Subversive et anarchisante, la comédie de René Clair récuse la réussite sociale, l'argent et le travail. Des valeurs auxquelles le cinéaste oppose, de façon utopique, l'amitié et la liberté.
Prisonnier évadé, Louis a fait fortune dans l'industrie et dirige aujourd'hui une usine ultra moderne qui soumet l'ouvrier au travail à la chaîne (avec les gags qu'on imagine, repris plus tard par Chaplin dans "Les temps modernes") autant qu'à une discipline quasi militaire, voire carcérale. Quelques péripéties plus loin et, surtout, l'arrivée de l'ancien ami et complice de Louis, le tendre Emile,
vont mettre l'usine sans dessus-dessous et, pour finir, ramener les deux copains au bon temps de la vie de bohème.
L'usine, massive, inhumaine et symbolique, exprime sur le mode expressionniste la petitesse des hommes, morale pour certains, sociale pour les plus nombreux, confrontés au mode de vie que requiert le capitalisme. Quoique parlant, "A nous la liberté" fait figure de film muet tant l'essentiel du propos, à quoi s'ajoute le style de la comédie burlesque, passe par des scènes sans dialogues. Poétique, satirique, bouffon, Clair manie l'éclectisme avec une étonnante cohérence.