Bon, je sais que ce film se traine une réputation franchement nulle ! Le résultat me semble surtout inabouti, même si on retrouve la patte plutôt agréable de René Manzor, un des rares réalisateurs de fantastiques français dans les années 80.
Côté casting malheureusement il y a des loupés. Honnêtement Alain Delon sans se transcender, reste honorable. Il y a quelques excès de jeu, il y a une dimension théâtrale parfois assez agaçante dans son jeu, mais on sent que le projet lui tenait à cœur et il s’investit. Face à lui quelques noms connus, mais pas toujours pour le meilleur ! Christine Boisson n’est pas géniale, Marie-Christine Barrault nous gratifie d’une scène de surjeu d’une rare nullité ! En revanche le jeune Alain Musy convainc en dépit de son personnage aux capacités surnaturelles assez idiotes, et La Mort a une certaine allure ! Campé par le rare Daniel Emilfork, dont on peut s’étonner que la tête si particulière n’ait pas davantage servi le cinéma de genre.
Le scénario est médiocre. Ok l’idée est originale, mais le traitement frôle bien trop souvent le ridicule. Les dialogues sont souvent lourds et pesants, la narration est très peu fluide, l’histoire possède beaucoup d’incohérences et de passages assez idiots (la mort qui veut frapper fort avec un dessin animé !), et il y a trop d’éléments qui ne fonctionnent pas dans ce film volontiers dépassé par ses ambitions. Il y a un embryon très séduisant, mais sur la durée ça ne tient pas, malheureusement.
C’est dommage car sur la forme le film n’est pas si mauvais, en dépit d’un petit budget très apparent. L’ambiance signée Manzor séduit, avec toujours une photographie appliquée bien qu’un peu sombre, et une belle bande son qui convient fort bien à l’atmosphère morbide du film. Reste que les décors sont très restreints, on peine à croire à la caverne de La Mort par exemple, et l’ancrage très « contemporain » du film lui donne aujourd’hui un côté assez kitsch d’autant moins convaincant.
Pour ma part je n’ai pas été déçu par Le Passage, mais je regrette vraiment que le film très ambitieux, ne soit pas vraiment maitrisé. Le réalisateur était jeune, on sent une patte, mais le manque de budget flagrant, la jeunesse et l’inexpérience du réalisateur, l’écriture laborieuse du scénario et sans doute le manque de familiarité de plusieurs des acteurs avec le genre fantastique font du Passage un métrage faible. 2.