Out of Time est un film assez inégal. Honnêtement de bonnes idées, mais un traitement qui n’est pas toujours au top. Au niveau des acteurs il n’y a pas grand-chose à redire pour les rôles principaux. Denzel Washington tient la route, et livre une composition sobre mais efficace, endossant un personnage un peu fade mais porté par le scénario, et ce qui est généralement positif avec Washington, c’est que même dans un mauvais jour il a du mal malgré tout à faire une mauvaise prestation. Là il n’est ni dans un mauvais ni dans un très bon jour, mais ça roule sans difficulté. A ses côtés Eva Mendes joue de ses charmes sans même se forcer pour le faire, et malgré un jeu d’actrice un poil monolithique, elle fait preuve d’une belle conviction et d’un charisme certain. A noter la réussite John Billingsley, qui hérite du rôle vaguement comique qu’il porte avec talent. En revanche pour le reste il y a des ratés. Dean Cain est loin d’être marquant, même s’il apparait peu. Ici son jeu manque d’éclat, c’est certain, et Sanaa Lathan est dans la même veine. Honnêtement elle est parfois transparente.
Le scénario démarre mal. La première partie est longuette, clichée (éternel flic en instance de divorce, scènes sentimentales empâtées…) et lente. Out of Time est alors sirupeux, mou, on dirait de la mélasse, même si ce n’est pas atroce non plus, n’exagérons rien. Mais clairement il faut attendre 30 minutes pour qu’on voit les choses bouger dans le bon sens. L’affaire démarre, l’histoire aussi, et le rythme décolle. Cette seconde partie est plaisante. Certes c’est prévisible (franchement pas de grosses surprises dans le scénario), mais les aventures de Washington sont attrayantes, ses déboires aussi, et le piment qu’amène Eva Mendes qui succède à Lathan est le bienvenu. La conclusion est simple et prévisible là encore, mais bon, ça passe.
La réalisation est assez particulière. Le réalisateur fait un travail riche, parfois alambiqué (le plan circulaire sur Washington quand il s’approche de la maison des Harrison), avec des mouvements de caméra nombreux, des effets de style réguliers. Cela pourra parfois un peu déconcerter, mais j’ai trouvé que ça donnait une personnalité bienvenue au film, que j’attendais plus classique, plus académique dans sa réalisation. Là il y a de la nervosité, beaucoup de plans aériens, des glissements de caméras agréable, disons que c’est alambiqué mais que c’est bien fait. De même le film peut compter sur des décors convaincants, avec une ambiance Tropique originale, secondée par une photographie qui se la joue simple et naturelle, et tant mieux. La musique sert avec vigueur l’ambiance tropicale, même si on sombre parfois un poil dans le cliché. En somme visuellement il n’y a pas grand-chose à redire sur Out of Time, qui parvient à se démarquer du tout-venant grâce à une esthétique et une atmosphère singulières.
Non, le souci majeur d’Out of Time reste son handicapante première partie qui ne permet pas d’accrocher réellement le spectateur et laisse entrevoir une histoire sentimentalo-tragique peu ragoutante, et ses seconds rôles Cain et Lathan, qui ne contrebalancent pas du tout le duo Washington-Mendes. D’ailleurs le fait qu’ils apparaissent peu n’est sans nul doute pas anodin. Mais bon, j’ai passé un moment agréable quand même devant ce film, qui remplit son contrat, et m’a quand même bien plu pour sa personnalité. Je lui donne 3.5.