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Nisan21
8 abonnés
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3,5
Publiée le 26 octobre 2024
Sur un thème très rude, la réalisation est virtuose, avec une photographie léchée pour un véritable plongeon dans l'ambiance de ce quartier de New York.
Un drame existentiel sombre évoquant le trauma de l'Holocauste à travers le portait d'un rescapé d'Auschwitz hanté par son passé, servi par une mise en scène sublime, mais terni par une narration moins emballante.
Le prêteur sur gages a vu sa sortie en salles retardée de deux ans, la censure prétextant une scène de nudité. La raison plus crédible de la censure de ce film est à chercher dans son contenu. Sidney Lumet s’empare du traumatisme psychologique vécu par son personnage principal prénommé Sol (Rod Steiger, Ours d'argent du meilleur acteur en 1964) et survivant de l’holocauste. Bien qu’entouré, Sol, irascible, vit en solitaire. Sa boutique de prêts sur gages à New York, véritable capharnaüm, agit comme une prison non pas physique mais mentale pour Sol. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/festivals/lumiere/lumiere2022/#LPSG
On ne présente plus Sydney Lumet, dont la carrière parcourut plusieurs décennies qui lui permirent de réaliser plus de quarante longs métrages dont certains figurent parmi les joyaux du cinéma américain ( sa trilogie sur la police représentée par " Serpico", " le prince de NY", " Contre enquête ", mais aussi " l'homme à la peau de serpent"...)
Bien que souvent présent aux oscars et dans les plus importants festivals de cinéma européens, il ne fut couronné à part entière, qu'avec son premier opus " douze hommes en colère " ours d'or à Berlin.
" Le prêteur sur gages" (1963) , valut à Rod Steiger ( formé à l'actor 's studio) une nomination aux Oscars pour son interprétation ( exceptionnelle et bouleversante) dans ce portrait d'un homme dépassé par ses tourments intérieurs ( il fut déporté avec sa famille dans les camps et fut seul à en réchapper).
Tourné dans un noir et blanc qui magnifie New York et appuyé par une musique de Quincy Jones, " le prêteur..." permet aussi à Lumet de montrer sa virtuosité stylistique et ses qualités hors du commun de directeur d'acteurs.
La seconde partie est sans doute la plus poignante, que tout amateur de cinéma du patrimoine se doit de connaître.
Certes, ce n'est sans doute pas la meilleure réalisation du cinéaste, mais on n'est pas très éloigné des sommets d'une filmographie qui s'élève au-dessus de la canopée.
C’est une œuvre symbolique à plusieurs égards, ne serait-ce que par la construction hybride du récit sur l’évocation de la Shoah. Un professeur allemand d’origine juive, échappé des camps de la mort s’exile aux USA où il ouvre une boutique de prêts sur gages. Un environnement plutôt hostile, une fonction sans état d’âme, le héros en veut à la terre entière et le lui rend bien. Mais à la moindre incartade, un regard prononcé, un bruit de la rue et son passé ressurgit, traumatique et culpabilisant. Il lui faut l’affronter dans un climat peu propice, où même son apprenti Ortiz qui croyait en son enseignement, va le trahir. Pour l’un comme pour l’autre c’est la fin du rêve américain. Mais a-t-il vraiment commencé un jour s’interroge Sidney Lumet ? AVIS Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Un des meilleurs films de Lumet, où le désespoir d'un homme réchappé des camps d'extermination nazis devient plus intense à l'approche de la date anniversaire de la mort de son épouse. Rod Steiger y trouve peut-être le rôle de sa vie et Quincy Jones signe une musique moderne qui colle admirablement aux images.
On a clairement connu Sidney Lumet plus subtil dans sa démonstration, la lourdeur dont il fait régulièrement preuve ici empêchant clairement le film de prendre une autre dimension. Néanmoins, il serait injuste de limiter l'œuvre à ce seul aspect. Aussi pénible et appuyé soit tous ces flashbacks et parallèles avec la Shoah, reconnaissons à Lumet un vrai courage d'aborder la question en présentant un rescapé juif souvent antipathique, d'un égoïsme sidérant et rejetant presque tous ceux lui témoignant de l'affection. Il est d'ailleurs toujours intéressant d'observer ses réactions, son comportement, son discours, parfois vraiment imprévisible et pas forcément toujours où on l'attend, d'autant qu'il est interprété par un Rod Steiger monstrueux. De plus, l'auteur de « 12 hommes en colère » montre quelques belles inspirations, notamment cette étonnante musique jazzy signée Quincy Jones en totale contradiction avec l'univers qu'il décrit, des silhouettes venant rythmer le quotidien de Sol ou cette volonté de rendre constamment crédible l'évolution de cet anti-héros à travers différentes phases bien décrites. Une œuvre relativement mineure dans la carrière du cinéaste, mais ayant le grand mérite de l'audace et de ne pas laisser indifférent : voilà qui est important à souligner.
