Initialement présenté en sélection officielle hors compétition, Mondovino a été le 19ème film à concourir pour la Palme d'or. Quelques heures avant l'ouverture du Festival, Thierry Frémaux, le Délégué Artistique, a en effet annoncé que ce documentaire, projeté dans sa version intégrale (2h40), serait sélectionné en compétition.
Le vin n'a plus de secrets pour Jonathan Nossiter. Ayant débuté comme serveur dans des restaurants parisiens et sommelier diplômé à New York, ce dernier explique sa passion pour ce breuvage : "Le vin, dans sa complexité infinie d'expressions, est sur la planète entière, la chose la plus à l'image de l'être humain. Il fédère les traditions judéo-chrétiennes et gréco-romaines, il les garde - ou plutôt les prolonge - vivantes, vitales et actuelles. Le vin est donc un dépositaire unique de la civilisation occidentale. Essayer de saisir l'état du monde du vin, c'est forcément une quête sur notre relation à la vie et à la mort, mais aussi une quête sur la transmission d'un passé, orienté vers l'avenir."
Les origines et le coeur du film sont très personnels, comme l'explique Jonathan Nossiter. Tout a commencé avec une sorte de casting de vignerons de différentes régions organisé par lui-même et un ami, le cinéaste uruguayen Juan Pittaluga. Lorsque tous deux se sont entretenus avec des vignerons bourguignons, ils ont été frappés par l'intensité des relations père-fils. Cette découverte leur a fait penser à leurs propres pères, tous deux morts très jeunes. "Cette notion de transmission de génération en génération, de ce qu'on fait passer et de ce qui ne survit pas... de ce qui est perdu... ou de ce qu'on rejette consciemment, est devenu pour moi le Graal de cette aventure sur trois continents."
Jonathan Nossiter a opté pour une démarche de "découvreur". Celui-ci confie : "Je me suis lancé dans ce projet avec l'envie de faire partager le plaisir de mes découvertes. Je me suis toujours tenu à distance du snobisme des initiés qui consiste à utiliser un jargon ampoulé et absurde pour parler du vin. Pour le film, je tenais à me rapprocher au plus près du point de vue d'un spectateur qui, si tant est qu'il ne s'intéresse pas du tout au vin, se sent toutefois sensible à toute chose qui peut enrichir notre quotidien... et qui s'inquiète pour l'avenir de ces petits plaisirs finalement si essentiels à notre survie."