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elbandito
343 abonnés
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4,0
Publiée le 17 janvier 2015
Inspiré par l’affaire du juge Renaud, premier magistrat assassiné en France depuis la fin de l’occupation, Yves Boisset fait scandale à l’époque. Son film sera sujet à polémique et lui-même sera menacé. Campé par un Patrick Dewaere propre sur lui, idéaliste, obstiné et engagé, le juge Fayard est un film politique doublé d’une enquête policière incriminant des notables de province, des membres du SAC et leurs liens étroits avec le gang des Lyonnais. On suit donc toutes les phases de cette enquête avec passion, à travers la complexité des rapports humains, en observant l'évolution des relations entre ce juge, sa hiérarchie et la police, c'est à dire du soutien qu'il reçoit, jusqu'à son isolement complet quand ses méthodes et ses résultats deviennent tout à coup gênants aux entournures. Et la fin tragique que l’on connaît…
Un excellent thriller politico-judiciaire typique des années 70 qui symbolise bien l'engagement du cinéaste Yves Boisset dans des sujets brûlants. "Le Juge Fayard dit le Sheriff"(1976) permettait à Patrick Dewaere de trouver un énième rôle mémorable. Celui d'un juge d'instruction ivre de justice et de révélations au grand jour de complots,qui met sa vie en danger en voulant inculper tout ceux derrière un hold-up aux allures d'affaire d'Etat. Dewaere est vraiment impressionnant. On raconte qu'il gifla Boisset en réaction à un désaccord,ou encore qu'il était en dépression chronique suite à sa rupture avec Miou-Miou. Sur une action se passant dans un Saint-Étienne en pleine urbanisation,et sur une musique éloquente de Philippe Sarde,le film déroule ses idées gauchistes,et montre à quel point les relents de la Guerre d'Algérie étaient encore vivaces,avec une collusion en souterrain entre le grand banditisme et la soi-disant justice. La métaphore de la destruction pour mieux renaître,est bien évidemment celle de la vieille garde d'extrême-droite face à une jeunesse bien plus modérée. Schématique,mais toujours empli de pistes de réflexion.
Alors au plus haut de sa carrière, et dans le viseur des institutions politiques et bien-pensantes qu’il critiquait dans chacun de ses films, Yves Boisset revient, six ans après le très violent Le saut de l’ange, au style policier pour diffuser ses théories concernant les causes de l’assassinat mystérieux d’un magistrat survenu deux ans plus tôt (en fait, exactement comme le fit son alter-égo Francesco Rosi avec L'Affaire Mattei). Même s’il lui a été impossible de citer explicitement les forces politiciennes qu’il dénonce, le réalisateur engagé parvient à dénoncer, d’une part, la façon dont la Guerre d’Algérie a transformé certaines milices politiques en organisations aux méthodes mafieuses, et, d’autre part, la corruption qui lie les instances juridiques au intérêt financiers du patronat. Grâce à une intrigue bien écrite, intelligemment documentée et parfaitement ancrée dans les années 70, l’enquête de ce juge d’instruction, que l’idéalisme rend aussi naïf qu’expéditif, est prenante et pleine de suspense tandis que le jeu de Patrick Deweare, que l’on aurait par moment aimé un peu plus sobre, et du reste du casting en accentue le réalisme et la charge émotionnelle contenue dans la conclusion.
