Ce film est le dernier du réalisateur qui mourut en 1990.
Avec ce documentaire, il a le temps de signer une dernière collaboration avec le compositeur Vangelis (Les Chariots de feu-1981, Blade runner -1982, Alexandre-2003), pourtant très fructueuse. Les deux artistes se rejoignaient dans leur volonté de dépeindre, aussi bien ce que la vie pouvait apporter de beau : Pablo Picasso, peintre (1979), Georges Braque ou le Temps different(1974), que ce qu'elle avait d'horrible : De De Nuremberg à Nuremberg (1989).
Aujourd'hui le film de Frédéric Rossif est considéré comme un film de référence sur la seconde guerre mondiale. Il est d'ailleurs étudié dans les collèges et les lycées. Pourtant en 1987, lorsque le réalisateur le proposa à la chaîne Antenne 2, celle-ci attendit deux ans avant de le diffuser. Dans un premier temps, elle affirma vouloir respecter une nécessaire neutralité lors des élections présidentielles. Ce documentaire était, d'après elle, susceptible de diviser la France. Mais une fois les éléctions passées et ne trouvant plus d'autres justifications, elle avoua alors que le théme du nazisme n'était plus à la mode.
Frédéric Rossif remonte à la genèse du fascisme et le tableau qu'il dresse de cette première moitié du vingtième siècle et à la fois lucide et effrayant. Ce bilan permet d'apporter des éléments de réponse sur cette abération qui a poussé tout un peuple à vouer un culte, et à suivre un dictateur tel qu'Hitler, dans sa folie. "J'ai conçu ce film pour réveiller les mémoires", affirme le réalisateur.
Frédéric Rossif est un grand spécialiste du montage d'archives. Il avait déjà utilisé ce procédé pour Le Temps du ghetto (1961) et Mourir a Madrid (1963). Ce choix esthétique met en avant une volonté d'objectivité de la part du réalisateur. Son but n'est pas de porter un jugement sur ce qu'il montre, ou encore d'accabler le spectateur, mais de rendre intelligible des faits historiques. Pour appuyer son travail il a notamment fait appel à des historiens réputés tels que Philippe Meyer, Edouard Huson, Marc Ferro, ou encore Annette Wievorka.
Dans le même ordre d'idée, Frédéric Rossif préfére demander à Philippe Meyer de faire la voix off, plutôt que de demander à un comédien, de peur qu'il ne joue le texte.