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Bertie Quincampoix
108 abonnés
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3,5
Publiée le 6 décembre 2020
Fernando León de Aranoa nous rappelait en 2002 que le cinéma espagnol ne se résume par à (l’excellent) Pedro Almodóvar mais qu’il peut aussi produire des drames sociaux de premier plan. En nous embarquant dans le quotidien d’anciens collègues d’un chantier naval poussés au chômage, il montrait que le désespoir est tout aussi pénible au soleil. Dans la lignée d’un film de Ken Loach, ses personnages aux accents tragicomiques se battent pour préserver leur dignité dans un monde en mutation qui n’offre plus guère de place à la considération humaine. Ce film drôle, émouvant et d’une grande finesse, est porté par une superbe bande d’acteurs.
S'il est un film noir sur la crise économique qui frappe l'Europe depuis plusieurs décennies c'est bien "Les lundis au soleil". On pourrait croire que la pellicule est encore toute chaude tellement sa vision de l'Espagne paraît actuelle . Le problème est que Fernando Leon de Aranoa a conçu son film en 2002 et que rien ne semble avoir changé depuis si ce n'est en pire. C'est la chute des chantiers navals de Vigo qui sert de trame de fond à cette histoire malheureusement devenue banale. De Aranoa nous conte le destin d'une poignée de syndicalistes après que le combat pour la sauvegarde de leur outil de travail soit perdu avec comme symbole ce cargo inachevé en cale sèche dans le port devant lesquels les hommes se retrouvent souvent. Chacun a suivi son chemin comme il a pu face à ce drame, tentant de ne pas perdre sa dignité dans une société qui accorde peu de place à ceux qui sont un moment descendus du train en marche. Certains comme Santa ont gardé la rage au cœur en refusant toute compromission avec le système, d'autres comme José ou Amador se laissent aller à tutoyer la bouteille, désagrégeant lentement leur couple, d'autres encore comme Lino tentent de donner le change dans les entretiens d'embauche où ils doivent faire face à beaucoup plus jeunes qu'eux. De Aranoa complètement en empathie avec chacun de ses personnages parsème son film de quelques scènes déchirantes comme celle où Lino ayant masqué ses cheveux blancs sous une teinture bon marché voit celle-ci lui dégouliner dans le cou alors qu'il est dans la salle d'attente d'un casting de recrutement. C'est aussi la mort d'Amador qui aura tenté jusqu'au bout de faire croire aux autres que sa femme était en voyage alors qu'elle avait quitté le foyer le laissant seul face à son alcoolisme et à sa détresse et que Santa retrouve inanimé sur le toit du hall d'entrée après une chute accidentelle ou un suicide. C'est ainsi que se termine parfois le dur combat de chacun pour conserver sa dignité après que la porte des chantiers ou des usines se soit refermée. On pense bien sûr à tous ces groupes de salariés qui défilent désormais devant nos écrans de télévision le temps d'un dernier combat tels la chèvre de Monsieur Seguin qui aura combattu toute la nuit. Ces groupes que l'on surnomme du patronyme de leur entreprise comme les Conti , les Moulinex ou encore les Goodyear alors que celles-ci sont en train de les abandonner. De Aranoa fait écho à Ken Loach en Angleterre ou Guédiguian en France pour témoigner des ravages du capitalisme devenu fou sur les populations d'ouvriers à qui l'on reproche désormais d'être mieux rémunérés que leurs homologues chinois ou roumains. Le film bénéficie de la présence d'acteurs confirmés comme Javier Bardem et Luis Tosar . Un Javier Bardem massif d'avant sa mue hollywoodienne qui lui a fait perdre un peu de sa force brute. Le film a reçu moult récompenses aux goyas espagnols en 2003 mais De Aranoa est resté étrangement muet depuis ce coup d'éclat qui l'avait porté brutalement au firmament du cinéma espagnol. Ce ne sont pourtant pas les sujets d'indignation qui manquent ! Vite monsieur De Aranoa le cinéma a aussi besoin de metteurs en scène comme vous pour que nos mémoires se souviennent.
Excellent, sublime au possible sur ce thème qui ne fait pas trop rire: Le Chômage! Mais comme dans Mar Adentro, Javier Bardem nous fait rire, c'est vraiment un bon acteur!
Bardem excellent. Le scénario ne verse pas dans le pathos ou le manichéisme, ce qui est un peu le piège dans ce genre de film sur la misère des chomeurs. Les personnages sont touchants, et réalistes avec leurs qualités et leurs défauts, leurs erreurs, leurs galères.
Quand le cinéma hibérique lorgne vers celui de la perfide Albion, il produit cette belle réalisation, sans pathos ni leçon de moral...mais une histoire juste sur la 'naval' à l'espagnol...et puis, la présence de Javier Bardem au générique...à me rendre hystérique...moi, je passerais bien tous les jours de mes semaines sans Soleil en sa compagnie ! Reste cette fin de film, un peu baclée à mon goût...
Un film que je n'avais pas prévu d'aller voir. Superbe interprétation (en VO...), des personnages loin d'être caricaturaux, à la fois victimes et acteurs de leur condition. Quelques pointes d'humour qui nous rappellent quelques comédies anglaises sur fond de conflit social... Sans être prise de tête, ce film nous livre une réalité parfois dérangeante, parfois déprimante... une réalité quoi !