Durant deux décennies, Yves Boisset a été le poil à gratter du cinéma français ayant eu plusieurs fois maille à partir avec la censure qui sévissait encore allègrement dans les années 1970. "L'attentat" suivi de "R.A.S" puis de "Dupont Lajoie" dénonçant sous différents angles la position très ambigüe du pouvoir politique face à l'Algérie ont très rapidement classé le réalisateur dans la catégorie des trublions gauchisants auxquels il ne fallait pas donner un trop grand porte-voix. L'assassinat du juge Renaud le 3 juillet 1975, sorte de robin des bois du barreau aux méthodes peu orthodoxes ne pouvait donc pas le laisser indifférent. Aidé de Claude Veillot son fidèle scénariste il s'attaque à une biographie filmée qui sera l'occasion pour Boisset qui sent bien que les choses sont sur le point de basculer sur le plan politique, de dénoncer en vrac tous les corps constitués. Humaniste engagé et sincère, Boisset entend apporter son écot au réveil des consciences. Son engagement militant donne à son film vu plus de trente après sa sortie une tonalité manichéenne un peu naïve. Il faut dire qu'à l'époque la gauche n'a encore jamais exercé le pouvoir sous la Vème république ce qui explique sans doute l'envie d'enfoncer sérieusement le clou qui a saisi Yves Boisset pressé d'en finir. Depuis on a malheureusement pu constater que la corruption via le mélange incestueux entre monde des affaires, monde politique et même parfois milieu était une dérive presque fatale. Boisset comme beaucoup a du ranger ses illusions au placard. Il n'empêche que le casting de premier choix réuni par le réalisateur allant de Daniel Ivernel à Jean Bouise en passant pas Roland Blanche, Michel Auclair ou Marcel Bozzuffi donne une fière allure au film porté par un Patrick Dewaere en grande forme, forcément en symbiose avec ce juge qui avait fait sienne la maxime du général Foch prononcée lors de la bataille de la Marne "Ma droite est enfoncée, ma gauche cède , tout va bien; j'attaque !". Il faut le voir avec son assistante à ses trousses sur les marches du palais de justice redoubler d'ardeur devant les bâtons qu'on lui plante dans les roues. Yves Boisset n'a jamais trop pratiqué l'escarmouche mais avançait sabre au clair, ce qui malheureusement ancre un peu trop quelques-uns de ses films dans leur époque. Au-delà de Patrick Dewaere toujours émouvant on a aussi le plaisir de revoir Philippe Léotard autre gueule cassée du cinéma français qui nous rappelle ici qu'il était un sacré bon acteur.
Avec Patrick Dewaere dans le rôle principal, il est en général rare que le film soit mauvais. "Le juge Fayard, dit le shériff" confirme cette idée. Le film est en effet efficace, à défaut d'être original dans sa réalisation. L'opposition entre le juge intègre et ses puissants supérieurs frôle le manichéisme, mais séduit tout de même par la virulence du propos qu'elle induit. Inspiré de faits réels, le film a le mérite de prendre un point de vue fort, mais sans vraiment se démarquer de l'atmosphère générale des polars français de l'époque. Pas désagréable à regarder, mais pas inoubliable non plus.
Fortement inspiré du meurtre du Juge Renaud (en 1975, un an plus tôt), ce film en prise avec son époque traite de corruption, des liens étroits entre la pègre, le SAC (cher à Pasqua: ex ministre de l'intérieur), les politiciens et le monde de l'entreprise... Au milieu de ce panier de crabes se débat un juge (rouge?) un tantinet naïf mais surtout épris de justice. Deweare, un des acteurs marquants de sa génération, tient encore un rôle de non conformiste et est encore une fois crédible. Par contre, Aurore Clément est à la limite d'être insupportable et gâcherait presque le film. Stéphanois moi même, j'adore, avec ce film, me replonger dans le St Etienne de mon enfance: les mines, les murs noirs, le tram,... Les Stéphanois se doivent au moins de regarder le générique de début avec un survol en hélico de la ville depuis le Guizay...
Inspiré de la triste fin du juge Renaud ce Boisset se relève convaincant et prenant. Tous les protagonistes sont biens dans leur rôle respectif avec toujours un Dewaere magistral. La mise en scène reste malgré tout assez linaire et le spectateur suit inexorablement la fin du juge.
Ah, le téléphone avec le cordon qui s'étend dans la voiture! Quel signe de modernité d'époque, on ne s'en lasse pas! Plus sérieusement, très bon polar à la française, plus profond qu'il n'y paraît avec de vieilles gloires comme Patrick Dewaere en tête mais aussi Philippe Léotard et Jean-Marc Thibault. A voir ou revoir avec plaisir.
