" A l’époque, Hrušínský jouait dans beaucoup de films (…). Je lui ai donné le scénario, il l’a lu en quelques jours, mais il me l’a rendu en refusant d’y participer car il trouvait qu’il n’y avait rien à jouer pour lui dedans (...) J’ai refusé de renoncer à Hrušínský. Je savais que tous les soirs, après après ses représentations au théâtre, il allait à l’auberge de L’Oie d’or, place Venceslas. Je me suis donc mis à fréquenter L’Oie d’or, moi aussi. A chaque fois que Hrušínský arrivait, je prenais une chaise, je m’asseyais derrière lui et je me mettais à lui rebattre les oreilles : « Monsieur Hrušínský, ne pourriez-vous pas changer d’avis ? Je refuse de tourner le film sans vous… » Je l’ai enquiquiné tellement longtemps qu’il a fini par plier : « Bon, d’accord, j’accepte, mais laissez-moi au moins finir ma bière ! » " - Juraj Herz, Autopsie (dissection d'un réalisateur) -.
" Rudolf Hrušínský fut absolument génial. Le seul problème, c’est qu’il n’aimait pas apprendre son texte (...) Il déchirait son dialogue en petites bribes et il posait le texte donné à l’emplacement où il devait le dire. Lorsqu’on tournait, il ne faisait qu’aller d’un bout de texte à l’autre. Hrušínský était un acteur tellement brillant qu’il était impossible de percevoir la chose. Cela dit, sa perfection nous a posé un autre problème. C’est à la première prise qu’il était le meilleur (...) Il faisait tout sur-le-champ, comme s’il était Kopfrkingl. Or, ce style de tournage a fait surgir un autre problème. Vlasta Chramostová était excellente elle aussi, mais plus on faisait de prises, mieux jouait Vlasta. Ainsi, Hrušínský et Chramostová ne pouvaient pratiquement pas tourner ensemble (...). J’ai donc choisi de diviser les plans. " - Juraj Herz, Autopsie (dissection d'un réalisateur) -.
" L’été en question, les pompes funèbres avaient apporté beaucoup de gens qui s’étaient noyés en Bulgarie et en Roumanie, dans lesquels des gaz étaient encore à l’oeuvre. A Plzeň, juste avant que nous entrions dans le crématorium où nous devions tourner, un noyé a littéralement explosé pendant qu’on le brûlait. " - Juraj Herz, Autopsie (dissection d'un réalisateur) -.
" Le directeur de production qui voulait nous préserver de l’odeur des morts, a apporté des sprays au parfum fleurs des bois et avant chaque tournage, il faisait asperger et parfumer tout l’espace. Un temps, on utilisait les mêmes sprays dans les cinémas avant les projections. Je ne pouvais plus du tout aller voir de films. " - Juraj Herz, Autopsie (dissection d'un réalisateur) -.
" Fin juillet 1968, j’ai dit au revoir aux membres de l’équipe en leur disant que nous nous reverrions début septembre. Sauf que le 21 août, ce fut l’arrivée des tanks russes (...) Il s’avéra que nous n’avions plus de matériel. Stanislav Milota avait pris notre caméra et notre matériel et les avait utilisés pour filmer l’arrivée des Russes et les événements qui suivirent, dans les rues. Les images qu’il a prises ont fait le tour du monde et, depuis, aucun film documentaire sur l’écrasement du Printemps de Prague ne saurait s’en passer. A chaque fois que je les vois à la télévision, je repense au fait qu’elles ont été tournées sur le matériel destiné à L’Incinérateur de cadavres... " - Juraj Herz, Autopsie (dissection d'un réalisateur) -.