Mort sur le Nil est un film qui me faisait assez peur, compte tenu de sa durée, longue, et supérieur à 1 heure 40 comme l’annonce allocine. Surtout pour une enquête de Poirot. Si en effet la longueur est parfois gênante, il faut avouer que le film a des atouts certains.
En premier lieu le casting bien sûr, qui est tout de même très prestigieux. D’autant que la galerie d’acteurs est au service de personnages qui leur conviennent très bien, et qu’ils campent de fait avec un côté tout à fait jubilatoire. Au milieu du lot, je noterai tout spécialement la prestation de Mia Farrow, excellente en Jackie, celle d’Angela Lansbury, qui parvient à faire oublier Arabesque en écrivain lubrique et alcoolique, et Jack Warden qui amène une tonalité un peu décalé. Pour ma part tous sont bons, mais ces trois-là dénote, tandis que Peter Ustinov, s’il s’amuse en Poirot, reste à mon sens en-dessous de David Suchet dans le rôle.
Le scénario se présente donc comme une enquête traditionnelle, basée sur les raisonnements, les déductions, les interrogatoires. Le film présentant aussi longuement les personnages, prenant son temps pour installer le décor et planter la situation initiale. Pour ma part il était possible de faire un peu plus ramassé, pour donner plus de rythme au film et lui enlever un côté pépère qu’il a parfois. Cependant il faut avouer que le temps passe plus vite que je ne le supposais, grâce aux personnages truculents, à quelques rebondissements bien placés, et le dénouement, bien qu’un peu longuet, est rondement mené. En fait le film est tout de même une belle réussite policière, dans le sens classique du terme.
Pour le reste le film est très propre. Les décors exotiques sont opulents, très classieux, servit par une photographie d’excellente facture. On sent les moyens du cinéma pour cette enquête policière, qui a de l’allure, et à laquelle John Guillermin apporte aussi son savoir-faire. Le réalisateur, plutôt spécialisé dans le nerveux pour le coup, parvient à donner à son film une belle ampleur, avec quelques plans larges, une attention portée aux ruines égyptiennes. Guillermin déploie un sens de l’image certain, et il échappe au problème qui aurait pu se poser en tombant dans le piège du trop théâtral. Enfin, la musique est dans le style des décors, et vient ajouter un peu d’exotisme.
Il faut donc avouer que Mort sur le Nil, quoiqu’il s’agisse d’une enquête tout à fait classique, et un peu molle à cause de la durée trop longue du film, fait bonne impression. Elégant, servi par un très bon casting, c’est un métrage qui à mon sens fait honneur à l’œuvre d’Agatha Christie. Après il faut quand même avoir une petite affinité pour ce genre là, pour vraiment l’apprécier à sa juste valeur. 4.