Drole de polar signé que celui signé ici par Jacques Deray. D'abord par son scénario certes toujours efficace mais qui souffre tout de même de droles de choses (on apprend en effet qu'à Los Angeles que tout le monde parle français sans accent aucun), ou même le ton donné à l'ensemble, parfois insolite, curieux, soutenu qui plus est par une musique de Michel Legrand pas franchement dans le ton de l'ensemble. Pourtant, il est vrai que se dégage un certain impact de l'ensemble, que ce soit dans la sobriété et la classe de l'interprétation (Jean-Louis Trintignant y est excellent) que dans la manière ou Deray a filmé Los Angeles, notamment la nuit, permettant au film d'avoir à quelques reprises ce coté légèrement crépusculaire, bienvenu dans n'importe quel polar. Sans être donc le digne héritier de Melville, Deray signe ici un polar inégal, put-être un peu décevant, mais pas inintéressant pour autant.
Je l'ai visionné par hasard, une nuit. C'est un film que l'on ne peut regarder que seul, tellement l'on est entraîné dans cette chasse à l'homme, à travers Los Angeles, derrière le fugitif, solitaire et traqué, magistralement interprété par Jean-Louis Trintignant. On apprend à observer les moindres petits détails, à apprécier les plans remarquablement superviser et à apprecier la beauté de Ann-Margret. Mysterieux, mystique, charismatique, Trintignant se la joue tel McQueen dans Bullit, mais ce rôle lui va tellement admirablement. Jacques Deray nous livre un policier au suspens hâletant, malgrès une fin, dont le dénouement nous conduisant trop rapidement vers une faim, nous laissant sur notre appétit. A acheter et à conserver.