Avec Le secret de Baran, Majid Majidi a remporté pour la troisième fois le Grand Prix du Festival de Montréal en 2001. Le réalisateur avait déjà obtenu cette distinction avec Les Enfants du ciel
La jeune Zahra Bahrami, qui interprèe le rôle de Baran, est elle-même une fille d'immigrés afghans. Elle est arrivée en Iran à l'âge de 3 ans. Son père qui n'a reçu aucune éducation est ouvrier. Zahra, quant à elle, a pu aller à l'école dans le camp de réfugiés de Torbat et pourra peut-être étudier à l'université. Tous les enfants afghans n'auront pas, hélas, la chance de Zahra. Majid Majidi avait déjà dénoncé la condition de ces orphelins et sans-abri d'après la guerre dans un documentaire qu'il a réalisé en 2002 : Les Oubliés de Herat.
Selon Majid Majidi, le succès du cinéma iranien à l'étranger est dû au respect des valeurs humaines véhiculées par ce cinéma, qui fait oublier les frontières entre les peuples: "Il y a certainement des différences entre les peuples dans les domaines de l'économie ou de la technologie, mais les valeurs humaines demeurent universelles, car les hommes ont été crées par Dieu. (...) Le langage de l'art aide à rapprocher les peuples dans la conscience d'une humanité commune, indépendamment des différences de races, de cultures, nationalités. Je pense que le cinéma iranien a presque trouvé ce langage et le monde d'aujourd'hui, assoiffé d'amour et d'amitié, semble le comprendre sans difficulté."
A travers son film, Majid Majidi dénonce également la condition de la femme afghane qui souffre de grandes discriminations. Les femmes n'ont aucun droit, elles ne peuvent travailler comme les hommes, excepté dans les champs. L'héroïne du film traverstie en garçon symbolise la difficulté d'être une femme dans cette société. Son déguisement était la seule possibilité pour Baran de trouver un travail pour faire vivre sa famille. En tant que jeune femme, elle n'aurait été engagée nulle part. L'idée de déguiser son héroïne en garçon a été d'ailleurs inspirée au réalisateur par une histoire vraie.
Le secret de Baran est le deuxième long-métrage de Majid Majidi dans lequel il explore la société iranienne et en dénonce les travers. En 1992 le cinéaste avait déjà réalisé Baduk, qui levait le voile sur le travail des enfants dans ce pays.
Dans Le Secret de Baran Majid Majidi montre la rude condition des immigrés clandestins afghans à travers le portrait d'une gamine de 12 ans. Le cinéaste explique l'objectif de son film : "Les Afghans ont mauvaise réputation en Iran comme tous les sans-papiers à travers le monde. J'avais donc envie de les mieux comprendre, d'aller au-delà des préjugés de la société. J'ai tourné Baduk, mon premier long métrage de fiction sur les enfants iraniens, aux frontières de l'Iran, du Pakistan et de l'Afghanistan. C'est là que j'ai mieux connu les Afghans. J'ai découvert un peuple fier, courageux, digne, même dans le plus grand dénuement. J'étais bien loin de l'image véhiculée par les médias et la population iranienne. J'ai donc réalisé ce film pour redorer l'image du peuple afghan et montrer au monde sa véritable identité. C'est un message de tolérance, d'ouverture sur l'autre, d'acceptation de sa différence."