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Redzing
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4,0
Publiée le 18 juillet 2024
Pharmacien respecté, Duval tue une jeune femme sous le coup d'une pulsion malsaine. Mais c'est un autre qui est accusé. Et Duval se trouve juré du procès ! Va-t-il rester passif ? Enfoncer l'accusé pour garantir sa propre sécurité ? Tenter de démontrer l'innocence de celui-ci ? Mise à part la distribution dans laquelle on retrouve plusieurs de ses habitués, il est un peu difficile de croire que c'est George Lautner derrière la caméra. Le réalisateur, célèbre pour ses œuvres légères, livre pourtant ici l'un de ses meilleurs films. "Le Septième Juré" bénéficie d'un scénario diablement intelligent, assez imprévisible, et surtout très cynique. Le procès de la cours d'assise est finalement secondaire ici, devant le portrait au vitriol du monde des notables de petites villes. Des gens arborant une façade respectable, mais en réalité minables, incompétents, et présentés comme des conservateurs déconnectés de la jeunesse plus volage. Jusqu'au système judiciaire et policier qui en prend pour son grade ! Lautner s'autorise en outre plusieurs audaces de réalisation, telle la scène de meurtre introductive et sa nudité inhabituelle pour l'époque. Les visions de la victimes que subira le protagoniste. Ou les divers jeux récurrents de profondeur de champs. Tandis que les acteurs sont bien choisis. En tête, Bernard Blier, excellent. Qui joue tout en retenue, et qui convient parfaitement au notable qui parait bien sous tout rapport, mais que le poids de la culpabilité écrase peu à peu. Un solide drame judiciaire, qui a gardé toute sa force et son originalité.
Grégoire Duval est juré dans une cour d'assises qui doit se prononcer sur le meutre...qu'il a commis, et dont est accusé le jeune ami de la victime. Le film aurait pu n'être qu'un cas de figure judiciaire et mélodramatique, et Bernard Blier qu'une crapule laissant accuser un innocent à sa place. Mais le sujet va heureusement plus loin; il expose les tourments psychologiques du juré assassin et, surtout, introduit une métaphore satirique sur la bourgeoisie de province. On devine rapidement la portée symbolique de la jeune femme rayonnante et sensuelle que Duval, dans un moment de désir et de peur,spoiler: a étranglée. C'est l'idée de bonheur et de liberté que le pharmacien a étouffée sous le conformisme moral et social de sa classe. En voix off, Blier commente la mélancolique lucidité de son personnage, lequel n'a de cesse, durant le procès, spoiler: de disculper l'accusé. Celui-ci, honni et déja condamné par les notables réactionnaires de Pontarlier, est lui aussi la personnalisation de moeurs qui scandalisent la bourgeoisie ...Il est jeune, il est séduisant...
Lautner, grave une fois n'est pas coutume, n'est pas Clouzot ni même Chabrol. la noirceur sociale et humaine qui enveloppe l'intrigue judiciaire ne s'agrémente pas plus d'humour que de subtilité. On le voit surtout lors des scènes du procès, qui tournent vite à la caricature. Effets de manche et satire appuyés nuisent au propos et même contrastent avec la justesse de la composition de Bernard Blier. L'acteur domine sans mal une interprétation inégale, voire incohérente et médiocre (le denommé Jacques Riberolles dans le rôle du prévenu).
Ce film est une tuerie! Tout le monde en prend pour son grade, et la liste est longue : La bourgeoisie de province en premier lieu, puis la police, ensuite la justice, et puis encore la médecine légale, enfin les bonnes mœurs, ceux qui font qu'on n'accepte pas la liberté sexuelle de l'autre. Mai 68 n'est pas encore passé, mais on en ressent les prémices. Ce film est très fort, et ose dans une société qui n'est pas encore complètement prête à passer dans la libéralisation des mœurs. Et qu'on se rassure, ce n'est pas encore finie! Les acteurs sont excellents au possible, Blier et Biraud en tête, mais les autres sont tout juste derrière. A voir par tous ceux qui aiment les films fins, qui posent les jalons d'une société en devenir.
A travers le crime commis par un homme a priori respectable se tissent en parallèle la crise de conscience du meurtrier dont la voix off le rend inquiétant par sa banalité - sorte de Tempête sous un crâne revisitée - ainsi qu'une analyse de moeurs qui dissèque les attitudes, sentiments, préjugés de l'ensemble d'une communauté secouée par un assassinat dans lequel chacun joue un rôle de défense ou d'accusation. Porté par un saisissant Bernard Blier, le récit s'attache à dessiner la psychologie d'un microcosme de l'Humanité où l'on préfère accuser le marginal libertaire que celui qui se dénonce mais par sa culpabilité met en péril l'équilibre général du groupe jusqu'à un final inattendu. Pertinent, inquiétant, cynique!
