Petit prodige français désormais bien connu de l'autre coté de l'Atlantique, avec notemment le desormais classique La Colline a des Yeux (le remake), et le jouissif Pirahna 3D, Alexandre Aja voue un amour passioné au cinéma de genre, et plus particulièrement au cinéma d'horreur. Haute Tension, son second long métrage, débute comme un slasher des plus classiques, avec un inconnu complètement barré massacrant au hasard, avec un rasoir. Pitch peu attirant, déjà vu et quelque peu anachronique que voila. Mais (car il y a un mais, et il est de taille) Aja ne le fais pas à moitié : sa mise en scène est absolument exceptionnelle, la vision d'un homme mystérieux tuant sans raison, sans explication, est réellement flippante, et installe un climat d'étrangeté palpable. Cette première partie du film, donc, joue des codes bien définis du cinéma d'horreur avec un brio remarquable, Aja possédant un talent incontestable pour la mise en scène de séquences gores (talent confirmé 3 ans plsu tard avec La Colline a des Yeux), ainsi qu'une maitrise brillante de la tension du film. Seulement voila, le classicisme très plaisant de ce film d'horreur est rompu, dans la seconde moitié de Haute Tension, avec un retournement de situation quelque peu déroutant : l'identité du tueur mystérieux, qui était presque devenu abstrait, voire même symbolique (à l'image du camion imposant de Duel), est révélée et, si ce Twist final se trouve être une d'une jolie originalité scénaristique, il ne fait pas honneur pour le moins du monde à la mise en scène évocatrice du début. C'est dommage, se dit-on alors que le film tombe dans un final outrancièrement gore, jusquà terminer dans un grotesque certes soigné (cf la mise en scène du réalisateur), mais un grotesque quand même. Aja signe donc pour deuxième oeuvre un film vraiment difficile à cerner, qui vaut surtout pour une excellente première partie. Bancal, mais réjouissant, et surtout prometteur.