Claude est une personne aux multiples personnes. Elle abrite tant Claude que Thésée, Dédale et le Minotaure lui-même, parmi d'autres. Après avoir assassiné plusieurs personnes, elle est soumise à une étude psychiatrique pour déterminer sa responsabilité. Joue-t-elle un rôle où est-elle vraiment schizophrène ? Et si oui, laquelle de ses personnalités a commis les meurtres ? Le thérapeute va-t-il en sortir indemne, ou bien va-t-il se perdre lui aussi dans les méandres du labyrinthe ? Et ce flic qui semble avoir des visions révélatrices, est-il médium, ou y a-t-il autre chose ?
Une interprétation magnifique de Sylvie Testud, qui nous livre ici les multiples facettes de son jeu, capable d'interpréter une variété de personnages en un seul plan-séquence, dans lequel on *voit* immédiatement son personnage. Un talent réel qui a encore renforcé mon admiration pour cette actrice. La séquence, vue de dos, où elle se transforme, physiquement, en minotaure est simplement magnifique : aucun effet spécial, juste un jeu avec ses muscles, pour un résultat bluffant. Lambert Wilson est également très bon, et Frédéric Diefenthal dans un rôle qui ne ressemble à aucun de ses autres rôles.
La révélation finale appelle un second visionnage très rapidement, non pas pour mieux comprendre comme dans certains films, mais pour savourer le scénario et le jeu d'acteur sans la moindre fausse note, et qui nous saute aux yeux lorsque l'on connait la vérité :
Le fait que l'on parle tout le temps du "patient", de la "personne" ou de l'"enfant", pour éviter de dire "il" ou "elle" ; Le retour de Lambert Wilson à l’hôpital, où tout le monde se retourne sur son passage et la savoureuse réplique du médecin chef : "Non, elle est revenue toute seule" ; Wilson attaché à son lit d'hôpital avec le crâne en sang, soi-disant emprisonné par le minotaure ; Michel Duchaussoy qui regarde Lambert Wilson et non Sylvie Testud pendant l'entretien...
Autant d'indices tellement évidents, mais que l'on ne voit pas au premier visionnage.
Un chef-d’œuvre véritable, qui fait de
Shutter Island
un pâle remake prévisible lorsque l'on a vu auparavant Dédales.