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Plume231
3 884 abonnés
4 639 critiques
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3,0
Publiée le 17 janvier 2012
Un chouilla déçu par le résultat car j'ai trouvé le rythme du film un peu mou par rapport à d'autres oeuvres de René Clair comme "Le Million" ou "Le Dernier Milliardaire". Mais le message que porte ce film, à une époque où le chômage ne s'est jamais mieux porté et où pourtant on entend certain dire des conneries comme "Travailler plus pour se faire encul... euh pardon pour gagner plus", où le travail est montré comme une prison (au passage les chaînes de travail présentées dans le film ont sûrement inspiré Chaplin pour celles des "Temps modernes" !!!) et qui est une glorification de l'hédonisme, n'a absolument pas vieilli en dépit du fait (ou plutôt justement grâce au fait !!!) qu'il est à contre-courant de l'idéologie actuelle. Ce film et "Alexandre le Bienheureux" sont les deux oeuvres à projeter d'urgence devant ceux qui croient à tort qu'on vit pour travailler et pas l'inverse.
Un vent de folie et de liberté pour un ex-film culte injustement tombé dans l'oubli, véritable symbole de la jeunesse intellectuelle française des années 30. Regarder un film de René clair, c'est comme manipuler un jouet mécanique qui serait équipé de tiroirs cachés capables de mettre en branle des effets toujours plus surprenants, un cinéma volontairement ludique, une construction en rébus, une poésie fantasque et décalée. Ayant fait ses gammes dans le dadaïsme, les personnages de René Clair gravitent dans un univers absurde digne des Shadoks. Ce sont souvent des marginaux-poètes en décalage total par rapport aux normes sociales, des faiseurs de désordre, et donc de création, dans un ordre trop bien établi. La mise en scène est au diapason, empruntant au burlesque dans une liberté narrative plus que totale, bien que ne cherchant jamais à perdre son public, ceci, dans un grand élan de générosité. Ce joyeux faux desordre a le doux parfum du surréalisme populaire qui inspirera tellement Jean-Pierre Jeunet. On y trouve pêle-mêle des flashbacks audacieux, des plans qui ne prennent sens que lorsqu'ils sont mis bout à bout, à la manière d'un rébus. Un ptit bonheur unique...
Evidemment il peut paraître un peu démodé aujourd'hui ce « A nous la liberté » et sa dénonciation du travail à la chaîne. Pourtant, à une époque où le gouvernement en place a pour seules obsessions le travail et l'argent, qu'il est bon de voir un film faisant de cette manière l'éloge de la liberté et de la fraternité, d'autant que le film apparaît d'une impressionnante modernité techniquement, que ce soit par les choix étonnants mais toujours séduisants de René Clair ou les décors proprement éblouissants du grand Lazare Meerson, faisant rentrer l'oeuvre dans une dimension presque futuriste aussi inquiétante que du meilleur goût. Comédie musicale, grand cri d'amour au cinéma et hommage vibrant aux gens du peuple et à leur fierté : « A nous la liberté » est tout cela à la fois, et même un peu plus. Du grand art.
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3,5
Publiée le 15 février 2017
Rèalisè en 1931, "A nous la libertè" s'appuie sur un union clairement futuriste (aujourd'hui elle nous apparaît surtout comme inhumaine). Renè Clair analyse les rèactions de masse, et notamment dèmontre la ressemblance qui existe entre le travail à la chaîne dans une usine et la routine des prisonniers! La mise en scène est incroyable d'inventivitè et doit beaucoup aux excellents dècors de Lazare Merson! Quant au slogan du film "Le travail c'est la libertè", il est restè cèlèbre! Un classique des annèes 30 dont s'inspirera Chaplin pour "Les temps modernes" qui optera pour la cruautè avec une rèflexion lucide et profonde...
Tout simplement superbe! Une comédie oubliée (mais pourquoi?!) à mi chemin entre la comédie musical et le burlesque muet, d'un charlot, saupoudré d'une satire sur la modernité: le fond et la forme! Que demander de plus...
C’est bien un grand classique que René Clair signa en 1931. En effet, alors que son humour irrésistible qui n’est pas sans rappeler celui des Marx Brothers, l’aspect le plus inoubliable de son film est sans conteste la critique acerbe qu’il fait de l'industrialisation fordiste des années 30 puisque celle-ci ira même jusqu’à inspirer directement Charlie Chaplin lors de sa réalisation de "Les temps modernes" cinq ans plus tard.
Charlie Chaplin n'a pas été le premier à critiquer la pénibilité du travail à la chaîne dans le célèbre "Les temps modernes". La dénonciation était également présente cinq ans plus tôt, avec ce merveilleux film français "A nous la liberté", malheureusement bien plus méconnu, mais qui sait pourtant être à la fois excellement drôle et intelligent, que je déconseille donc de contourner.
