parents érrintés par une éducation plus complexe, mais trouvera le salut grâce aux traditionnelles valeurs qui sont développées avec force et conviction tout au long du métrage.