La mise en scène sobre d' Yves Boisset tranche splendidement avec la rudesse et la flamme des comédiens. Dewaere est le diamant brut d'une distribution impeccable même dans les plus petits seconds rôles. Pas de lyrisme, dans ce passionnant polar qui n'a manifestement pas influencé Olivier Marchal, réalisateur lui aussi d'une histoire de gangsters ayant pour toile de fond la région lyonnaise.
C'est qu'il y avait de bien avec le cinoche français des 70's, c'est qu'il était incroyablement réactif et proche de l'actualité de son époque, contestataire et porté par des artistes engagés. L'un de ses illustres représentants de ce cinéma engagé, c'était Y. Boisset, aujourd'hui porté disparu. En reprenant à son compte l'affaire du juge Renault, il offre à P. Dewaere un grand rôle avec cet homme intègre qui va se battre contre une société gangrenée par la corruption mais aussi par un certain immobilisme intellectuel. Et le pauvre garçon sera autant manipuler par ses adversaires que ses soutiens, véritable pantin au milieu de cette farce dont il ne capte pas tous les rouages. La mise en scène est particulièrement tranchante tandis que la vie privée du juge est elle aussi décortiquée. Le casting qui entoure P. Dewaere est lui aussi très réussi et les 2nds rôles sortent des prestations solides. Scénario dense et documenté, qui nécessite une certaine connaissance du contexte (où l'on se dit qu'on était pas loin d'un système totalitaire avec cette police parallèle). Grand film, forcément partisan mais très fort et au final marquant. D'autres films sur
Super bien ce film avec son juge rouge qui rentre dans le lard d'une société de notables corrompus qui se couvrent les uns les autres. Rien n'a changé. Et en plus il y a du sentiment.
Un juge d’instruction incorruptible, audacieux et obstiné (notre regretté Patrick Dewaere), aidé d’un inspecteur de Police intègre (feu son grand pote François Léotard), suite à l’enquête d’un simple braquage de station-service, engrène une investigation de plus en plus compromettante engageant d’anciens militaires, industriels, maffieux, hauts fonctionnaires et responsables politiques. Au-delà des violences et des difficultés des recherches, ils devront surtout lutter contre les pressions, intimidations, jeux d’influence et menaces les plus redoutables, celles de la clique complice siégeant dans les hauts milieux de la société Française de 1976 (au générique, et non 77 comme on voit écrit partout). Incarnés entre autres par Michel Auclair, Jean-Marc Thibault, Aurore Clément, Jean Bouise, Roland Blanche, et même un tout jeune Bernard Giraudeau, l’aventure rappelle avec plaisir une saison cinématographique révolue. Clairement engagé à «gauche» par ses très nombreuses références, de ce film émergeront des soupirs indulgents et presque nostalgiques d’une époque naïve où la pouvoir ne pouvait être qu’à «droite», l’espoir des vertus dans l’éternelle opposition, et où la dualité entre les deux avait encore un sens. Y apparaissent aussi surréalistes les méthodes policières, les conditions de braquage, les énormités investigatrices, les conditions de sécurité publiques, armées ou bancaires. Inspiré du meurtre du juge Renaud en 1975, ce film se veut un pamphlet sociétal de son époque, précurseur d’un esprit qui osait dénoncer la malfaisance maffieuse dans des hautes sphères du pouvoir, sous l’accueil mitigé d’un public pas aussi désabusé qu’aujourd’hui. Mais au-delà de ces décalages de près d’un demi-siècle, la mise en scène, sujets, enjeux et équations de cette société corrompue bénéficient d’une intemporalité parfaitement applicable à tous temps. Il en va de même en ce qui concerne l’hypocrisie classique de toute une caste professionnelle, en l’occurrence ici le syndicat de la magistrature, aidant, encourageant, tout en jouant la bienséance et en se cachant prudemment derrière le héros qui en a où je pense et qui fera tout le sale boulot à leur place.
Ce n'est pas le juge qui soit faiblard car même si ce film avec une fois de plus un thème engagé de Yves Boisset, je me contente ici de voir seulement Patrick Dewaere dans ses excès jouant un juge d'instruction en agissant de manière peu conforme.