Cela faisait un bon petit moment que je voulais le voir, mais disons qu'il a moins bonne réputation que les Ophüls français (comme toute sa période américaine d'ailleurs, sauf lettre d'une inconnue).
J'aime bien les films noirs et en voir un réalisé par Ophüls, c'est un grand plaisir !
En fait ce n'est sans doute pas le meilleur film noir, des Hawks, Huston et j'en passe sont meilleurs, mais les Désemparés possède une originalité : le personnage principal est une femme (comme tout le temps chez Ophüls).
L'intrigue y est très simple, un meurtre par accident à dissimuler, une enquête qui progresse sans que l'on soit vraiment tenu au courant (on est comme l'héroïne, dans le flou vis-à-vis de cette enquête) et c'est comme une épée de Damoclès pour les personnages. C'est elle qui va déterminer si oui ou non l'histoire va bien se terminer.
Et on a ce personnage de James Mason complètement énigmatique, difficile à cerner, fascinant, on ne sait pas très bien s'il est là pour nuire ou pour protéger, il semble presque fou par moments.
Et on mélange tout ça pour obtenir un bon film servit par l'excellente mise en scène d'Ophüls avec travellings, plans séquences et escaliers. Et c'est le principal, on regarde un film d'Ophüls pour les escaliers, c'est juste évident ! Voir la main de Joan Bennett descendre l'escalier en se tenant à la rampe, c'est comme une caresse.
Et je retiendrai surtout une scène, tout au début du film où la mère gronde sa fille qui fréquente un homme malfamé et on cette fille de 17 ans en peignoir, assise les jambes écartées et surélevées tenant tête à sa mère comme effronterie avec avec un regard de femme fatale !