Très déçu par ce film de Sidney Lumet, que j'apprécie beaucoup par ailleurs. Film trop long avec des passages sans aucun intérêt et quelques scènes beaucoup trop caricaturales. De plus, que penser de la fin ?
Film lourd de sens, "Le prêteur sur gages" sorti en 1964 fait partie de la période où Sidney Lumet venu de la télévision et très sensible à l'influence de l'Actors Studio, adapte essentiellement des pièces de théâtre des grands auteurs américains de son temps (Reginald Rose, Eugène O'Neill, Arthur Miller, Tennessee Williams) dans un style encore un peu empesé dont il commencera à se défaire à partir de ses rencontres avec Sean Connery puis Al Pacino. "Le prêteur sur gages" est incontestablement de cette veine où la démonstration sans aucun doute très méritoire est distillée avec force de conviction mais sans trop de nuances. Le roman d'Edward Lewis Wallant qui traite de l'impossible oubli qui hante ceux qui ont connu les camps de la mort propose typiquement un sujet propre à éveiller la curiosité insatiable de l'humaniste aux racines juives qu'était Sidney Lumet. Sol Nazerman (Rod Steiger), rescapé de l'holocauste alors que toute sa famille a été décimée par la folie nazie est victime du "syndrome du survivant" longuement décrit dans leurs ouvrages par Elie Wiesel ou Bruno Bettelheim. Émigré en Amérique, il exerce la profession de prêteur sur gages, sans doute la pire caricature de ce qui a toujours été reproché au peuple juif. À savoir, profiter de la misère des autres pour s'enrichir sans scrupule et surtout sur une terre qui n'est pas la leur. C'est exactement la fonction du prêteur sur gages comme si Sol Nazeman pour expier sa faute de ne pas avoir péri avec les siens voulait donner une raison à l'un des relégués de la société de consommation américaine qui fréquentent son échoppe d'accomplir ce que les nazis n'ont pas réussi à faire quelques années auparavant. C'est donc une sorte de mise au pilori que s'inflige Sol Nazeman interprété par un Rod Steiger bouleversant malgré les bouffées de dolorisme assez caricaturales héritées de Lee Strasberg qui viennent entamer la vraisemblance de son jeu. Dans un souci d'efficacité et sans doute pour éviter l'impression de théâtre filmé qui caractérise alors son cinéma, Sidney Lumet, aidé du chef opérateur Boris Kaufman qui l'accompagne depuis ses débuts, alterne les vues du New York populaire avec celles plutôt étouffantes du local sordide où Sol Nazeman retranché derrière son mutisme et les barreaux de son guichet reçoit la clientèle qui vient quémander de façon souvent pathétique le droit d'avancer encore un peu dans une société américaine où peu de place est faite à ceux qui ne sont pas parvenus à monter dans le bon wagon. La démonstration, on l'a dit méritoire, reste toutefois un peu lourde et il faudra encore quelques expériences pour que le grand réalisateur parvienne à une osmose parfaite entre dénonciation des injustices et divertissement. Les expériences anglaises très fructueuses de Lumet ("MI 15 demande protection" en 1971 et "The Offence" en 1975) avec Sean Connery serviront d'ultime révélateur pour lui permettre de livrer ses plus grands chefs d'œuvre. À noter, la très courte apparition de Morgan Freeman en figurant.
