C'est un Bresson mal aimé et en le voyant on comprend pourquoi, en effet si l'on s'attend à un film de chevalerie, ouais, c'est pas ça du tout.
En fait c'est un film que j'ai aimé, et ceci pour plusieurs raisons, la première, et principale, c'est comme pour la plupart des Bresson, il arrive à capter de l'invisible, bon là beaucoup moins que dans d'autres de ses films, mais quand même, les scènes entre Lancelot et Guenièvre je les trouve très belle, le regarde que pose Guenièvre sur son chevalier je trouve ça émouvant, tendre et terriblement beau.
Après les acteurs jouent comme chez Bresson et j'adore cette façon de dire le texte un peu monotone, donc forcément je suis conquis, ou du moins ça aide fortement pour que j'apprécie le film.
Les mythes arthuriens si j'aime beaucoup ce que j'entends d'eux, je ne les connais pas très bien non plus, donc je ne saurai dire si c'est très fidèle, mais je me renseignerai, par contre je trouve qu'il s'agit de mythes très importants, parce que justement, ils sont fondateurs pour l'Europe chrétienne, cette quête du Graal vouée à l'échec, il est question de surnaturel avec Merlin, mais aussi de la chrétienté, ce qui me semble très peu compatible, c'est peut-être (du moins à ma connaissance, je peux me tromper), le dernier mythe européen à faire appel au surnaturel.
Le film a un petit côté Perceval le Gallois de Rohmer qui sortira 4 ans plus tard, parce que comme chez Rohmer, les décors ne sont pas "réels", c'est à dire qu'on est pas dans une grande reconstitution historique, chez Rohmer c'était le texte qui importait, là c'est l'histoire.
Bresson filme dans une sorte de maison faisant vaguement médiévale, et j'y crois, c'est comme Pasoloni filmant Médée dans des ruines, il s'agit de réalisateurs qui proposent des univers fait à partir de rien, et je préfère faire qu'un déluge de CGI, parce que justement il vaut mieux un anachronisme dans le décor plutôt que tout le film soit un anachronisme en lui même.
J'aime le côté très cheap du film, le sang c'est de la peinture rouge vif, la scène d'intro pourrait même faire penser aux Monty Python (bon c'est pas gentil pour Bresson pour le coup), avec le sang qui coule d'une carcasse de chevalier, mais ça propose un univers, et j'aime ça.
Bon c'est très loin d'être le meilleur Bresson, je n'aime pas trop ses films en couleur (enfin moins que les autres), sauf quatre nuits d'un rêve, celui-ci ne déroge pas à la règle, il est un peu en dessous du noir et blanc magnifique qu'il peut proposer dans d'autres films, du coup la photo en pâtit.
Mais toujours est-il que c'est sans déplaisir que j'ai parcouru le château de Camelot accompagné de Gauvain et de Lancelot, et ça reste un beau film.