Il faudra des arguments solides aux défenseurs de la VF pour la justifier sur ce film ! Il est d'ailleurs étonnant qu'il ne soit que norvégien, car bien qu'il fût tourné en Norvège par un Norvégien, il se fait fort de deux acteurs suédois et met entièrement en scène les confrontations pacifiques mais piquantes qui se font verbalement entre les deux pays. Et chaque personnage parle sa langue propre, sans faute ; ou plutôt, avec des fautes l'un pour l'autre. Une guéguerre linguistique se joue, une sorte de match culturel qui se termine par un score nul et vierge : Ø-Ö.
Deux adjectifs qu'on ne peut absolument pas appliquer au film, au demeurant : qu'importe si les antagonistes sont en train de snakker norvégien ou de talar suédois, c'est une histoire pleine d'empathie qui s'enroule autour d'un principe simple et un peu bête. Oui, voilà un couple d'adjectifs justifiés : une amitié attendue, des liens qui se font certes l'air de rien mais sans non plus étonner, et ce fond très étrange voulant que les personnages se rejoignent à l'aune d'une étude sur le déplacement des célibataires norvégiens dans leur cuisine. Je ne déraille pas, mais bon : la folie ne fait pas tout un défaut ou toute la qualité.
Il faut faire attention à la lecture tant elle se base sur des effluves discrètes : l'amitié, la jalousie, la rancune sont là, mais si évanescentes que les nommer est indélicat. Je m'excuse de les forcer à s'ouvrir dans un commentaire qui n'a aucune chance d'en surpasser la poésie.
Ben oui, nous voilà dans l'humour norvégien..et ce n'est pas rien ! L'idée du scénario est astucieuse: observer les déplacements d'un célibataire dans une cuisine; mais on peut être pris à contre-pied car, la personne observée modifie son comportement et au bout du compte: Qui observe qui ?
Un film construit avec une précision d'horloger, oscillant entre Tati et Kaurismaki. Drôle et beau, mais surtout profondément humain ; dans le démontage de la recherche d'efficacité et de mécanique dans chaque fragment de vie, mais aussi dans les relations et sentiments qui se dévoilent pour mieux nous concerner. Un joli cadeau.
Bent Hamer continue à étonner avec ce nouvel opus où l'on retrouve tous les ingrédients habituels : caméra statique, dialogues sporadiques et peu de musique. Pour autant son style minimaliste en séduira plus d'un, car on trouve du Tati ou du Iosseliani chez ce cinéaste. L'humour est toujours présent et surprise! l'émotion aussi. L'amitié est le sujet principal d'un film qui fleurte constamment avec l'absurde (voir l'extraordinaire scène de la radio où un personnage reçoit la radio rien qu'en touchant son radiateur). Les amateurs d'OVNI cinématographiques apprécieront. Laissez-vous tenter par l'originalité et la finesse de ce petit bijou.
Ami(e)s de l'humour scandinave pince-sans-rire et absurde, ne manquez pas cette fable humaniste extrêmement drôle et tendre... Vous ne passerez pas à côté de quelques longueurs mais aurez bien rit... Une des meilleures surprises cinématographiques scandinaves de ces dix dernières années, à déguster sans modération...
Scénario original et piquant la curiosité, voici un excellent terreau pour des scènes cocasses épicées à l’humour très nordique. Si l’épilogue est sans réelle surprise, il nous faut reconnaître que la reconstitution des années 50 est précise et très soignée (voitures, caravanes, habits, intérieurs). Quelques réflexions caustiques à destination des voisins suédois et finlandais viennent agrémenter cette comédie sans prétention mais très distrayante et très originale sur l’éternel désir humain d’échapper aux classifications.
Kitchen Stories ne tient malheureusement pas toutes les promesses de son scénario, original et insolite. Si la mise en place de l'intrigue est amusante (comique de situation, minimalisme cocasse ou absurde...), le réalisateur ne parvient pas vraiment à embrayer, à développer son inventivité et à dépasser l'aspect gentiment décalé. Le film sombre dans un faux rythme vaguement ennuyeux et reste anecdotique, malgré une fin assez touchante.
Pas mal d'humour à froid, limite incompréhensible pour nos esprits habitués à la vitesse du verbe médiatique francophone. Mais quelque chose de sensible qui nous fait croire à cette histoire de solitudes croisées et glacées. On a du mal à entrer dans un film qui parle de choses si désuètes (très bien reconstituées, à part le volant fatigué de la berline du chef). Qui plus est, avec une impression de monochromie, mais le nombre d'anecdotes, l'invraisemblance autant que la véracité de l'action font que l'on passe un très bon moment. Bien filmé, mais attention, c'est quand même très lent, et il n'y a qu'une seule musique.
Voilà une comédie très humaine, intelligente et émouvante (les deux acteurs principaux sont merveilleux) où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Un très beau cadeau de fin d'année!
De l'absurdité d'expériences humaines à une amitié qui se noue, ce film a le mérite de soulever de nombreuses questions sur la société et sur nous-même. A la fois absurde, grave et triste, simplement réalisé. Un bon film.
Tout en finesse, jamais surjoué, ce film est très attachant et d'un humour tout en subtilité. J'ai passé un moment pas commun du tout et très agréable.
En partant d'une situation totalement surréaliste, Kitchen Stories porte un regard juste et plein de tendresse sur la rencontre de 2 hommes seuls plus que solitaires. L'humour est omniprésent et, même si je n'ai pas éclaté de rire (hormis pour le passage de la tapette à souris) j'ai eu le sourire coincé aux oreilles tout le long du film. Bref, un bon vrai moment de cinéma comme je les aime!
A force de vouloir tout rationaliser, on crée un univers complètement absurde. C'est la leçon que donne Bent Hamer dans ce qui est un de ses chefs d’œuvre. Kitchen Stories met en scène un Suédois observateur - comme en temps de guerre - et un célibataire norvégien qui refuse de se prêter au jeu. Le résultat est une comédie de cuisine en demi-teintes sur les amitiés surprenantes.
Le sujet peut laisser supposer que ce film ne sadresse quaux insomniaques. Ou bien que c'est l'autobiographie d'un ancien vendeur de cuisine intégrée ... Et bien non. Rien de tout cela. Il s'agit juste d'une idée farfelue, qu'un norvégien s'est amusé à mettre sur pellicule : envoyer chez des vieux célibataires endurcis du fin fond de la Norvège des observateurs, qui prendront place dans la cuisine et noteront déplacements et habitudes de chacun, sans nouer quelque contact que ce soit. Tout ça ne semble effectivement pas très engageant. Cependant, Bent Hamer réalise cela d'une remarquable manière : intimiste mais pudique. Les acteurs sont quant à eux hallucinants (d'ailleurs, sont-ils réellement acteurs ?). Leur jeu est juste, sobre et touchant et on prend vraiment plaisir à suivre l'évolution de leurs relations. Cela n'a cependant rien d'une quelconque émission de télé-réalité ou d'un quelconque documentaire voyeuriste. Il n'y a rien non plus de condescendant ou de moralisateur ... il s'agit juste d'une histoire humaine, faite pour le simple plaisir d'être vue.