Un des derniers films de Georges Lampin, La Tour prends garde est un métrage ma foi pas déplaisant du tout, qui illustre dignement le genre cape et épée auquel il se rattache.
L’interprétation d’abord est efficace. Certes le jeu est souvent théâtral, et par trop démonstratif, mais encore une fois c’est une relative constante de l’époque, et donc il n’y a pas à porter de jugement particulier sur ce point. Jean Marais est dans son élément. Il ne trouve certainement pas son meilleur rôle ici, mais ce La Tour ne manque pas de personnalité, et Jean Marais lui donne le relief attendu. A ses cotés on trouve un casting éclectique et assez inégal, duquel émergent les femmes surtout. Si Cathia Caro est un peu en retrait, en revanche Rossi Drago et Nadja Tiller ne manque pas de présence et sont très convaincantes. Du coté masculin, c’est indéniablement Robert Dalban qui crève l’écran. C’est vraiment un acteur aux traits particuliers, reconnaissable entre mille. S’il surjoue un peu, franchement il nous propose un numéro haut en couleur qui fait son effet.
Dans l’ensemble c’est donc convaincant, même si de ci de là quelques seconds rôles sont en dessous, et en dépit d’une Cathia Caro pas au même niveau que ses collègues.
Le scénario ne propose pas beaucoup d’originalité. Il utilise la plupart des rebondissements attendus dans ce type de film, et ceux qui sont un peu habitués au genre n’auront guère de surprises. Mais c’est néanmoins dynamique, et toujours baigné d’un humour léger et enjoué qui lui donne du charme. De l’aventure, une touche de romantisme, de la rigolade, bref le mélange est rodé et fonctionne, bien qu’un peu moins bien que dans un classique comme Fanfan la Tulipe par exemple.
Sur la forme, la mise en scène n’est pas géniale. Elle n’a pas la fluidité et l’aisance dans le mouvement absolument nécessaire pour un film de ce genre. Souvent monolithique, elle est souvent à la traine, et surtout dans les combats et les cascades. Les premiers sont loin d’être enthousiasmants, avec notamment un affrontement qui va conditionner une grosse partie de l’histoire qui est très à la peine. Lampin n’est pas un grand réalisateur, et s’il fait de son mieux sans doute, c’est faiblard. La photographie est belle. J’ai vu le film en couleurs, je tiens à préciser. Il n’y a évidemment pas la flamboyance de certains métrages de l’époque, mais c’est correct. Les décors en revanche sont trop sobres et surtout manquent d’ampleur, d’envergure. Un film de cape et d’épée se doit de faire un gros effort de ce coté là, et ce film est un peu fainéant. La reconstitution est acceptable, mais ne marque pas plus que ca. Enfin la musique. Belle partition, avec grosse présence de cuivres. C’est parfois un peu assourdissant, et comme le son n’est pas top, les paroles peuvent être bien couvertes par la musique d’ambiance. Ce n’est pas là néanmoins un gros problème, et dans l’ensemble la musique donne un peu de punch à des passages où justement la mise en scène est trop raide.
En clair, La Tour prends garde n’est pas un grand film, mais il passe 1 heure 30 sans problème. Il retiendra surtout l’attention par sa décontraction et son humour toujours léger et frais, les scènes d’action étant quand même pas mal gâchées par une mise en scène insuffisante. Doté d’un casting solide, d’une histoire entrainante, acceptable sur la forme, il mérite une petite découverte, avant tout pour les amateurs du genre, mais aussi pour ceux qui voudraient se replonger un peu dans cet ancien cinéma des années 50.