J’ai préféré le premier opus de la trilogie, le défi anglo-saxon est moins parlant, plus exubérant, mais moins poétique, malgré quelques torts de forces, dont ce surprenant hommage à Chaplin, dans un moyen-âge obscurantiste et en même temps hauts en couleurs. Sans doute Pasolini a-t’il supposé que l’œuvre de Chaucer se suffisait-t-elle à elle-même. Il semble avoir choisit une adaptation fidèle à la lettre. C’est vrai que ces contes sont gratinés, très beaucoup. On rie, on boit, on baise, on mange, ça pète, ça chie et ça pète, même en enfer, ça trahi, ça tue, ça pisse même, et toujours avec le sourire de la connivence. Se sont plus des anecdotes mises en images, presque des blagues de potaches avec un vernis littéraire dessus, mais la reconstitution d’époque, et le talent de raconteur du maître italien font fonctionner à merveille la machine à dépaysement direction le moyen-âge européen. C’est vrai qu’il ne se départit pas d’un maniérisme qui aurait du mal à passer aujourd’hui, mais c’est une de ces marques de fabrique, marque déposée, on va dire, on pardonne, car il décrit bien la condition humaine, la corruption, les pulsions et toute la boue cachée sous la farce sociale. Mélange de rêve, de grotesque, de farce iconoclaste, et sans morale pour sauver la face. Et puis tous ces personnages tout droits sortis d’outre tombe, ont l’air de vouloir nous dire : « Regardez-nous, ou plutôt regardez-vous, vous êtes comme nous ».