Naqoyqatsi est le dernier opus de la trilogie, et hélas le moins bien des trois. Et ce, pour trois raisons :
D'abord, la musique. Très dramatique, onirique, envoûtante, et cetera et cetera, il y a beaucoup d'adjectifs élogieux qui peuvent la décrire, car elle est super bien. Seulement, c'est à peu de chose près la même que dans le premier film... Et ça c'est sacrément dommage. J'exagère un peu, plusieurs morceaux sont nouveaux, et tout les thèmes utilisés ont été remixés, mais il n'empêche que cela suffit à donner l'impression de voir une copie de Koyaanisqatsi.
Ensuite, l'image. Contrairement aux deux premiers opus, Naqoyqatsi utilise des images numériques. Pourquoi pas. Mais la force des deux premiers résidait en partie dans l'aspect terre-à-terre, dans le réalisme et la crudité des images. L'utilisation des images de synthèse est une bonne idée, cela donne l'impression que ce que l'on voit est surréaliste, alors qu'en fait ce n'est qu'un simple masque posé sur la réalité qui nous entoure ; mais pendant tout le film, au bout d'un moment c'est lourd. De plus le film a un gros problème de rythme. Il ouvre sur deux plans séquence de cinq minutes au total sur un bâtiment détruit, puis vingt minutes après on se retrouve avec un flot d'images de synthèse en constante accélération. Donc sur vingt minutes, on a vu énormément de choses, on en a pris plein la vue, trop plein la vue, mais on a quand même eu le temps de se faire chier. C'est vraiment dérangeant à la longue. Et puis, défaut classique de nos jours, il ya beaucoup trop de changement de plans. Certaines séquences en images de synthèses sont vraiment désagréables tant on change souvent de point de vue.
Enfin, le propos. Na qöy qatsi, cela veut dire "la guerre comme façon de vivre" en Hopi (les Hopis sont une tribu amérindienne d'Arizona). Le film parle donc de la violence de notre société, de la manière que l'on a de l'idéaliser et de l'appréhender, en en faisant un objet du quotidien. Et bien c'est pas évident du tout quand on est assis devant ce film. J'exagère (encore). Il y a une bonne moitié du film qui traite clairement de ça. Des manifs, des images de guerre inédites, des explosions nucléaires impressionnantes, des rébellions... Même des séquences de Doom, le papa du jeu de tir à la première personne. C'est clair, et ça nous remet en question quand à notre rapport très détaché vis-à-vis de la violence. On a beau se dire civilisés, nous les humains sommes des barbares. Malheureusement, de longues séquences s'éloignent de ce propos. Je ne doute pas qu'il y ai un rapport, mais c'est trop difficile à trouver. Exemple : vers la fin du premier quart, on a toute une flopée d'images métaphoriques représentant notre monde et notre société comme une somme d'informations binaires 01010111001, comme une engeance déshumanisée. C'est fort, c'est percutant, mais après quelques minutes, on nous montre des fractales. Ok, c'est magnifique, mais c'est quoi le rapport ? On se croirai dans une version remasterisée de l'Odyssée de l'Espace ! Personnellement je peux pas m'aventurer plus loin dans l'interprétation.
Pour conclure sur cet opus-là, mon avis est assez mitigé. Fort de nombreuses métaphores puissantes et d'un message qui restera toujours d'actualité, Reggio commet des erreurs qu'il n'avait pas commis avant. Et c'est fort dommage ! Car c'est vraiment quelquechose à voir, on en ressort avec un point de vue différent sur le monde. Si vous voulez vous faire toute la trilogie, commencez par celui-là. Il vaut mieux garder le meilleur pour la fin.