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Ti Nou
508 abonnés
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5,0
Publiée le 24 août 2010
Sous ses airs de vaudeville gentillet et inoffensif, "La règle du jeu" est une charge sociale virulente. Jean Renoir n'épargne rien ni personne. Malgré cela, il accorde à ses personnages un traitement plein de tendresse et de subtilité.
Ce film, que beaucoup considèrent comme le chef d’œuvre de référence du cinéma français, est une très belle peinture de la société française d’avant guerre. En plus de réaliser un pamphlet dénonçant intelligemment les différences tant entre les classes sociales qu’entre les sexes qui assombrissaient alors notre pays (d’où son rejet par le public de l’époque), Jean Renoir nous offre un marivaudage irrésistible. Cette petite fantaisie à l’écriture et à l’interprétation très théâtrales parvient habilement à jongler entre des tons cyniques, romantiques et burlesques tout en conservant du début à la fin un lyrisme étincelant. Dans ce chassé-croisé amoureux plein de rebondissements et construit sur un rythme effréné, les personnages, brillamment interprétés, s’entremêlent pour nous offrir des situations dont l’originalité influera sur toutes les générations suivantes du cinéma.
Comme chacun sait et malgré tout ce qu'on pourra toujours dire, il n'y a rien de plus snob qu'un domestique; et en explorant leurs us et coutumes à travers une intrigue - en apparence ...- limpide Renoir réussit là un film majeur de l'histoire du cinema entre tragédie grecque et satire sociale. Un classique à voir, bien entendu, encore aujourd'hui.
Voilà un des hauts sommets de la réussite du cinéma français, La règle du jeu de Renoir, avec un humour noir irrésistible nous entraîne dans des conflits, se déclenchants tels des dominos, amoureux et adultères à travers lesquels les acteurs (tous) de Marcel Dalio à Nora Gregor sans oublier évidemment Jean Renoir qui nous rappelle un gros nounours (d'ailleurs il est déguisé ainsi durant la petite fête), font preuves d'une sobriété superbement théâtrale si bien que l'on croit être face à une pièce représentée. Il faut dire que le film est construit pareil ! La mise en scène de Jean Renoir ne laisse rien au hasard et coupe littéralement le souffle, elle reste en accord avec la sonctuosité des dialogues : lorsque Julien Carette énonce à Dalio "Je vous remercie maître de m'avoir élever au rang de domestique." On croirait à chaque répartie entendre du Prévert ! Un film absolument formidable mais avant tout, INDISPENSABLE !!!!!!!
Un classique du cinéma français qui ne déçoit pas. Il s'agit d'une oeuvre extrêmement bien construite sur le plan technique, l'intelligence du cadrage est patente. Le travail sur la symbolique ne présente pas moins de finesse. Par exemple, le garde-chasse qui devient l'homme abattant l'aviateur, se vautrant ainsi dans la pire des illégalités. L'immixtion entre la pièce de théâtre à laquelle les invités assistent, et la course-poursuite entre le mari cocu et l'amant, à tel point que les invités ne distinguent plus le réel de l'imaginaire. Bref, c'est un film d'une richesse fantastique. L'humour n'est pas absent, loin de là, notamment dans la partie centrale lorsque l'on a droit au chassé-croisé amoureux digne d'un Vaudeville. L'émotion bien sûr, en particulier avec le personnage incarné par Jean Renoir. Il est le véritable héros du film, plus que cet aviateur de pacotille affaibli par l'amour. A ce propos, pas mal la référence à l'albatros de Beaudelaire. La satire sociale est excellente aussi, avec ce va et vient permanent entre les apparences et la réalité, les convenances et les bas instincts, le discours et la pratique. Au final, bien que je ne sois pas du tout fan des tragédies grecques, je ne peux que m'incliner face à tant de talent.
Très bon film qu'il faut savoir décripter tant il est profond et avant gardiste quant à la WW2. Il reste un film ancré à gauche mais aussi ancré dans l'histoire du cinéma français...
