Faux-Semblants est un de ces petits bijoux qu'il faudra surement visionner plusieurs fois pour pleinement en apprécier la qualité. Cronenberg offre ici un pot pourri regroupant toutes ses thématiques : la sexualité, la souffrance psychique, et l'impureté du corps. Le thème des jumeaux est bougrement bien choisi, et le film démarrera très vite : on passera de l'enfance à l'age adulte très vite pour introduire brièvement mais finement les deux frères. Le contexte est ainsi campé : le spectateur a l'illusion d'avoir toujours connu ces deux personnages atypiques en très peu de temps ; en revanche, il aura surement du mal à suivre leurs péripéties. Le twist intervient relativement tard, ce qui laisse une grosse marge de manoeuvre pour comprendre le maximum de choses. Mais alors quel plaisir, quel talent, quand nous serons plongés dans cette soudaine nappe de brouillard, incapables de reconnaitre un jumeau de l'autre, incapable de prévoir cet enchainement de causes/conséquences. Irons se surpasse, il livre ici sa prestation la plus convaincante, et certainement une des plus exigeantes. Tour à tour terrifiant, touchant, froid, perdu...on retrouvera ici le rôle qui a certainement inspiré un certain Christian Bale pour endosser le rôle de Patrick Bateman, en moins extraverti.
Le coup de maitre de Cronenberg, ce qui le différenciera de ses autres oeuvres, sera l'ultra-réalisme de la réalisation. Une seule scène restera organico-fantaisiste (le rêve avec le cordon), le reste sera un gros plan sur la folie, diablement bien orchestré et filmé, sans concessions, sans métaphores ni effets de styles...preuve qu'il n'est pas besoin de violence ou de sang pour pencher un film vers le cauchemar.
Néanmoins, je suis personnellement resté sur ma fin...trop en demi-teinte, trop rapide, trop prévisible. On reste interloqué, mais la dernière image ne sera pas la bonne à mon sens. Cela reste un défaut mineur pour un si grand film.