Très bon film, la vie, la mort, Dieu, les questionnements, des thèmes qui parlent à tous. Pour demander un mode d'emploi (cf autre critique), il faut manquer de quelque chose...
Premier opus, premier commandement: Le petit Pavel est tiraillé entre le rationnalisme et le pragmatisme sans faille de son père, informaticien, et la foi en la religion catholique de sa tante. Suite à la mort de Pavel, toute la théorie rationnaliste du père est remise en question, la vie ne tient pas à un calcul mathématique... L'ordinateur s'est allumé sans raison et reflète à travers tout l'appartement la lumière verte de son écran, couleur de l'espoir: mais où est l'espoir? La scène finale dans l'église en construction est d'anthologie... Chef d'oeuvre
Déca 1 Superbe réflexion sur la mort et le sens de la vie avec ce jeune garçon très beau avec son regard mélancolique et le père qui l'élève seul faisant de lui un enfant vif et indépendant. Tragique et sublime par la musique également.
Deca 2 Un choix terrible auquel est confronté ce docteur: préférer voir mourir son patient pour sauver l'honneur de cette femme. Sobre et une fin très forte.
Le Décalogue 1 : Un seul Dieu tu adoreras Le Décalogue est une suite de dix films inspirés du Décalogue de la Bible et mis en scène par le réalisateur polonais Krzysztof Kieślowski. D’après Stanley Kubrick, ce sont les seuls films qui peuvent prétendre au titre de chef d’œuvre. Le premier épisode est certainement le plus poignant de la saga. Un seul Dieu tu adoreras nous montre comment l’informatique prend une place importante chez l’être humain, au point de lui accorder une confiance aveugle, au point de le vénérer et de lui accorder sa foi. Un père de famille veuf est un linguiste qui ne croit pas à la vie de l’âme après la mort, contrairement à sa sœur qui l’aide à élever son fils et qui souhaite l’inscrire au catéchisme. Ce petit se passionne pour son ordinateur et les mathématiques. Père et fils ont totalement adhéré aux méthodes de calculs de l’ordinateur. Ils vont alors évaluer la surface gelée du lac à proximité et en conclure que l’enfant peut s’y promener sans problème. La fin sera on se doute, dramatique. 9/10
Le Décalogue 2 : Tu ne commettras point de parjure Le Décalogue est une suite de dix films inspirés du Décalogue de la Bible et mis en scène par le réalisateur polonais Krzysztof Kieślowski. D’après Stanley Kubrick, ce sont les seuls films qui peuvent prétendre au titre de chef d’œuvre. Ce deuxième épisode présente une femme enceinte au chevet de son mari dans le coma. Elle demande conseil à son médecin car elle ne sait pas si elle doit le garder car le père est un autre homme. L’émotion de Tu ne commettras point de parjure tient surtout dans les regards et gestes plutôt que dans les mots que pourraient dire les protagonistes. Le moyen-métrage oppose la sagesse d’un homme à la dramaturgie d’une femme. Pourtant l’un ne peut aller sans l’autre puisqu’en dépendent la vie d’un enfant, mais également le destin de deux hommes, le mari et le père. 7/10
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Allocine a décidé de diviser en dix l'oeuvre "Le décalogue" de Krzysztof Kieslowski. Je me propose donc de respecter ce découpage en faisant une critique pour chaque partie et de conclure, sur la dixième partie, avec une critique de l'ensemble. Car le décalogue ce n'est pas que dix parties détachées, c'est aussi une unité qu'il faut pouvoir saisir dans sa globalité. Le premier chapitre du décalogue est l'un de ceux qui m'a le plus plu. Ca commence doucement, on entre comme si Kieslowksi nous berçait un peu et ça monte en puissane jusqu'à la fin qui est visuellement assez incroyable. On voit que Kieslowski était un mec qui essayait des choses. Rien que son projet le montre. Ce premier volet sert aussi d'introduction, on voit un peu où il va nous emmener avec son pari, on y entend les premières compositions de Preisner pour le décalogue... J'aime bien la façon dont Kieslowksi aborde le commandement du premier décalogue en le restituant dans une version modernisée, tout en gardant une certaine cohérence. Car le risque aurait été de se servir des commandements comme prétexte juste à réaliser dix films plus ou moins liés. Là on sent un soucis de se poser des questions et ça rassure un peu sur la suite de l'oeuvre.
