Une Vie à t'attendre : les secrets du tournage

"J'ai toujours été fasciné, dans la vie et plus encore au cinéma, par le récit de ces amours que le destin a contrariées, par ces hommes et ces femmes qui, plutôt que de s'aimer, se ratent pour ne plus jamais s'oublier. Il n'y a rien de plus émouvant et de plus terrible, parce qu'on est tous, à un moment donné de notre existence, confrontés aux retrouvailles avec un être cher à qui on ne peut pas mentir sur ce qu'on rêvait de devenir, et encore moins sur ce qu'on est devenu. Un messager qui est comme le miroir du temps qui passe, de nos aspirations d'hier et de nos ambitions amoureuses et sociales déçues."

Une vie à t'attendre est le premier long-métrage réalisé par Thierry Klifa, qui fut pendant plus de dix ans journaliste à Studio Magazine. Avant lui, d'autres rédacteurs de ce mensuel dédié au 7e art sont devenus metteurs en scène. Denis Parent réalise ainsi en 2002 Rien que du bonheur, dont le héros était justement un critique de cinéma. Par ailleurs, Marc Esposito, qui est déjà l'auteur en 1992 d'un documentaire sur Patrick Dewaere, signe en 2003 Le Coeur des hommes. La même année, un autre journaliste de Studio, Laurent Tirard, passe de la théorie à la pratique en tournant Un autre que moi, avec Marie-Josée Croze et Edouard Baer.

Le comédien revient sur son role dans le film : "Je ne voulais pas être dans la séduction. J'aime avoir quelques kilos en plus dans ce film, ça va bien à Alex. Je pensais que sa fragilité serait d'autant plus touchante s'il donnait une impression rassurante de solidité. J'aime ce personnage qui peut être violent, plus dur, plus inattendu, avec même certains aspects pas très flatteurs. Je ne savais pas comment j'allais réagir dans la sène où je gifle violemment Julien dans les vestiaires. Je l'ai dit à Thierry avant la prise : Je déciderai à la dernière seconde, ça sera peut-être une claque, ou je le prendrai dans mes bras..." Et, brusquement, c'est parti."

Dans la scène du séjour en Toscane Nathalie Baye interprète Pour une amourette de Leny Escudero face à son partenaire, Patrick Bruel. Elle raconte cette expérience : "Quand Thierry m'a parlé de cette scène, je lui ai dit : "Pas question !". Il m'est arrivé de fredonner dans une ou deux émissions de télévision pour m'amuser, mais je ne sais pas chanter. Thierry a fini par me convaincre. J'ai travaillé avec Rachel Des Bois, une fille épatante, elle m'a appris à prendre cette scène comme un jeu. Le jour du tournage, Patrick était tellement dans son personnage que j'ai tout naturellement oublié le chanteur. Heureusement... Enfin, je ne suis pas prête à enregistrer un disque demain !"

Lors d'une conversation, le personnage incarné par Géraldine Pailhas évoque un certain "Monsieur Rebichon". Il s'agit d'un clin d'oeil de l'ancien journaliste à Studio Magazine qu'est le réalisateur Thierry Klifa, à son collègue Michel Rebichon, critique pour ce mensuel de cinéma.

Alors qu'elle tournait Une vie à t'attendre dans la journée, Danielle Darrieux, âgée de 86 ans, était le soir sur les planches pour la pièce Oscar et la dame rose.

La comédienne Géraldine Pailhas a été d'autant plus impliquée dans ce projet que le scénario a été coécrit par son compagnon, Christopher Thompson."J'ai été amenée à donner régulièrement une opinion amicale sur leur travail, sans que jamais il soit dit que je participerais au film en tant qu'actrice, je pouvais donc parfois être cinglante ! Une première version ayant été abandonnée pendant quelque temps, puis reprise un an et demi avant le tournage, l'évolution des auteurs, avec un peu plus de maturité au passage, a considérablement transformé les enjeux des personnages." Jusqu'à Une vie à t'attendre, Christopher Thompson avait été coscénariste uniquement sur les films de sa mère Danièle Thompson, La Bûche et Décalage horaire.