C’est le procès et la condamnation sans appel de la morale bourgeoise qui sont faits dans ce film pré-68 au scénario habile et quelque peu caricatural, tiré d’un roman de Francis Didelot, et bien adapté au cinéma par l’excellent texte de Pierre Laroche. Filmé à Pontarlier et au lac de St-Point dans le Doubs (Franche-Comté), tout le monde fait son devoir dans cette sous-préfecture, y compris l’église…
L'intrigue est molle et portée par un casting tout aussi plat, le tout mis en scène sans aucune inspiration. La voix off monotone de Blier accentue un peu plus le côté soporifique du film, qui semble durer une éternité malgré son heure et demie. Et que dire de cette mascarade de procès, pas crédible pour un sou ? Non vraiment, il n'y a rien à sauver de cette histoire brouillonne et complètement dispensable.
Un chef d'œuvre ! Bernard Blier est exceptionnel (son meilleur film) et la réalisation de Lautner parfaite. L'histoire vous prend aux tripes et la voix off subtilement utilisée permet au spectateur de rentrer dans la peau de M. Duval, ce noble pharmacien qui a commis l'irréparable...
En 1962, Georges Lautner réalise Le septième juré. Alors que le cinéma français est agité par la Nouvelle Vague, ni le cinéaste ni ses films n’auront été invités à surfer sur cette vague. Pourtant, derrière une structure de narration classique héritée de « la qualité française », Le septième juré jouit de qualités tout à fait notables. Un large casting regroupant d’excellents acteurs parfaitement dirigés, une mise en scène soignée et variée font partie de celles-ci. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/2020/06/01/le-septieme-jure/
Un film qui a bien vieilli : outrancier malgré un excellent Bernard Blier, surtout dans ses monologues, ainsi que le regretté Maurice Biraud. . Mais on n'a jamais vu un procès d'assises aussi grotesque où c'est le 7e juré qui mène les débats. Francis Blanche est ridicule en procureur barbu. Un film d'époque comme on dit....
Un polar de campagne à la Chabrol qui vaut surtout pour le film de procès central, très réussi, et pour sa belle réalisation. Mais cette voix off qui psychologise et explique tout a quand même très mal vieilli et la dernière demi-heure tourne en rond, trop répétitive et démonstrative. C’est du bon cinéma de papa, mais du cinéma de papa quand même.
Abonné aux comédies, Georges Lautner signe là un drame austère doublé d'une critique acerbe de la petite bourgeoisie des notables provinciaux, porté par un énorme Bernard Blier.
On n'aime ou on n'aime pas. Eh bien, moi, j'aime... C'est du Lautner, certes mais du Lautner très sombre qui semble vouloir régler ses comptes avec une certaine bourgeoisie provinciale.
Bernard Blier joue une prestation remarquable. Narrateur cynique, bon bourgeois instruit et bien rangé, membre d'un jury d'assise où tout est écrit d'avance. Pourtant il n'y croit pas car dans la vie organisée il y a la peine de l'assassin, la crainte d'être jugé alors qu'on juge soi-même. La peine de l'assassin sera pourtant peine perdue car même si le personnage de Blier se débat dans son océan de médiocrité, il finira par s'y noyer au sein d'un asile d'aliénés.
Avec Blier, on découvre toute une pléiade d'acteurs dont Maurice Biraud, vétérinaire tout aussi cynique mais moins disert et plus revendicatif. Jacques Monod égal à lui-même encore plus respectable que Blier mais tout aussi veule, malgré l'impression donnée (ou feinte) du contraire. Danièle Delorme y joue la femme, plus inquiète de perdre son statut que d'avoir un mari meurtrier, y est également sublime. Tout cela au coeur d'une petite ville de province illuminée et pimpante pour fêter Noël, alors que l'ambulance emmène l'assassin dans la nuit...Du grand art !
Je suis finalement heureux d’avoir découvert le grand Bernard Blier avec ce film (même pas encore vu Les Tontons flingueurs!) Je comprends mieux maintenant la splendeur et le rayonnement dont profite cet acteur d’une autre génération. Mais ce que j’ai aimé par-dessus tout, outre la performance de Bernard Blier, ce sont les dialogues. Quel plaisir d’entendre des dialogues censés, pour lesquels le français n’est pas écorché. La langue en redevient presque poétique et musicale ou du moins elle parvient à rythmer le film admirablement. J’ai particulièrement apprécié les bruits ou plutôt devrais-je dire le bruitage. Plus de bruitage et moins de musique, il en dégage un suspense un peu vieilli, mais tout aussi efficace. Le seul reproche que je ferais à ce Septième Juré, c’est sa durée. Le long métrage souffre de quelques longueurs et je pense que certaines scènes auraient pu être écourtées ou découpées différemment. Mis à part cela, me voici prêt à découvrir un peu plus des films avec Bernard Blier et/ou de Lautner.
Très bon film de Lautner. Très bien réalisé dans un beau noir et blanc, avec fréquemment des séquences d'un style recherchée, avec des dialogues de très bonne qualité ( et d'un monologue en voix off), des acteurs excellents : Blier, Biraud, Delorme... Des gros plans très beaux sur les visages, une musique très présente mais pas trop, et bien choisie, des extérieurs bien filmés. Un film qu'il faut largement réévaluer, d'une qualité incontestable, et qui va bien au-delà d'une intrigue classique d'assassinat. Une belle oeuvre de Lautner. Peut-être son chef d'oeuvre.