Dire que les dialogues sont fabuleux dans un film de Guitry relève du pléonasme, mais là niveau dialogues c'est vraiment du fabuleux puissance 1000. Rien que la scène d'intro qui regroupe de nombreuses vedettes de l'époque, dont Michel Simon et Arletty, est un véritable festival de répliques délicieusement cinglantes.
Mais après aussi on est franchement gâté. Ce ne sont pas juste quelques arbres niveau dialogues géniaux mais toute une forêt. Et puis, l'interprétation... Sacha Guitry, dans le rôle de l'amant, qui n'a jamais été aussi déchaîné. La longue séquence où il a pour seul partenaire un téléphone est un véritable et brillant one-man-show avant l'heure. Si j'étais professeur de théâtre, je montrerais cette scène en exemple à mes élèves. Ça c'est du jeu de géant.
Et il y a aussi la troisième madame Guitry, Jacqueline Delubac, dans le rôle de l'épouse, une des plus canons actrices que le cinéma français ait connue (mais quel veinard celui-là !!!), qui n'a jamais été belle, pétillante et irrésistible qu'ici (rien que de la voir en vêtements de nuit masculins trop grands pour elle, je suis amoureux !!!).
Evidemment qui dit amant, qui dit épouse, dit forcément mari cocu, et là aussi on est admirablement servi. L'immense Raimu, ne pouvant rien faire face à l'exubérance de Guitry a eu la grande intelligence de changer complètement son fusil d'épaule par rapport à son habitude pour réussir à lui tenir tête en étant sobre. Et ça lui va très bien.
Bon bien sûr si on excepte la première scène où la caméra se mouve énergiquement, c'est juste du théâtre filmé. Mais la pièce, qui regroupe toutes les thématiques si chères à Guitry, est tellement brillante, ses dialogues tellement fabuleux, le jeu des acteurs tellement grandiose, qu'au fond on n'en a rien à faire. Donc faire un rêve avec Guitry, le rêve...