Sedmikrasky, ou les Petites Marguerites par chez nous est direct de ces films que l'on croise, et que l'on oubliera plus ! Vera Chytilova dont j'ignorais encore tout ce matin, dont je n'en sait au fond pas beaucoup plus à midi, vient de suite titillé mes envies de voir et prendre pour ce qu'il en est le restant de sa filmographie toute entière.
De sin générique déjà, il faut en parler. De cette machine qui bat la mesure au rythme de sa musique, entre ses explosions qui s'y insèrent sur cette même tessiture, aux deux jeunes femmes que l'on découvre innocemment et avec lesquelles nous serons immédiatement complices, du noir et blanc en passant par la couleur, tout l'univers nous y entrainent. Follement, dans une ardente danse aussi joviale qu'enfantine et si l'on si penche vraiment tragique. Une pure comédie qui est belle et bien psychédélique mais pas absurde. Enfin, si vous me suivez ?
De danse, donc, l'on commence, au pied d'un pécher, de la cueillette de son fruit jusqu'à une bascule, ou le noyau fait office de pont entre ses raccordements assez filou. La liberté dans ce monde qui semble la perdre, de cette époque de fascination pour le désordre, dans cette pulsion ou la philo et l'analyse des retombées poussent vers ce rire, sublime et gras aussi, raconte toute une histoire qui se résume de cette façon : Courez avec les ciseaux !
Nos deux héroïnes, soi-disant " sœur " ont le partage des taches comme entente dans ce partenariat ou la blonde et la brune œuvrent et vogue dans cette direction unique, tout ratissé, découvrir et brulé ! Question, réponses, pourquoi pas des contradictions, puisque la conduite n'a ici de sens, de morale, d'idée autre que la fin / faim justifie les moyens, la perte déguisé de tout intérêt, sauf du rire. Elles s'amusent, nous avec, à l'image de ces sauts sur cette banquette, là ou le spectacle transite d'un espace à un autre, ou la tribune sur fond rouge encore plus rouge vole la vedette à tous. La chambre, d'une couleur verte, ou tout est vert d'ailleurs, des habits, aux condiments, à la parure du lit, comme tout se qui s'y niche n'a rien ici d'un espoir. Le pied de nez est dans faire un total contraire, un contrexemple ou l'on croque pour une parenthèse consciente d'une scission dans la vie, qu'une mort pourrait contré ... Une personnalité chez l'une et l'autre à aussi plus de conscience dans ce " duel " qui s'installe, avant d'être balayé par la reprise de la fête.
" - Regarde un ange qui ne vole pas ! " Cette phrase, à même les chiottes est de celle m'ayans le plus percuté. Pourtant le film en a d'autres, comme celle finale, iconique, sur fond rouge, dans les explosions, une synthèse de ses débuts, mais c'est celle-là qui m'a vraiment procuré une sensation qui l'a de suite ne saurais s'écrire ...
Elles tranchent de suite vers cette chambre ou les saucisses sont décimés, ou les fruits anéantis par cette paire de ciseaux qui officie comme métaphore aux découpages, qui lui aussi, dans sa pratique s'insert dans le paysage ubuesque de la narration, dans le geste de sa cinéaste qui filme ses actrices comme des totems, des références indéboulonnables. Dans son cru, de par ses parties pris, ses convictions, dans cette origine du monde ou la " dépravation " est remède aux maux, au troubles, au vacarme insolent de cette situation qui s'en contente, s'en gave, j'en prend ses vieux hommes ici éconduit, reconduit aux trains qui habituellement s'en sortiraient, on le sait, d'une autre pirouette que de celle auxquelles on assiste. On retiens une émancipation, autre que celle que l'on tartine pour le politiquement correct. Car oui, ici, les petites marguerites vont marchés sur les autres, et non pas l'inverse ...
A force de s'ennuyé de l'ennui, le jeu devient encore plus appuyé, grossier, on bouffent et gaspillent avec virulence sur cette conception de table, bien dressé, toute éclatante, qu'un malin plaisir à y mettre le pied donne une autre entité à son regard d'ensemble. On danse, une fois de plus, devant une ribambelle de cadenas, se livre à une joute ou le festin est devenu une farce ! Le bon coup de fourchette à une fin, un poids, disons-le.
Le murmure du petit ménage, ou le verre brisé n'est plus jouissance car on ne répare pas ce qui est brisé siffle une seconde terminaison, semblable, mais d'une autre peur qui complète la joie de sa fièvre première. Etre heureuse, c'est vivre d'excentrisme, d'être touché par cette grâce qui nous fait sauté dans les flaques d'eau !
Un film incroyable, qui s'achemine, j'y reviens, sur une ultime détonation, avec une indignation pour la postérité ! Car plus que de flaque d'eau, c'est de salade que l'on s'abreuve ...
Une comédie à la fois enfantine et féroce, difficile à suivre, surtout à 6 h du matin, avant même le café, mais qui ruisselle de sa détermination, un modèle de film, une forteresse de liberté, sans la dénaturé car oui, ce mot est bien trop souvent galvaudé, repris par ceux et celles qui n'en ont au fond qu'horreur et y trafiquent toutes leurs misères dans cet état de fait macabre, bouleversant mais horrible, à ne plus rien n'y comprendre ...