Le Fantôme de l’Opéra version Argento est un film assez déconcertant. Par certains aspects il donne vraiment envie de l’aimer, et puis par d’autres on sent que le réalisateur a énormément de mal à vivre avec son époque, et dès qu’il « ose », on se retrouve avec du très lourd dans la nanardise.
Il y a de vraies bonnes choses. Déjà une très bonne bande son, signée par un compositeur bien connu, et qui est un ravissement à entendre, bien qu’on aurait aimé l’entendre encore davantage.
On peut aussi souligner, compte tenu d’un budget limité, des décors appréciables, bien que pas exceptionnels, et une photographie de qualité jouant fort bien des contrastes entre chaleur et froideur, là-dessus il n’y a pas grand-chose à redire, c’est efficace.
Enfin on pourra aussi souligner des effets horrifiques bien faits, quoiqu’utilisés souvent n’importe comment. En effet, c’est déjà un problème, et pas des moindres, Argento utilise son gore de façon complétement incongrue. Les effets sont bons dans l’ensemble, mais on sent que le réalisateur n’a pas trop su comment les introduire, et au mieux ils sont gratuits, au pire ils sont risibles tant ils arrivent aux pires moments et sentent la grandiloquence à plein nez.
La mise en scène d’Argento n’arrange pas vraiment les choses. Se voulant très explicite, très démonstratif, il en oublie de trop les émotions, les sentiments, et délaisse parfois même l’ambiance, son point fort, s’attardant sur de menus détails pas très passionnants. On sent que le réalisateur voulait un film moite, avec du sang, de la chair, et après tout c’est son droit, mais il faut une mise en scène irréprochable pour cela pour échapper au racolage, et Argento n’est pas en pleine possession de son talent ici.
Le casting n’est pas déplaisant, et aurait pu être accrocheur. Asia Argento est correcte bien qu’en léger surjeu, comme souvent chez elle, Julian Sands était un bon choix pour le fantôme mais son personnage manque de relief et de consistance. Pour le reste il y a quelques seconds rôles haut en couleur qui pimentent agréablement l’ensemble, en particulier la très expensive Nadia Rinaldi. Je dirai que les acteurs font le travail, mais que les personnages manquent sérieusement d’écriture et de relief.
Enfin le scénario est un souci. Blindé de scènes aux limites du ridicule (les chasseurs de rats), le métrage se disperse beaucoup trop en séquences anecdotiques balourdes, et s’éloigne de son propos principal trop laissé de côté. Le film ne manque pas de gore et de sexe, mais peu d’émotion, peu de tension, le film ressemble davantage à une orgie romaine par moment qu’à un film fantastique dont la base reste quand même l’amour. De bons moments (et il y en a, faut pas se mentir) ne parviennent pas vraiment à faire passer l’impression d’assister à un spectacle très décousu en terme de qualité.
Enfin je dirai un mot quand même de quelques effets visuels pour les extérieurs pas terrible.
En conclusion cette vision du Fantôme de l’opéra conserve des arguments, mais pas assez pour s’élever à la moyenne. Pas vraiment pénible à suivre, mais il y a trop de balourdise pour emporter le morceau. 2.