Mis à part Tao Zhao, qui tenait déjà un des rôles principaux dans Platform et Hong Wei Wang qui fait ici une petite apparition après avoir joué dans les deux précédents films de Jia Zhang Ke, le cinéaste a fait appel à de parfaits inconnus pour incarner les adolescents de Plaisirs inconnus. Zhao Wei Wei est un étudiant en peinture qui rêve de devenir artiste tandis que Wu Qiong vit de petits trafics comme son personnage dans le film.
Plaisirs inconnus a été tourné avec une caméra numérique. Jia Zhang Ke justifie son choix non pas par goût de la clandestinité mais pour des raisons purement esthétiques et économiques. La caméra numérique lui donne beaucoup plus de liberté au moment du tournage grâce à sa légèreté.
Plaisirs inconnus est le troisième long métrage réalisé par Jia Zhang Ke. Le cinéaste chinois a été révélé par Xiao Wu artisan pickpocket (1997) et Platform (2000). Pour ce nouveau projet, le réalisateur avait d'abord l'intention de tourner un documentaire sur la ville de Datong quand les deux tiers des ouvriers des mines environnantes se sont retrouvés au chômage. Il a alors cherché à faire un film sur la colère des couches inférieures. Trois semaines après que ce projet se soit imposé à lui, le tournage débutait avec une trame narrative très fine autour de laquelle l'équipe a pu ensuite improviser.
Plaisirs inconnus comme les deux films précédents de Jia Zhang Ke ont été tournés sans autorisation des autorités chinoises. Le cinéaste a ainsi une liberté créatrice totale. En contrepartie, ses films ne sont pas montrés dans les réseaux officiels chinois.
Dans Plaisirs inconnus, Jia Zhang Ke fait un clin d'oeil à ses propres oeuvres et à un des films de son directeur de la photographie Yu Lik Wai. Un des personnages qui revend des vidéos au noir se voit offrir Xiao Wu artisan pickpocket, Platform et Love Will Tear us Apart. Le personnage principal du premier film de Zahng-Ke réapparaît ici. Hong Wei Wang reprend ici son rôle de Xiao Wu. De pickpocket, il est devenu mafieux.
Plaisirs inconnus a été tourné à Datong ("Grande Concorde" en chinois classique) une ville industrielle de la province dont Jia Zhang Ke est originaire au nord-est de la Chine. Le cinéaste avouait s'être inspiré pour de nombreuses scènes du paysage urbain particulier du lieu.
Jia Zhang Ke s'intéresse d'abord aux marginaux, ceux qui ne s'adaptent au système. Les adolescents de Plaisirs inconnus ne font pas exception. Pour le cinéaste, ses personnages traversent une crise existentielle de l'individu : "La société ne sait pas comment se positionner face à l'expérience individuelle. Culturellement parlant, nous navons pas eu le temps de nous préparer à affronter la crise de l'individu que le système entraine déjà dans un autre jeu tout aussi cruel. L'énorme impulsion donnée au développement du pays exerce sur les jeunes une pression déconcertante face à laquelle ils se trouvent complètement démunis."
Plaisirs inconnus a été présenté en compétition officielle à Cannes en 2002. Le film n'a remporté aucun prix.
Après Platform, Plaisirs inconnus est le second film de Jia Zhang Ke à avoir pour personnages principaux des adolescents. Pour son troisième long métrage, le cinéaste a privilégié la jeunesse de la fin des années 1990 plutôt que celle des années 1970 et 1980. Les deux générations ont des caractéristiques bien particulières. Celle des années 1990 est vouée à une existence solitaire du fait du contrôle des naissances. Elle est beaucoup plus ouverte à l'économie de marché et à la mondialisation. Le combat pour les libertés individuelles a en partie était gagné par les générations précédentes. La principale pression que ces jeunes subisse est désormais d'ordre économique.
Dans Plaisirs inconnus, Jia Zhang Ke a abordé la réalité de la Chine contemporaine de manière quasi documentaire. On voit ainsi la réaction de la foule à l'annonce que le pays organisera les jeux olympiques de 2008 ou les nouvelles d'un attentat perpétré par un ouvrier au chômage qui a fait exploser son immeuble en 2001.