Noël Coward, au côté duquel David Lean débuta sa carrière de réalisateur (cf. Ceux qui servent en mer, suivi de trois adaptations de ses pièces par ce dernier, et leur association au sein de Cineguild), avait un incontestable talent pour les remarques (drôlatiquement) perfides. Il expliqua ainsi, au sortir d’une avant-première de Lawrence d’Arabie, que si Peter O’Toole avait été encore un petit peu plus "joli", le film aurait fini par s'appeler... Florence d’Arabie.
C'est le Français Maurice Ronet (Ascenseur pour l'échafaud) qui devait à l'origine tenir le rôle d'Omar Sharif dans Lawrence d'Arabie. Mais son refus de porter des lentilles de contact bleues lui coûta sa présence au générique. C'est donc finalement l'Egyptien Omar Sharif qui incarna le prince du désert aux yeux bleus Ali Ibn el Kharish.
Lawrence d'Arabie marque la première collaboration du réalisateur David Lean et du chef opérateur Freddie Young, trois ans avant Le Docteur Jivago. Les deux hommes retravailleront une dernière fois ensemble en 1970 sur La Fille de Ryan. Bilan pour le chef opérateur : trois Oscars... Même chose pour le compositeur Maurice Jarre (qui recevra lui son troisième Oscar made in Lean pour La Route des Indes).
Avant d'échoir à Peter O'Toole, le rôle-titre de Lawrence d'Arabie avait d'abord été proposé à Marlon Brando. Ce dernier refusa le film pour tourner Les Révoltés du Bounty. On peut à ce propos rappeler que David Lean essaya à la fin des années 1970 de monter un film sur la fameuse mutinerie (finalement réalisé par Roger Donaldson, Le Bounty), puis envisagea d'engager Brando pour son adaptation du Nostromo de Joseph Conrad - film que le cinéaste n'eut pas le temps de réaliser, emporté par un cancer.
Lawrence d'Arabie a été en partie tourné dans le désert d'Almeria, en Espagne (ainsi qu'au Maroc, en Jordanie et en Syrie). Son passage y a d'ailleurs laissé quelques traces. En effet, des palmiers avaient été plantés pour les besoins du film. Par la suite, ces palmiers se sont multipliés dans une petite zone du désert d'Almeria, aujourd'hui appelée "l'Oasis". Et pour quelques dollars de plus, de Sergio Leone, comporte d'ailleurs une scène se déroulant dans cette oasis.
Pour incarner le rôle d'Auda abu Tayi, le comédien Anthony Quinn s'est fait poser un faux nez.
Avec Lawrence d'Arabie, le comédien irlandais Peter O'Toole se révèle au grand public. Il se fera ensuite notamment remarquer dans les longs métrages La Nuit des généraux et Le Dernier Empereur. A noter, Peter O'Toole et Anthony Quinn, tous deux au générique de Lawrence d'Arabie, avaient déjà collaboré trois ans plus tôt sur Les Dents du diable.
Le réalisateur David Lean souhaitait à l'origine engager l'acteur Albert Finney pour le rôle-titre de Lawrence d'Arabie. Le nom de Marlon Brando fut également mentionné. Au final, c'est Katharine Hepburn qui incita le producteur Sam Spiegel à engager Peter O'Toole.
Lawrence d'Arabie est une adaptation à grand spectacle de la vie de Thomas Edward Lawrence, d'après son propre livre Les Sept Piliers de la sagesse, paru en 1926. Né en 1888, le lieutenant britannique T.E. Lawrence mena une vaste opération en Arabie durant la première guerre mondiale en menant la révolte des Bédouins contre les Turcs. Surnommé "le libérateur de Damas", il fut l'un des principaux artisans de l'unité arabe. Suspecté par certains d'exercer une influence occulte sur la politique internationale, ce personnage complexe est une figure incontournable de l'histoire du XXème siècle. Il est mort en 1935 à l'âge de 46 ans.
Lawrence d'Arabie permet à l'équipe du Pont de la rivière Kwai de se reformer. Après le succès de ce dernier film, le producteur Sam Spiegel et le réalisateur David Lean désiraient mettre en chantier un projet d'envergure. Ils trouvèrent matière à cette ambition dans le récit de T.E. Lawrence dont ils acquirent rapidement les droits. Un premier scénario, rédigé par Michael Wilson et jugé "trop américain" à leurs yeux, fut rejeté. Robert Bolt fut ensuite engagé, Sam Spiegel ayant fortement apprécié sa pièce de théâtre Un homme pour l'éternité.
