Salut Berthe est une comédie populaire réunissant quelques talents comiques notables de l’époque, avec, en tête, Fernand Raynaud.
Pour tout dire, ce film a des atouts. Le premier c’est d’avoir un humour qui joue intelligemment sur plusieurs degrés. A la dimension vaudevillesque, pleine de quiproquo, parfois un peu fatiguante, s’ajoute un humour plus « gagesque », avec des répliques amusantes aussi. « Il a un gros machin », par exemple, est sorti au bon moment et permet d’embrayer sur un quiproquo sympathique. Le coup de la télé aussi, grâce à Darry Cowl est assez fendard, et dans l’ensemble Salut Berthe est une comédie amusante car reposant sur un comique varié, qui tantôt paraîtra un peu vieilli, tantôt paraitra plus moderne.
L’histoire n’est pas spécialement passionnante car elle cherche l’imbroglio avant tout, et du coup la narration est assez chaotique, le film parait dégingandé, et, bavard avec beaucoup de personnages, il peut parfois s’avérer assez fatiguant. C’était un peu le souci du temps, de faire des comédies très théâtrales et très bavardes, pas toujours pour le meilleur. Je crois que ça venait de réalisateurs pas terribles, incapables de réellement mettre en scène un gaga visuel par exemple. Du coup tout passe dans les paroles. Cela étant, Salut Berthe se laisse suivre, avec des idées loufoques qui font mouches, et l’humour éclectique que j’évoquais précédemment.
Le casting est bon, spécialement Darry Cowl. Celui-ci tire son épingle du jeu. Il est plus fendard que Fernand Raynaud, qui nous compose un personnage classique de son registre, avec une certaine verve mais un style que j’ai trouvé trop théâtral et pas assez insistant sur le plan humoristique. Un joli casting féminin, avec entre autres Rosy Varte et quelques comiques populaires toujours plaisants à voir (dont Pierre Tornade) forment le reste des acteurs, et c’est plutôt efficace. L’abattage est parfois théâtral, mais bon, c’est aussi le scénario qui veut cela. Mais c’est clair que Darry Cowl tire son épingle du jeu ici, avec son style inimitable.
Visuellement, comme je le disais plus tôt, pas grand-chose à dire. On est dans une comédie aux airs de pièce de théâtre continuels, avec par exemple très peu d’extérieurs, une caméra peu mobile qui glisse parfois mollement pour simuler le mouvement mais qui ne retient aucunement l’attention. La bande son non plus d’ailleurs. Salut Berthe est signé d’un réalisateur populaire à l’époque, spécialiste du genre comique, mais qui visiblement n’a pas d’ambition ou de talent particulier, et qui, comme le montre des adaptations de pièces de théâtre vaudevillesque qu’il a faites (Un fil à la patte par exemple), semble plus lié au milieu de la scène qu’au cinéma.
En clair, Salut Berthe est un film qui se laisse voir, mais qui n’est pas mémorable. Quelques acteurs solides au service d’un métrage parfois un peu pénible à suivre mais qui s’en sort grâce à un humour varié allant du clownesque le plus classique à la réplique subtilement glissée. Anecdotique, mais si vous êtes amateur, pourquoi pas. 2.5