Cinéaste portugais méconnu du grand public, Joao César Monteiro, qui s'est éteint en 2003 peu de temps après la sortie de son dernier et magnifique film, " Va et Vient ", restera à coup sûr comme l'un des artistes majeurs du 20ème siècle, ni plus ni moins.
Aussi discret que brillamment intelligent, le petit bonhomme sera parvenu à créer une oeuvre monolithique, sans précédent dans l'histoire du cinéma, exigeante comme du Bresson, inventive et ludique comme du Tati, perverse et mystique comme du Pasolini...
Un film qui, depuis que nous l'avons vu en salle, a forcément pris des allures testamentaires, étant donné la triste annonce du décès du cinéaste. Un film que nous revoyons, forcément, différemment. Mais un film toujours aussi beau, étrange, dérangeant tout en étant indolent.
Variation autour des thèmes abordés dans la trilogie " Jean de Dieu ", plus léger et flottant, le dernier opus de Monteiro, où celui-ci, encore protagoniste de son film, s'appelle cette fois Joao Vuvu, est une magnifique balade dans un Lisbonne endormi et une flânerie dans le cerveau de son auteur.
Entre d'aussi désopilants qu'interminables trajets de bus, toujours aussi attiré par différentes perversions sexuelles, dont les poils pubiens féminins (voir ici l'hilarante séquence de la femme à barbe), Monteiro nous livre le fond de son âme, mais l'air de rien. C'est un film qui se vit, qui se sent, qui se ressent...
Son dernier plan, l'un des plus beaux de l'histoire du cinéma moderne, est un très gros plan fixe sur l'oeil de l'auteur. Une fenêtre ouverte sur le monde, sur son monde, que nous n'avons pas fini de redécouvrir et qui n'a pas fini de nous enchanter.