Un authentique classique de SF pour pré-ado, datant d'un certain age d'or de la série B américaine. Passé à la postérité grâce à son fameux Sixtopus, détruisant le pont de San Francisco. Et qui, je trouve, usurpe tout de même, quelque peu son titre et sa classification geek. D'une part, à cause d'une qualité globale plutôt médiocre, et pas assez généreuse. Et d'une autre, à cause d'un manque voulu et opportuniste d'originalité, plutôt calculateur et mal venu. Ce film a clairement était produit par des amateurs de bénéfices, qui se moquent totalement des amateurs de SF et de Fantasy... Roger Corman, au secours !... S'il te plait, vient vite nous sauver de cette escroquerie ennuyeuse....
Faute d'action et de véritable SF à nous mettre sous la dent, on nous balade mollement et sans scrupules, pendant presque une heure complète, le plus loin et longtemps possible ce fameux monstre...
D'abord, avec une pitoyable pantomime de sous-marinier, d'aviateur, et autre général de pacotille, dédier comme tout le reste du film, à la gloire de la véritable marine américaine. Où seul les images d'archives, le matériel militaire, les décors authentiques, prêté "aimablement" par cette même marine américaine, apporte de la crédibilité à cette partie du film, contrebalançant la débilité profondément consensuelle et vide de ses dialogues.
Et puis ensuite, surtout avec un incongru love interest à trois bandes, se voulant torride et glamour. Mais clairement foireux et à deux balles, que ce soit sur le plan de l'écriture ou de l'interprétation. Quoi que, Faith Domergue ne s'en sort pas trop mal, par rapport à ses deux collègues bien pataud. Surtout au vu de la lourdeur paternaliste et machiste, de ce scénario absurde et artificiellement érotisé, non moins pour l'enfant de l'époque, sensé être la cible de ce film, que pour sa mère au foyer frustré, qui l'accompagnerait un peu forcé. Une vision de la femme, bien saugrenue à notre époque. Un monde très masculin et phallocrate, où une femme de caractère, capable et instruite, cultivé et indépendante, serait forcement un peu trainée sur les bords, pour pouvoir mener sa barque. Abusant de ses charmes vil et manipulateurs, sur des hommes honnêtes, et confiant de leur virilité. Mais, forcement devenu collants, paternalistes, et très très tactiles, purement par la faute de la donzelle... Elle est celle, par qui la tentation du pécher arrive... Rengaine morale habituelle de l'époque, en sous texte hypocrite et fourbe... Tout un programme pour un produit jeunesse, non ?...
Bref, une heure de parade nuptiale, aussi scandaleuse que soporifique, bassement cliché, atrocement rétrograde, pitoyablement morale, et sournoisement toxique, pour les chère têtes blondes de l'époque. Un sous-texte qui semble dire, " Mesdames, toute intelligente que vous soyez, restez de respectables femmes aux foyer, plutôt que de scandaleuse femmes actives et indépendantes ". Et qui n'apporte absolument rien à cette affaire, de mystérieuse pieuvre radioactive géante. Si ce n'est, un bon retardement à moindre frais, sensé faire agréablement patienter, les inéluctables et couteuses séquences rampage, tant attendu par le jeune public boutonneux. Une intrigue "romantique", qui aurait dû être secondaire. Qui se révèle plus agaçante que distrayante. Tout juste émoustillante, de ci de là. Et dont on se demande, qu'est-ce qu'ils attendent tous les trois, pour enfin faire leurs coming out en tant que trouple, qu'on puisse enfin passer, à la partie qui nous intéresse réellement. C'est à dire, ce qui nous a été vendu par le titre et l'affiche du film. De la grosse baston apocalyptique, entre l'armée américaine, et une autre version Ray Harryhausen du Kaïju de la Toho. Une partie qui ne durera malheureusement, qu'une petite demi heure de fun, plus ou moins desservie par le manque de moyen et de temps, accordé à ce grand magicien des effets spéciaux, qu'était Ray Harryhausen.
Je n'ai rien contre un film de divertissement spectaculaire, qui monte crescendo dans le sensationnel, et la puissance de ses artifices. Encore faut il, que ce soit fait avec gout et talent. Et sans trop d'arrières pensées avides et morales. Quand on passe les deux tiers de sa production, sur les dialogues d'un triangle amoureux, enfermé dans un laboratoire, un restaurant, ou un bâtiment administratif, autant ne pas faire le radin sur la qualité des scénaristes, des dialoguistes, et le choix des interprètes principaux. Sinon, on raccourcie cette partie. On rallonge celle du chaos en stop motion, et destruction de miniature. Et on donne plus de budget à Ray. Ou alors, si on est vraiment fauché, on fait faire le film par Roger Corman, avec qui on est sur de gagné sur les deux tableaux( Créature et tension sexuelle ), et à moindre frais ^^
Entendons nous bien. Tout le film n'est pas à jeter. Loin de là. D'abord, la dernière demi heure très spectaculaire, rattrape assez largement la première heure, où l'on ronge rageusement son frein. Et si les effets sont souvent cheap, et moyennement exécuté, ils n'en restent pas moins charmants et efficaces. Voir, par moment, carrément iconiques.
Tout aussi charmant, que ce cadre d'époque 100% authentique, presque entièrement tourné en décor réel. Avec le San Francisco des 50s, sa mode vestimentaires, et ses voitures au design si particulier.
Et toujours à propos de charme, qu'importe si It Came From Beneath The Sea, n'est que pure propagande gouvernementale de l'U.S. Army. La participation constante de la marine à ce film, lui donne un cachet unique et inestimable. L'intérieur du sous marin. Celui du laboratoire de la marine. Les combinaisons anti radiations. Les installations de radar mobile. L'hélicoptère qui atterri. Les lances flammes. Tout est vrai. Et fournie en personne par l'armée américaine. Prêté avec de véritables troufions, pour manipuler le matériel et faire de la figuration, dans un film de monstre géant. Et que dire de l'incroyable collection de stock shot, de manœuvre en mer, d'explosion sous marine, de décollage d'avion "dernier cri", et de mise à flot de sous marin. Elle occupe un bon petit cinquième du film. Et elle est peut-être, la plus belle que je n'ai jamais vu, dans un film de fiction.
Le Monstre Qui Vient De La Mer est un film attachant. Mais surtout par défaut. Car ce n'est qu'une romance pseudo-moderniste en toc, qu'on a essayé de faire passer, pour Le Monstre Des Temps Perdu, qui est infiniment plus généreux, beau, sincère, et mieux écrit. Un pale copie d'exploitation au rabais, qui capitalise sur son immense succès, en essayant de faire passer ce qu'il vend, pour ce qu'il n'est pas vraiment, au prêt d'un jeune public mal ciblé, qui ne se passionnera que pour la dernière demi heure.