L'envie de faire un film au Japon est venue après plusieurs voyages de Sofia Coppola dans ce pays. Celle-ci se souvient : "L'idée a mûri en passant du temps à Tokyo, notamment au Park Hyatt : j'aime bien le fait que, dans les hôtels, ont finisse toujours par croiser les mêmes personnes, une sorte de complicité se crée, même si on ne les connaît pas, et même si on ne leur parle pas. Le fait d'être étranger au Japon rend les choses encore plus décalées. On souffre du décalagehoraire, et on fait le bilan de sa vie au milieu de la nuit."
Pour l'écriture du scénario, Sofia Coppola s'est basée sur des photos rapportées de ses séjours au Japon et d'un film vidéo réalisé à Tokyo un an avant le tournage. Beaucoup des lieux où se déroule l'action de Lost in translation sont des endroits où la réalisatrice est allée. Fumihiro Hayashi, un ami à elle qui chante God save the queen dans le film, lui a notamment fait découvrir ses lieux.
Avant de travailler sur ce film, Giovanni Ribisi et Sofia Coppola se connaissaient déjà, puisqu'il avait été le narrateur invisible de Virgin suicides. La réalisatrice explique : "Je voulais le filmer cette fois-ci ! Il apporte de l'humour à son personnage alors que, généralement, il joue des rôles plus sérieux. C'est un de mes acteurs préférés."
Pour les thèmes musicaux, Sofia Coppola a travaillé avec Brian Reitzell, qui joue de la batterie pour le groupe Air. C'est d'ailleurs cette formation qui a composé la bande originale de Virgin suicides, le précédent long métrage de la cinéaste. Brian Reitzell avait préparé une compilation "Tokyo dream-pop" à écouter pendant que Sofia Coppola écrivait le script. Des morceaux de ce florilège ont finalement été utilisés, tout comme des titres originaux écrits par Kevin Shields
Sofia Coppola n'a pas souhaité tourner en vidéo, car elle voulait que le film ait une texture romantique, l'aspect d'un souvenir. La réalisatrice s'explique : "Il n'y a que le film traditionnel qui puisse donner ça. Avec la pellicule à haute sensibilité que nous utilisions (la 5263 de Kodak), onpouvait aller partout et tourner sans éclairer. La pellicule ne survivra peut-être pas longtemps, alors autant en profiter tant que c'est possible. Elle possède quelque chose de nostalgique, elle crée une légère distance, tandis que la vidéo est le "medium" du présent."
Comme Sofia Coppola voulait une vision spontanée de Tokyo, le directeur de la photographie Lance Acord devait travailler vite, discrètement et sans éclairage. Ils ont alors décidé de "voler" des images, les passants devenant des figurants. N'ayant par ailleurs pas l'autorisation de tourner dans le métro, les membres de l'équipe devaient toujours être en mouvement pour que personne ne les arrête.
Sofia Coppola a écrit le rôle de Bob Harris pour Bill Murray ; la cinéaste a confié que si le comédien avait refusé, elle n’aurait pas tourné le film. L’acteur a tout de même joué avec les nerfs de la réalisatrice en attendant le tout dernier moment avant de se montrer sur le plateau à Tokyo, une semaine avant le début du tournage. Le comédien avait en effet son accord mais sans signer de contrat. À noter que Coppola n’a d’ailleurs pas hésité à faire le forcing pour attirer l’attention de Bill Murray, lui laissant plus d’une centaine de messages sur son répondeur dans le but d’obtenir un rendez-vous pour lui parler du rôle. Elle a même sollicité l’appui de Wes Anderson, ami de Murray.
Lost in Translation est en partie basé sur le vécu de Sofia Coppola. En effet, la réalisatrice a effectué plusieurs voyages au Japon durant les années 90, notamment dans le cadre de la promotion de son premier film, Virgin Suicides. Par ailleurs, l’hôtel Park Hyatt de Tokyo, où une grande partie du film a été tournée, est un des endroits préférés de la cinéaste.
Le titre, Lost in Translation, fait référence à une phrase du poète américain Robert Frost : « Poetry is what gets lost in translation ». On pourrait traduire cela par : « La poésie réside dans ce qui est perdu dans la traduction. » La séquence du tournage de la pub Suntory, dans laquelle Bill Murray se fait traduire les instructions du réalisateur, illustre parfaitement cet adage.
Scarlett Johansson, sensuelle et magnétique dans Lost in Translation, n’était âgé que de 17 ans au moment du tournage. Le fait que son personnage, Charlotte, soit plus vieux, n’a pas posé problème selon Sofia Coppola. En effet, cette dernière aimait beaucoup la maturité émanant de Scarlett, magnifiée également par sa voix rauque.
Sofia Coppola a dû tourner en grande partie avec une équipe de tournage japonaise, ce qui a entraîné pas mal de soucis ; la cinéaste doit passer par un assistant pour faire traduire ses consignes, ce qui rallonge souvent les journées. Sauf qu’au Japon, on ne plaisante pas avec les horaires ! Par exemple, lors du tournage d’une séquence dans un restaurant, l’équipe s’est retrouvée entièrement dans le noir après que le gérant ait éteint les lumières à cause d’un dépassement de 10 petites minutes ! Au Pays du Soleil Levant, le moindre retard est considéré comme un manque de respect, l’incident a d’ailleurs malheureusement abouti à la démission du régisseur général japonais.