Un film majeur du cinéma français, trop souvent ignoré ou oublié. "A nous laiberté" part d'une intention d'en faire un "Métropolis" à la française. Poucela Lazare Meeson signe avec l'usine de phonographes des décors très avant-gardiste issue du mouvement Bauhaus. Mais ici le discours est différent, René Clair donne à son film un ton bien plus humaniste que le film de Fritz Lang (qui admettait lui-même ne pas se satisfaire de la conclusion de son film). Autre différence majeur: le son. On est en 1931 et "A nous la liberté" est une des première production sonore française. Tout comme aux Etat-Unis pour satisfaire le public de cette nouveté, le film se doit d'être musicale. Georges Auric fait du film une semi-comédie musicale où la moitié des dialogues sont chantés, malgré une partition de qualité il faut malheureusement déploré ici une interprétation relevant trop de l'amateurisme, les chanteurs n'en sont apparement pas, c'est le seule défaut du film. Enfin on ne peut parler de ce film sans faire mention au "Temps modernes" de Chaplin tournée cinq ans plus tard, où Chaplin plagiat la scène des travailleurs à la chaine. Cela lui valut un procès de la part des producteurs du film auquel René Clair refusa de participé, préférant voir ce plagiat comme un hommage. Et pour cause, car a y regarder de près, on peut se demander qui a copié qui? Chaplin a copié ouvertement une scène du film, mais Clair n'a-t-il pas fait de même pour les nombreuses courses poursuites muettes entre voleurs et policiers? Toujours est-il que les deux cinéastes restèrent toujours en bon termes. Souvent cité en référence dans les manuels du cinéma, le film est aujourd'hui trop peu connu du public.
Mis en scène peu après le début du cinéma parlant, ce film n’en a pas encore intégré toutes les possibilités. On dirait les dialogues destinés seulement à remplacer les « cartons » du muet, en les développant quelque peu. Pour le reste, il s’agit d’une comédie sympathique, à l’humour badin, montrant déjà le goût de René Clair pour les ballets de foule, et proche de la Comédie Musicale. La satire sociale est cependant très présente, bon enfant mais réelle ! Les séquences obligées du comique de l’époque ne sont pas oubliées (poursuites, bagarres, coup de pieds au derrière, etc.) ; elles renforcent le charme désuet de l’ensemble. Les deux comédiens principaux sont épatants. 08/07
André Bazin n'avait pas tort lorsqu'il disait qu'«A nous la liberté» (France, 1931) de René Clair s'était rapproché du degré de perfection de «Citizen Kane» (USA, 1941) d'Orson Welles. Déployant le thème de la montée en puissance d'un individu, le film de Clair est néanmoins évoqué de façon bien plus comique et légère. Film témoin du Front Populaire, contrairement à «Le crime de Monsieur Lange» (France, 1936) de Jean Renoir, l'oeuvre de Claire juge pas, ne se pose pas en propagande mais en simple témoin (bien qu'elle vante les mérites de ce socialisme politique). Film hybride dans son genre, entre comédie musicale et comédie, «A nous la liberté» possède la mécanique d'un Chaplin, le lyrisme du réalisme poétique français et la photographie parfaite d'un grand film. Deux prisonniers, chantant les louanges d'une liberté perdue, aspirent à s'échapper. Mais seul l'un d'entre eux réussira. Jusqu'à ce que le second réussisse son échappée, le premier deviendra riche en montant une usine de fabrication de phonographes. «A nous la liberté» approche aussi la question de la technique et du fordisme, Clair illustre d'ailleurs le travail à la chaîne comme le fît Chaplin, de manière plus approfondie peut-être. Lorsque se retrouveront les deux, la liesse s'emballera, le monde viendra se perturber, comme s'il était nécessaire aux deux amis de retrouver une liberté sans faille. Car comme l'insinue le titre, la conviction de l'oeuvre est de croire à la licence. Être libre c'est pouvoir tout faire, errer comme des âmes rabelaisiennes et c'est en ceci que le film de Clair se trompe. Est-ce vraiment ceci la liberté ? L'erreur provient sûrement de la joie libertaire qu'engendraient les réformes de l'Etat de 1931. Cependant «A nous la liberté» possède un tel charme plastique, une telle maîtrise technique, tant visuelle que sonore et les acteurs, Paul Ollivier et Raymond Cordy incarnent si justement la joie du film qu'«A nous la liberté» ne peut être qu'un chef d'oeuvre.
Une comédie dramatique fraîche et aérée, d'une liberté perceptible, d'une étonnante maestria et dotée d'un rythme fluide et trépidant. Le bémol vient de son éloge de la société industrielle, complètement à côté de la plaque, manquant de recul et d'esprit visionnaire.