Les Heures du jour a été présenté en 2003 au Festival de Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. Il a reçu le prix FIPRESCI de la presse cinématographique pour cette section "pour son utilisation très subtile de l'expression cinématographique pour observer le comportement d'un homme médiocre dont la seule spécificité est de tuer".
"En 1998, j'avais écrit un court-métrage sur un homme qui assassinait un chauffeur de taxi et fuyait avec une prostituée dans sa voiture. L'idée était de créer du suspense autour de la tension que provoquait chez le spectateur le fait de savoir que la prostituée était dans un taxi avec un assassin. Ensuite, j'ai pensé : et que va-t-il se passer après ? Je me suis dit que derrière tout ça, il pourrait y avoir un long-métrage", explique Jaime Rosales.
Dans un article du Times, des experts analysaient le parcours de plusieurs tueurs en série, et en concluaient qu'ils étaient, dans la majorité, des personnes "normales". C'est en lisant cet article que Jaime Rosales et son coscénariste Enric Rufas ont eu envie de modifier leur script, et d'explorer ce thème de la normalité. "Ce n'était plus le suspense qui me motivait mais créer un portrait hyper réaliste qui laisse une porte ouverte à l'interprétation", précise le cinéaste.
Le réalisateur Jaime Rosales et le producteur Maria José Diez se sont connus à l'Ecole Internationale de Cinéma de San Antonio de los Banos (La Havane). Avec José Maria de Orbe, le producteur associé du film, ils ont créé en 2000 à Barcelone Fresdeval films, une petite agence de productions dévolue au cinéma d'auteur. Les Heures du jour est le premier film de Rosales, coproduit par cette structure.
Jaime Rosales revient sur les cinéastes dont il se sent proche : "(...) j'admire profondément le néoréalisme italien. C'est une référence essentielle pour moi. D'un autre côté, tout ce qu'il y a autour de la Nouvelle Vague m'intéresse beaucoup, Godard notamment. Il se demande ce qu'est le cinéma tout en faisant du cinéma. Il a ouvert un chemin de recherche sur ce que doit être le cinéma moderne. "
Le réalisateur justifie ses choix esthétiques concernant les scènes de meurtre : "Nous essayons de montrer les assassinats en gardant le ton du reste du film. Sans faire d'emphase sur la violence ou la mise en scène. Quand j'ai pensé à Abel, je n'ai pas pensé à un assassin droit et impeccable. J'ai pensé : tuer quelqu'un doit être très difficile (...) C'est ce que l'on voit dans les documentaires du monde animal : même un lion a du mal à tuer un cerf. C'est comme ça que j'ai analysé les assassinats ; avec du naturel, comme j'imagine que les choses arrivent dans la réalité hors des codes auxquels le cinéma nous habitue."
On n'entend aucune musique dans Les Heures du jour. Jaime Rosales s'explique : " Au-delà des exigences du réalisme, moi, je n'utilise pas de musique parce que je ne crois pas que la musique soit une partie intrinsèque du langage cinématographique. A moins qu'il n'y ait de la musique dans un bar, par exemple, je crois que ça sonne faux. J'ai l'impression que son utilisation est une carence de la mise en scène. C'est une ressoucre qui va souligner les émotions du spectateur. Et moi, je ne veux rien souligner du tout."