Une rimbambelle de personnage pour un marivaudage exquis!Renoir se laisse porté par sa caméra avec une grande virtuosité. Beaucoup de travelling et de panoramique pour rendre ce jeu du chat et de la souris du fameux trio amoureux (mari, femme, amant-maitresse)virvoltant et plein d'entrain.On ne s'ennuie vraiment pas une seconde.
Un film qui restera un monument à la gloire du cinéma, à l'image de ce que peuvent être les fresques de la Chapelle Sixtine à la peinture. Marivaudages dans une société en perdition, chassés-croisés souples des personnages superbement interprétés devant l'objectif, décors sauvages de Sologne, Renoir s'est surpassé à chaque plan, conscient de ce qui se passera dans les six années à venir, révolté par l'hypocrisie de ses sujets, mais extrêmement passionné par son art.
La règle du jeu est une belle comédie dramatique de Jean Renoir. Une belle mise en scène, un excellent scénario, des personnages biens développés, une belle distribution avec notamment à l’affiche du film Marcel Dalio, Nora Gregor ou encore Jean Renoir, un bon dynamisme… Bref c’est un beau film, 14 / 20.
De prime abord on ne peut que saluer le raffinement de la mise en scène de cette «fantaisie dramatique». En effet, tout ce qui n'aurait être que lourd théâtre filmé devient sublime car Jean Renoir a su utilisé savamment profondeurs de champ et mouvements de caméra fluide. Mais le talent du cinéaste ne s'exprime pas que dans ce domaine, loin de là. Il a su aussi tirer de ses acteurs des interprétations plus-que-brillantes. De Gaston Modot (comme on ne l'avait jamais vu auparavant comme cela et hélàs comme on ne le verra plus jamais comme cela !) à Julien Carette, de Nora Grégor à Paulette Dubost, les comédiens sont parfaits. Cette critique d'une «certaine société» est légère en apparence mais grave dans le fond et passionnante notamment grâce au subtil parallèle qui est montré entre maîtres et domestiques. Les seuls personnages «humains» du film n'en font pas partis, le personnage de Paulette Dubost est la seule qui croit en l'amour mais ce n'est qu'une camériste, celui interprété par le cinéaste lui-même l'est aussi mais il n'est que le frère de substitution de la marquise et celui de Roland Toutain n'est «qu'un héros national». Le seul qui soit humain et qui en fasse parti est le marquis lui-même (excellent Marcel Dalio !) et encore il a à peine le dos tourné que ses congénères de sa «société» le traite de «métèque» à cause de ses origines juives, alors que plus que quiconque il mérite d'en faire parti parce qu'il est le seul à savoir reconnaître si un met est raffiné ou pas. En montrant l'arrogance et l'égoïsme de l'aristoscratie et en denonçant l'antisémitisme qui allait exploser dans les années suivantes, Jean Renoir a tendu un miroir à la Société, ce qui explique l'échec du film à l'époque car celle-ci n'aime pas ce voir telle qu'elle est. C'est pour ces raisons que plus qu'un chef d'oeuvre, «La Règle du jeu» est une oeuvre capitale.
Plein de ces gens "riches & déprimés" le film reste curieusement actuel - en dépit d'un coté un peu trop propret pour être honnête et puis d'un certain manque d'aggressivité peut-être relatif à la date de tournage - tout en décrivant admirablement plusieurs de ces faux-amis trop soucieux, ainsi qu'une noblesse aujourd'hui disparue tentant de vivre dans l'instant: un parfum de vérité s'exhale donc par le coté descriptif de l'oeuvre.
Une certaine perfection est atteinte dans la mise en scène, ça justifie la note. Parlons ici de mise en scène et pas juste de réalisation, pour plusieurs raisons. -Renoir se livre ici non seulement à un exercice de découpage technique, mais encore de chorégraphie, en mélant de nombreuses intrigues amoureuses et même en les emmélant à l'excès, en en présentant plusieurs dans le même plan (usage de plan long et de la profondeur de champ pour multiplier les intrigues) -Mise en scène enfin pour les inspirations théatrales du film : Marivaux semble évident, Renoir parle de Musset... Et puis l'humour ne gâche rien au film, ne le rendant que plus corrosif.