Anthony Quinn a incarné des personnages de différentes nationalités tout au long de sa carrière. Si dans Lawrence d'Arabie le comédien d'origine mexicaine incarne l'Arabe Auda abu Tayi, il s'est également glissé dans la peau d'un Grec (Zorba le Grec, Les Canons de Navarone), d'un Basque (Passeur d'hommes, Les Centurions) ou encore d'un Indien (Buffalo Bill et les Indiens, La Charge fantastique).
Lors d'une scène située le long du Canal de Suez, le conducteur d'une moto s'exclame "Qui êtes-vous ?". Une phrase qui pourrait être sans importance, sauf que la voix du conducteur est celle du réalisateur David Lean, qui fait donc une amusante "apparition" dans son film, même si ce n'est pas lui qui est physiquement sur l'engin.
David Lean, le réalisateur de Lawrence d'Arabie, a souvent ancré ses récits loin de son Angleterre natale. En témoignent les longs métrages Le Docteur Jivago, Le Pont de la rivière Kwai ou encore La Route des Indes.
Peter O'Toole ne fut pas le seul à voir sa carrière décoller à la suite de ce film. Après un début de carrière dans son Egypte natale, Omar Sharif se révèle internationalement avec Lawrence d'Arabie et le rôle du Shérif Ali Ibn el Kharish. Il apparaît ensuite dans des films tels que La Chute de l'empire romain, La Vallée perdue ou encore Le Docteur Jivago, dans lequel il retrouve David Lean, le réalisateur de Lawrence d'Arabie.
Lawrence d'Arabie a raflé sept Oscars en 1963 : meilleur film pour Sam Spiegel, meilleure réalisation pour David Lean, meilleure photographie pour Freddie Young, meilleure direction artistique pour John Cox, John Stoll et Dario Simoni, meilleur montage pour Anne V. Coates, meilleur son pour John Cox et meilleure musique pour Maurice Jarre.
Si Lawrence d'Arabie a attiré un large public dès sa sortie, le long métrage a toutefois divisé les opinions. La nature du personnage de Lawrence, d'abord attachant avant de se faire plus trouble, en est la principale cause. Le scénariste Robert Bolt explique que ce double sentiment d'attraction/répulsion ressenti par le public est logique : "Lorsque les hommes font la guerre, leurs plus grandes qualités se retournent contre eux. Leurs vertus sont mises au service de la destruction et du carnage. En temps de guerre, nous n'avons pas besoin de chercher un vilain, les héros suffisent..."
Deux personnages de Lawrence d'Arabie permettent de prendre un peu de recul par rapport à cette grande épopée, d'avoir un regard extérieur : le personnage du diplomate Dryden, incarné à l'écran par Claude Rains, et celui du journaliste Jackson Bentley, joué par Arthur Kennedy (le seul personnage spécialement inventé pour le film).
La musique de Lawrence d'Arabie a été composée par Maurice Jarre, auteur notamment des musiques de L Etau, des Professionnels et de Paris brûle-t-il ?. Maurice Jarre a collaboré à trois autres reprises avec David Lean : sur Le Docteur Jivago, La Fille de Ryan et La Route des Indes.
La scène de la bataille de Damas est l'une des plus impressionnantes du long métrage Lawrence d'Arabie. 2000 cavaliers furent "prêtés" par l'armée marocaine à l'occasion de sa reconstitution pour le grand écran, près de Ouarzazate.
Pour la ressortie en salles de Lawrence d'Arabie en 1989, plusieurs scènes de dialogues manquaient à l'appel. En conséquence, le réalisateur David Lean rappela l'acteur Peter O'Toole, qui ré-enregistra certains des dialogues récités vingt-sept ans plus tôt.
La majorité des mouvements dans Lawrence d'Arabie présente la particularité d'aller de la gauche vers la droite. Le réalisateur David Lean explique son choix par la volonté d'insister un peu plus sur la notion de "voyage" dans le film.
Sur les 216 minutes que dure Lawrence d'Arabie, il est à noter qu'aucun personnage féminin ne parle, et ce même si des femmes sont visibles à l'écran. Le long métrage ne laisse ainsi la parole qu'aux hommes.