Immense, prenant, tendu, violent, impitoyable, le film de Michael Winner nous offre une gigantesque chasse à l'homme. L'homme poursuivi et traqué, interprété par Charles Bronson, est un indien métissé qui est obligé de se défendre face au shérif de la ville dans un saloon, ce dernier le provoque et lui signifie bien son intention de le mettre à mort. Sortant son revolver, il s'apprête à lui tirer dans le dos, l'indien se retourne et l'abat. Face à ce début du film dont on devine aisément la tournure qu'il va suivre, des questions se posent alors: un policier est-il autorisé à abattre un homme dans son dos? Est-il juste que ce policier veuille le tuer uniquement par racisme? L'indien, qui a agi en état de légitime défense, est-il condamnable? Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé en Amérique. Ce sont les blancs, les européens qui ont chassé de leurs terres les indiens. Ce sont eux qui les ont envahis, ce sont eux qui se sont permis de violer et de tuer des femmes et des enfants de cette race. Le genre du western a considérablement évolué dans les années 1970, montrant qui sont les coupables de ces multiples massacres et pourquoi il existe une telle haine des indiens pour les blancs. Dans les années 1950 et 1960, jamais on n'a présenté les choses sous cet angle. A l'époque, les films où figurait John Wayne montraient toujours la même image, une version passablement hypocrite et écoeurante, celle montrant que les blancs sont des hommes courageux, vertueux, possédant toutes les qualités de l'humanisme et jamais aucun défaut de leur part, les hommes blancs étaient donc montrés comme des anges et les indiens étaient réduits à l'état simpliste de voleurs, de tueurs, qui se regroupent pour conquérir les villes façonnées par les blancs, pour violer les femmes, pour enlever les enfants, qui représentent la honte de l'humanité. Mais comment est-il possible que ces films qui accumulent mensonges sur mensonges aient pu exister? Simplement parce que le cinéma américain de ces années était conçu pour justifier le massacre des indiens. John Wayne était l'incarnation du bien, en réalité c'était un raciste. Alors quand on connait l'histoire de ce pays tout neuf, on comprend que les soldats blancs étaient avant tout des vandales. Ce film illustre le racisme des blancs, leur état d'esprit, leur méchanceté, leur violence, leur haine, leur manque de loyauté, leur lâcheté, leur sadisme. Réquisitoire parfait contre les hommes blancs de ce pays à cette époque, le réalisateur Michael Winner offre au spectateur un spectacle horrible, intense et violent. Scénario très bien exploité donnant une grande profondeur psychologique aux différents personnages, le film dispose d'une réalisation parfaite et sans aucune retenue. Winner choque l'opinion certes mais il détient le mérite de montrer le comportement des blancs qui apparaissent comme des monstres assoiffés de chair et de sang, qui se mettent à plus de dix pour essayer de coincer leur cible, qui finissent finalement par devenir des proies plutôt que des prédateurs, le prédateur étant au bout du compte l'indien. Michael Winner réalise et signe un western de très grande qualité, cruel et brillant!