En 1988, le réalisateur polonais Krzysztof Kieślowski décide de tourner une série de dix téléfilms avec pour thématique principale les Dix Commandements. Il s'agit de films tournés pour la télévision, et donc sans grande recherche d'esthétique et avec une image peu travaillée, pour renforcer l'intérêt du jeu des acteurs et la tonalité profondément dramatique qui découle de ce réalisme (réalisme contestable, mais qui fonctionne dans le cas de Bergman comme dans celui de Kieślowski : nul besoin d'un budget pharaonique pour réaliser d'excellents films). Fidèle à la parole biblique, Kieślowski commence par traiter le premier commandement : Un seul Dieu tu adoreras. L'histoire est celle d'un jeune garçon élevé par son père, spécialiste en informatique, et sa tante, croyante pratiquante, qui meurt noyé dans de tragique conditions. Où est donc le rapport ? C'est très certainement au spectateur de trancher, mais peut-être s'agit-il du châtiment réservé aux adorateurs d'autres idoles. L'informatique et plus généralement l'intelligence (fameuse scène des échecs) paraît ennemie de la foi et de la religion, ou encore chez l'enfant une adoration pour son père tout puissant (thèse freudienne dans L'Avenir d'une illusion), ce même père qui se révèlera plein de faiblesses (il a involontairement causé la mort de son fils). Il s'ensuit chez le père une colère terrible qui le détache à jamais de la religion. Puissant et quasiment métaphysique, ce premier volet est une très bonne introduction.
Premier des dix épisodes qui composent le Décalogue du cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski, "Un seul dieu tu adoreras" est certainement celui qui est le plus cérébral et aussi le plus mystique. L'ensemble laisse une grande part d'interprétation au spectateur. Celle qui paraît la plus simple est l'opposition entre la Religion et la Technologie. D'ailleurs on pourrait penser que le réalisateur se montre un peu trop en faveur de la première si la pénultième scène ne venait pas contredire et intelligemment complexifier cela, et si la toute dernière ne venait à dire qu'il y aurait peut-être un troisième type de dieu. En tous les cas, c'est comme cela que je l'ai compris. La mienne ne vaut certainement pas une gamelle de riz trop cuit et il y a sûrement 12 000 interprétations plus profondes et plausibles que celle-là mais je la prends quand même. Pour c'est clairement un des trois meilleurs épisodes des dix.
La première partie du DECALOGUE, un exercice de style ambitieux et sans précédent, est une petite réussite, qui ne laisse qu’une envie : celle de se plonger dans la partie suivante ! Un jeu d’acteurs d’une grande sensibilité, qui insuffle à la dimension dramatique de l’œuvre toute l’émotion qu’elle fait ressentir chez son spectateur.
D’emblée, par le deuil d’un homme assis dans la neige pleurant la mort de son chien, et dans les questions philosophiques et métaphysiques que le petit Pavel pose à son père, Kieslowski nous fait comprendre qu’il aborde des questions fondamentales. Il ne s’agit en effet pas moins que d’une confrontation entre la science et la foi, représentées par le père et la tante, des limites de la première et -peut-être- de l’insuffisance de l’autre. Pour le fils, le Dieu adoré en lieu et place du Tout-Puissant est le père. Pour le père, c’est la science et le pouvoir qu’elle donne sur la nature et notre environnement. Le support d’un tel propos est une histoire simple, magnifiquement narrée. La forme du film est en adéquation avec le fond ; la construction est parfaite, sans effets superflus, tous les plans et séquences sont mesurés, signifiants, importants. « Un seul Dieu tu adoreras » n’est pas un commandement auquel Kieslowski souscrit, mais c’est un film puissant, dense, palpitant. Un chef d’œuvre.