Un rescapé des camps d’extermination entretient avec le réel un rapport dissonant et discontinu, rongé par des souvenirs traumatiques qui l’assaillent et dont son environnement quotidien fait écho – haine raciale des habitants des quartiers pauvres de New-York, univers concentrationnaire du ghetto urbain, extorsions diverses. Dessinant en parallèle le portrait d’un homme non réconcilié avec son existence et celui d’une ville rongée par l’échec du melting-pot et par la violence du capitalisme sauvage, Sydney Lumet concilie dans un geste radical l’intime et le social. Comme toujours chez le cinéaste new-yorkais, l’homme est le produit de son environnement. Le côté expérimental du film a gardé sa puissance (utilisation audacieuse d’images subliminales, traitement hyper stylisé des décors, mise en scène expressionniste), même si le flottement narratif du récit induit des baisses de rythme et le côté appuyé du sujet n’évite pas certains raccourcis (la vision crépusculaire d’une Amérique livrée à ses pires démons). Audacieux dans sa forme, radical dans son discours et finalement très malaisant, ce « Prêteur sur gages » est un film à voir.
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4,0
Publiée le 19 novembre 2013
L'une des oeuvres les plus mèconnues de Sidney Lumet et pourtant l'une des oeuvres charnières du metteur en scène! En 1965, "The Pawnbroker" devait porter un coup dècisif au Code Hays! La comèdienne noire Thelma Oliver montrait ses doudounes dans une scène où elle tentait de sèduire un usurier (jouè par un grand Rod Steiger qui donne toute l'ètendue de sa palette d'acteur). Ce geste èvoquait alors chez le prêteur sur gages le souvenir de sa dètention dans un camp de concentration, où il avait assistè à l'humiliation de sa femme par un officier nazi! Compte tenu du climat tragique de la scène, l'Office Hays se laissa flèchir! On en profita d'ailleurs pour refondre entièrement le vieux code! Voilà qui explique sans doute pourquoi ce film reste toujours ètrangement absent des rètrospectives d'un technicien consciencieux formè par la TV, respectueux du texte et des interprètes (Steiger a rarement ètè aussi sobre). Rèalisè la même annèe que le splendide "The Hill", Lumet traite son sujet une fois de plus avec force et talent en filmant New York comme personne! La camèra portative et le son direct qu’utilise Lumet dans les rues new-yorkaises sont, à cet ègard, parfaitement à leur place en s'inscrivant plus que jamais dans la rèalitè d'une èpoque! Passionnant et attachant, c'est l'oeuvre d'un grand rèalisateur où le cinèphile attentif reconnaîtra un Morgan Freeman à ses dèbuts...
Dans sa longue filmographie, Le prêteur sur gages est un des films un peu oublié de Lumet qui a une bonne réputation. Mais, je suis assez déçu. Alors, il y a deux choses. La première, c'est la mise en scène de Lumet, qui est vraiment brillante par certains moments, il y a également un montage vraiment surprenant par moment, qui vient appuyer les troubles du personnage principal. Mais, la seconde chose, qui me plait moins, vient d'un manque d'enjeu dans le scénario. Tout reposer sur le personnage principal (très bien interprété par Rob Steiger, certes) et son incapacité à aller de l'avant (en même temps, on le comprend) est un pari risqué. Disons que le film perd en intérêt par moment, et il manque une sorte de fil rouge conducteur pour maintenir une sorte d'enjeu tout du long. Ce n'est pas un mauvais film, mais je n'ai pas plus aimé que ça.
Un rescapé des camps nazis vit à New York en tant que prêteur sur gages. Dans les camps, il a perdu femme et enfants. Il y pense toujours. Dans son magasin, c'est un homme dur même avec les pauvres, féroce en affaire. Il vit seul dans le souvenir du passé. Avec lui, il y a un jeune homme employé au magasin, qui veut apprendre le métier, mais qui est souvent maltraité par son patron. Suite à un vol, cela finira tragiquement. Beau film de Sidney Lumet, très bien réalisé techniquement, aussi à l'aise dans un magasin étroit et encombré, qu'en extérieur, dans la ville de New York. Très beau noir et blanc pour cette histoire émouvante sur le souvenir et la solitude. Rod Steiger y est admirable. Belle séquence d'errance dans New York. La fin est un peu caricatural, trop théâtral dans le jeu de Steiger.
Rod Steiger trouve ici un de ses plus beaux rôles en la personne de Sol Nazerman, prêteur sur gages rescapés des camps de la mort dont le quotidien est fait de misère et de violence. Le scénario est très bien écrit donnant de très beaux dialogues poignants et émouvants et Lumet sait soigner sa mise en scène et insérer les souvenirs de Sol au fur et à mesure que le film avance. Déprimant et poisseux, ce film colle aux tripes pour ne plus les lâcher. Magistral.