Trois petites années après leurs premières apparitions sous les houlettes de Joel Silver, Richard Donner et Shane Black, les inspecteurs Martin Riggs et Roger Murtaugh sont de retour, pour notre plus grand plaisir. Mel Gibson et Danny Glover, toujours en pleine forme, confirment le statut complémentaire de leur tandem de flics, duo référentiel dans l’univers du Buddy Movie. Plus d’humour, plus d’action, plus de tout, en somme, pour un second volet meilleur encore que son grand frère, accessoirement meilleur encore que tout ce qui se fera par la suite. Vous l’aurez compris, l’Arme fatale 2 est pour moi le meilleur volet de la franchise, pour bien des raisons. D’un strict point de vue narratif, celui-ci s’apparente clairement au film précédent, dont la recette alternant humour, action et confrontations improbables entre flics impayables et banditisme surpuissant, avait fait merveille. La mise en scène de Richard Donner est par ailleurs sensiblement similaire à celle d’il y a trois ans.
Là où le scénariste, le metteur en scène et les comédiens ont été brillants, c’est dans cette savante alchimie qui permet autant à la franchise de faire rire que d’éblouir en proposant quelques scènes d’action parmi les plus amusantes, soit spectaculaires, de la décennie concernée. Sur un rythme diablement percutant, Richard Donner ne laisse que peu de temps pour souffler, n’omettant pas pour autant de développer un scénario passablement plus étoffé que le précédent. Outre un surplus de tout ce qui fit le succès de l’opus premier, la force de l’Arme Fatale 2 tient également dans le charisme de l’ennemi, cruels trafiquants de narcotiques issus tout droits de la diplomatie sud-africaine, pays alors en plein effroi de l’Apartheid. Oui, ici, les maigres chances de réussite assignées au tandem de flic ne font que pimenter les diverses confrontations. La méthode conventionnelle n’étant pas de mise, place à la folie de l’un et à l’obstination du second. Un vrai régal.
A propos de complémentarité entre les personnages, Mel Gibson et Danny Glover trouvent clairement leur vitesse de croisière. Du coup, chaque séquence tournée en commun est une pure bombe d’humour, d’action ou d’ironie. Alors que l’un d’eux sait se rendre attachant de par son attitude rebelle, l’autre ne manque pas de faire rire ou d’émouvoir de par son tempérament bien à lui. L’occasion est aussi belle d’introduire un autre personnage marquant de la franchise, en la personne de Léo Getz, alias l’excellent Joe Pesci. Exubérant, agité ou encore hilarant, l’acteur apporte une réelle plus-value à l’entreprise en étant non seulement un souffre-douleur mais aussi un maillon de l’intrigue. Ok, ok, ok, oui, le bonhomme est certes très bavard, mais il est incontestablement un personnage diablement efficace dans le registre de l’humour.
Que dire de plus sur un film désormais culte, qui surpasse son modèle et s’affiche comme le Buddy Movie le plus emblématique de l’histoire de cinéma? Pas grand-chose si ce n’est inviter à le revoir et le revoir encore, ou si pêché il y a, d’enfin le découvrir. On en rigole, on en ressort d’humeur légère et l’on en éprouve de la mélancolie rien qu’à la pensée de son premier visionnage. Indéniablement un must, un modèle pour bien des productions contemporaines qui n’ont, elles, jamais égaler leur modèle. C’est dire, ici, même les mélopées Jazzy d’un autre temps ne dépareillent pas. Oui, si le premier film de la saga a passablement vieilli, celui-ci pas du tout, malgré ses 25 ans au compteur. Superbe. 18/20