C'est le premier d'une série de dix moyens-métrages ayant pour thèmes les commandements de la Bible. Une série de dix histoires inspirées de faits divers, dont les connotations symboliques ou métaphoriques, liées de façon plus ou moins évidente aux préceptes religieux, n'ont absolument rien à voir avec un prosélytisme catholique. Kieslowski, cinéaste agnostique, semble saisir ces commandements comme les fondements d'une civilisation et en faire les vecteurs d'une réflexion morale contemporaine, qui dépasse le cadre religieux pour s'inscrire dans une perspective plus large, disons humaniste. Cette réflexion morale, qui offre généralement au spectateur de multiples pistes d'interprétation, a le mérite de ne jamais partir dans des considérations philosophiques éthérées, de toujours s'enraciner dans l'humain, dans la vie. Kieslowski s'intéresse aux hommes ordinaires, aux objets du quotidien, qu'il sonde avec intensité via des gros plans, qu'il associe via un montage aussi précis que mystérieux. Tout cela est capté dans un style réaliste, parfois abrupt, très différent du travail formel plus coloré dont témoigneront des films ultérieurs comme La Double Vie de Véronique ou la trilogie des Trois Couleurs. Ici, on navigue donc entre une certaine tradition du cinéma polonais à fort ancrage sociopolitique (le cinéaste a fait ses armes dans le documentaire et la fiction "engagés"), une rigueur bressonienne et une profondeur bergmanienne. Pour ce premier opus du Décalogue, Un seul dieu tu adoreras, Kieslowski structure son récit sur une opposition qui apparaît d'abord un peu schématique et démonstrative : d'un côté, le rationalisme et le pragmatisme du père, qui ne jure que par la logique et le calcul ; de l'autre, la foi catholique, la ferveur de la tante. Ce sont deux certitudes, deux croyances qui tiraillent un gamin déjà en proie à un début de questionnement métaphysique. Deux croyances, deux certitudes qui vont être mises à mal par un événement tragique, générant un sentiment d'injustice, un doute et une colère paradoxale, le père finissant par s'en prendre à un dieu auquel il n'est pas censé croire... Le cinéaste sonde ainsi intelligemment et douloureusement, de façon plus complexe qu'il n'y paraissait au début, les rapports ambigus entre l'humain et le divin, la raison et la foi, en termes de savoir, de pouvoir, de justice. Il montre les limites humaines et aussi (peut-être) l'impasse d'une croyance unique, quelle qu'elle soit : un rationalisme sans conscience du mystère ou du hasard ; un mysticisme sans réserve rationnelle. Le film pourrait donc s'entendre moins comme une illustration littérale du premier commandement (et du titre) que comme son antithèse.
Œuvre que j’ai regardé par hasard, je ne connaissais Krzysztof Kieslowski vaguement de nom mais pas son œuvre, et sincèrement nous sommes en présence d’un très grand réalisateur qui maîtrise parfaitement son sujet, ici, toute la complexité de la science face à la religion est mise en scène de manière remarquable. Il évoque la fragilité de la croyance dans un monde toujours plus « rationaliste » où la modernité et la science ne laisse plus de doute au mystère. Enfin c’est un sujet philosophique que Freud expliquerait mieux que moi… A noter que le jeu d’acteur du jeune qui incarne le p’tit Pavel est remarquable. Bref à voir si l’on veut mourir un peu moins bête.
Dans ce premier moyen-métrage du gigantesque Décalogue, Krzysztof Kieslowski nous offre une vision douce, poétique et affreusement tragique des idoles. Un plateau d'acteurs extraordinaires, mention spéciale à Wojciech Klata, qui est vraiment magistral de sincérité et de justesse. Une expérience à vivre.