Il a été un temps où Michael Moore se contentait de parler de sa petite ville de Flint, Michigan et comment elle se faisait malmener par les grosses corporations. Depuis, Michael Moore a grandi et s’attaque à plus gros.
En effet, il s’attaque au Président des Etats-Unis (rien que ça), avec un film totalement dressé contre George W. Bush, qui en prend plein la tronche dès les premières minutes du film. Fahrenheit 9/11 commence plutôt mal, à la manière d’un clash de Rap Contenders avec une série de cheap shots à la limite du ridicule envers un George W. Bush qui passerait presque pour une victime tant il est épié de tous les côtés. Cependant, comme Michael Moore est bien plus intelligent que ça, ce n’était que pour préparer le plat de résistance, qui détonne totalement avec cette première demi-heure, en lui donnant plus de sens, telle une véritable montée en puissance avant l’acmé du film et de l’œuvre de Moore jusque-là : en s’attachant à Lila Lipscomb, travailleuse de Flint (tiens, tiens !) qui a perdu son fils en Irak, dans une guerre à laquelle elle ne croit pas, mais qui ne perd jamais espoir en son pays, même quand son gouvernement la trompe de manière éhontée, il parvient à créer une universalité à son propos alors que c’est quand même très américain : Lila Lipscomb sort son drapeau américain et l’accroche à sa porte en faisant attention à ce qu’il ne touche pas le sol car elle est fière de son pays, tout en sachant qu’il se trompe en ce moment. Voilà une chose particulièrement intéressante. Et c’est là que Fahrenheit 9/11 atteint sa pleine mesure : Michael Moore et les petites gens. Et pourtant, il réussit une dernière séquence fantastique où il demande au Congrès de mettre leurs fils dans l’armée.
Fahrenheit 9/11 est le digne héritier de Bowling For Columbine, un film parfois drôle mais profondément humain et triste à en pleurer, tout en ayant foi en l’humanité. C’est beau, parfois un peu biaisé (beaucoup ici), mais en termes de cinéma, c’est parfait. Palme d’Or méritée.