Le VRAI problème, c'est que les personnes les plus concernées ne verront pas ce film.
Si une seule des lycéennes voilées qui fleurissent ces derniers temps en France voyaient ce pamphlet
anti-barbare, le retour en arrière religieux qui salit les droits de la femme occidentale (et ses combats) ne serait déjà plus qu'un souvenir.
La scène de l'assassinat par lapidation d'une religieuse française est simplement suggérée, mais elle est pire que la scène de viol dans "Irréversible", et aucune fille voilée ne voudrait plus jamais entendre parler de charia en voyant ça.
Ce film est le condensé de toutes les souffrances que l'on peut infliger à la femme, dans le reniement de son égalité, de son identité même, de son droit à exister en tant qu'être humain.
Bref de tout ce que la plupart des religions lui ont fait subir depuis 2000 ans.
Les talibans, en purs et durs de la doctrine, ne font que révéler ce que rêvent en secret tous les mâles qui ont tant de mal à montrer leur supériorité autrement qu'avec une Kalachnikov, un compte en banque ou un dogme.
Le fait que la pauvreté soit la seule chose qui se répande quand toutes les valeurs de dynamisme et d'inventivité intellectuelle sont bafouées, et que son corollaire, la corruption, soient si présentes, aggrave l'horreur d'être une femme dans un pareil pays.
Le film est (vu les budgets et les conditions de tournage) très bien fichu. Il y a des idées de mise en scène et de caméra qui sont parfois proche de l'art et essai, parfois d'un film indien un peu naïf, mais l'émotion est toujours présente.
Le scénario est plus que parfait, même s'il s'agit d'une histoire vraie.
Et les acteurs, surtout les enfants, sont étonnants de naturel, sans trace d'amateurisme.
La caméra est très éclectique et nous envoie dans des atmosphères surréalistes, comme la scène dans les rues en pisé.
Contrairement aux films iraniens comme "A 5 heures de l'après-midi", l'ellipse est plus crue et poétique
qu'ambiguë et intellectuelle, ce qui fait qu'elle cogne là où la mentalité occidentale ressent les choses. Et ce n'est pas là la moindre de ses qualités pour un film d'un pays si lointain.
Un film qui aurait pu être intitulé "l'invasion des barbares, le retour", tellement le sujet est hélas d'actualité jusque dans nos banlieues. En effet, l'on m'a déjà raconté la présence de deux Tchadri (Burkha) en Seine Saint Denis depuis 1 an !
Un film horrible en ce qu'il montre ce qu'aucun Français n'aurait cru possible après 300 ans d'évolution
post-religieuse.
Allez-le voir, ne serait ce que pour donner du baume au cour des réalisateurs, dont le courage de tourner là bas doit être récompensé.