Le film relate les hauts et les bas de la carrière et de la vie de Robert Evans : la popularité qu'il acquiert, adolescent, en jouant la comédie pour la télévision et la radio, sa courte carrière d'acteur à Hollywood, ses triomphes en tant que producteur, à la tête de la Paramount (Love Story, Le Parrain) ou en indépendant (Chinatown), l'échec commercial de Cotton club, les soupçons qui ont pesé sur lui concernant le meurtre du businessman Roy Radin, son union avec l'actrice Ali McGraw ou encore sa dépendance à la cocaïne.
The Kid stays in the picture est le titre de l'autobiographie de Robert Evans publiée en 1994 aux éditions Hyperion. Cet ouvrage a rencontré un grand succès lors de sa commercialisation sous forme de cassette audio en 1997 : le talent de conteur d'Evans, qui a lui-même enregistré le texte, a fortement contribué à la réussite de l'entreprise. Cette bande sonore est utilisée en guise de commentaire dans The Kid stays in the picture.
Projeté dans de nombreux festivals à travers le monde, The Kid stays in the picture a notamment été présenté en 2002 en Sélection Officielle, hors compétition, au Festival de Cannes, puis au Festival de Deauville. Il a également reçu le Prix du Meilleur documentaire, remis par l'association des critiques de Seatlle, en 2002.
Lors de la sortie en salles de leur premier film, On the ropes (documentaire qui suit le parcours de trois boxeurs), Brett Morgen et Nanette Burstein sont contactés par Pam Brady, scénariste de South Park, le film. Morgen raconte la suite : "Elle nous a expliqué, que, après le succès de South Park, elle voulait profiter de son nouveau pouvoir dans l'industrie cinématographique pour organiser une rencontre avec Robert Evans, dont elle était amoureuse. Le temps passe. Pam déjeune avec Bob et ils parlent de l'écriture d'un scénario en commun. Bob lui suggère de s'installer dans sa salle de projection privée, pour deux mois, le temps de travailler ensemble sur le scénario. Pam est ravie. Et pour laisser une trace de cela en images, elle cherche des cinéastes documentaires. Nous, on flippe immédiatement en se disant : "Mon Dieu, c'est Sunset Boulevard en documentaire !" Une jeune scénariste à succès s'installe chez une légende hollywoodienne ! Nous avons immédiatement répondu à Pam : "On marche. Nous voulons absolument faire le film." En cinq jours, on a réuni les fonds nécessaires. Ca a été la plus facile recherche de financement que nous ayons connue."
Après avoir reçu la proposition de Pam Brady, Brett Morgen et Nanette Burstein s'installent à Los Angeles. Mais rapidement, Robert Evans leur annonce qu'il ne souhaite pas être filmé. Les deux cinéastes insistent -ils doivent de toute façon rester dans la ville pour la cérémonie des Oscars, leur film On the ropes étant nommé dans la catégorie Meilleur documentaire. Le début du tournage est planifié pour le lendemain de la cérémonie, mais quatre jours avant le premier clap, ils apprennent par leur agent que le producteur Graydon Carter a les droits exclusifs sur la vie et le livre d'Evans et compte lui-même tourner un film. Surpris et déçus, ils pensent jeter l'éponge, mais sont bientôt contactés par Evans et Carter pour discuter de l'éventualité de faire coexister deux oeuvres. Carter s'associera finalement au projet de Morgen et Burstein, cette solution étant favorisée par le fait qu'Evans répugne de toute façon à être filmé...
Les deux réalisateurs ont vécu plusieurs mois à Los Angeles, passant beaucoup de temps dans la maison de Robert Evans pour sélectionner les archives qui constituent l'essentiel du film. Ils ont d'ailleurs choisi de n'évoquer dans The Kid stays in the picture que des faits à propos desquels des documents (photos, vidéos) étaient disponibles. Nanette Burstein parle de la construction du film : "Le scénario de vie de Bob est le suivant : l'ascension, la chute et l'ascension à nouveau. Nous avons veillé à ce que chaque scène renforce cette structure ou contribue à mieux cerner le personnage." Morgen ajoute : "En fin de compte, ce film est pour nous comme un grand opéra américain. La vie de Bob nous a fourni un canevas incroyablement riche à explorer. Nous nous sommes servis d'images signifiantes et expressionnistes pour évoquer les moments de sa vie. Au lieu d'utiliser des acteurs, nous avons utilisé la maison de Bob comme un personnage du film."
Brett Morgen fait le portrait du producteur : "Robert Evans est un personnage à la Zelig de la seconde moitié du XXe siècle. Il a connu les plus belles femmes de ces 50 dernières années, d'Ava Gardner et Lana Turner à Kathleen Turner, pour n'en nommer que quelques-unes. Ses meilleurs amis sont Jack Nicholson, Warren Beatty ou Henry Kissinger. Il a écrit des discours pour quatre Présidents. Il n'y a pas une personnalité de ces 50 dernières années sur laquelle [il] n'ait pas une incroyable anecdote personnelle à raconter. On lui doit également quelques-uns des plus grands films de ces trente dernières années (...) Voici un homme qui va jusqu'aux dernières extrêmités : vous faites l'amour avec 3 filles, il le fait avec 30. Vous faites un gros film, il en fait une douzaine."
Brett Morgen a, dès son plus jeune âge, entendu parler de Robert Evans : "J'étais à l'école avec le fils de Bob, Josh Evans, qui a deux ans de moins que moi. Ayant grandi à L.A., Robert Evans a toujours fait partie du paysage. J'ai toujours su qu'il était une sorte d'icône, avant même de savoir quels films il avait produit. Et puis, je me suis retrouvé au lycée avec son fils, quand Bob était impliqué dans Cotton club. A ce moment-là, je savais que Bob est était une sorte de... "bad boy". Il y avait des rumeurs : "Le père de Josh est impliqué dans un meurtre." C'est à peu près à la même époque que je me suis intéressé au cinéma et que j'ai découvert des films comme Chinatown, Le Parrain ou Marathon man. Bob, pour moi, était, comme Walt Disney, une des figures qui incarnaient Hollywood. Et je savais déjà que je voulais mener ma vie et ma carrière dans la même direction."
The kid stays in the picture signifie le gamin reste dans le cadre ("picture" signifiant également "film"). C'est une phrase prononcée lors du tournage du Soleil se lève aussi par le producteur Darryl F. Zanuck : celui-ci entendait ainsi préciser à l'équipe, très hostile à l'endroit de Robert Evans, que le jeune acteur jouerait bien le rôle du torero dans le film, en dépit de leurs protestations.
Il est fortement déconseillé aux spectateurs de quitter la salle de cinéma avant la fin du générique de The Kid stays in the picture : Dustin Hoffman nous dévoile en effet ses dons d'imitateur lors d'une séquence désopilante, pendant que défile le générique du film. Ce document avait été filmé lors du tournage de Marathon man.