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Flavien Poncet
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5,0
Publiée le 29 avril 2010
A bien y compter, ils sont peu nombreux les chefs-d’œuvre de l’Histoire du cinéma, les films qui portent en eux l’innovation exceptionnelle d’un regard porté sur le monde, les œuvres qui font circuler en elles des puissances telles qu’il faudra des films héritiers réalisés sur des décennies pour en déployer l’envergure. «Toni» (France, 1934) de Jean Renoir, à cette condition, est un chef-d’œuvre. Toni (Charles Bavette) arrive d’Italie en France pour trouver du travail, à bord d’un train, accompagné d’une poignée de compagnons ouvriers. Il y trouve Marie, une femme française, avec laquelle il s’installe. Les années qui suivent, le temps faisant, il se lasse et tombe amoureux de Josefa, une jeune paysanne voisine. Il en mourra par excès de passion. Produit par Marcel Pagnol, ce film de Jean Renoir a le ton gouailleur et l’éloquence visuelle de son auteur. Il ressort pleinement de la tragédie, dans son acception la plus profonde. La xénophobie des français de souche (qu’incarne avec réussite le personnage d’Albert), l’injustice d’un monde voué au drame, la précarité de la condition humaine participent au tragique de l’œuvre. Et les canzones italiennes sont autant de chants du chœur grec antique. Préambule au néo-réalisme -Luchino Visconti (auteur de «Ossessione») étant assistant réalisateur sur le film-, «Toni» contient tout ce qui fera la force de Rossellini ou De Sica. Il contient aussi les germes de «La Bête humaine» ou du «Crime de M. Lange», où deux autres héros renoiriens se perdent par amour idéal. A la différence de ces deux, «Toni» est plus accompli encore dans son récit grâce à sa faculté à ne pas déterminer clairement un coupable. Tous les aléas de la vie convergent vers l’issue fatale. La photographie de Claude Renoir, composant des cadres magnifiques (cf. les plans où les personnages sont cadrés devant un ciel sans nuage ; les plans de grands espaces que parcourent en dieux les personnages), redoublent la maestria de «Toni» et l’émotion qu’il en dégage.
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3,5
Publiée le 24 juillet 2010
Pour quelle-raison est-ce Jean Renoir qui a signè ce film ? Film humaniste produit par Marcel Pagnol, auquel Renoir partageait ses rècits populaires, "Toni" est filmè comme une tragèdie! L'histoire d'un immigrè italien venu travailler en Provence qui tombe amoureux d'une immigrèe espagnole, brutalisèe par son mari cupide et qui va se sacrifier pour elle...Drame de l'amour, "Toni" est un film politique et social où Renoir explique - à travers le geste sacrificiel de son hèros - que la France ne peut rester elle-même, que parce que les immigrès viennent leur offrir leur travail, leur vie et leur sang! Considèrè comme l'investigateur du cinèma nèorèalisme italien, "Toni" est devenu depuis un classique du cinèma français, filmè dans les dècors naturels d'une carrière de pierre d'un village de Provence, en son direct, mêlant comèdiens amateurs et professionnels, choisis pour la proximitè avec leurs rôles! Parfait marseillais, Blavette a su sortir de l'univers de Pagnol pour être Toni! Sa fuite dèsespèrèe dans un magnifique travelling sur un pont est remarquable! Mais au fait, pourquoi diable est-ce Jean Renoir qui a signè ce film ???
Il n’y a rien de voir que, derrière cette peinture ultra-réaliste de la Provence profonde, ce soit le plus illustre poète méridional, Marcel Pagnol, qui ait épaulé, financièrement, mais aussi très probablement scénaristiquement, Jean Renoir. Celui-ci, en grand conteur de tragédies humaines, parvient à nous décrire une campagne en plein bouleversement, connaissant les premières vagues d’immigration liées à la crise des années 30 mais aussi la montée du racisme qu’elles ont entrainés et qui transformera à jamais le visage de ces régions reculées. Mais plus qu’un film documentaire sur la naissance de la xénophobie paysanne, cette thématique étant finalement très secondaire, c’est un drame passionnel que nous permet de découvrir Toni, mais même si celle-ci est peu passionnante car très classique, elle a le mérite d'être filmée avec une sincérité et des moyens réduits (décors réels et acteurs amateurs locaux) qui, ce que l’on ne peut pas nier à la vue de la présence de Luchino Visconti en tant qu’assistant, prouve que ce petit film injustement boudé à sa sortie à toutefois servi de modèle au néoréalisme italien d’après-guerre.
Considéré comme l'un des classiques de Jean Renoir, on est pourtant très loin de La grande illusion. Toni est un drame plutot pesant, sans émotion, qui nous montre certes avec réalisme les "vrais" gens, la "vraie" campagne, mais il faut reconnaitre que tout cela n'est pas franchement emballant, et on s'ennuie pas mal. Et puis, lors du dernier quart d'heure, Renoir semble sortir de sa torpeur, nous offrant une fin bien construite et assez intéressante. Dommage que ce n'ait pas été le cas pendant 80 minutes. Toni reste selon moi un Renoir mineur.
La confirmation que les femmes préfèrent les salauds. La confirmation aussi que le paradigme du réalisme poétique torpille vraiment l'intérêt de la production cinématographique française des années 30. Perso, j'en ai plein les bottes de cet espèce de fatalité amoureuse qui assassine tout suspense. Dès que l'on découvre l'affiche, on devine que Toni va, passez-moi l'expression, déguster sévère, ramant inutilement à contre-courant de sa triste destinée. Le chemin de croix de Jésus, à côté, c'était presque Disneyland Paris. Il faut croire que le public de l'époque en a eu aussi ras la casquette, lui qui a boudé le film à sa sortie. J'aimerais pouvoir endosser la robe d'avocat de la défense, et mettre en avant la touche pagnolesque, ou encore reconnaître l'intérêt historique d'une telle œuvre, réalisée 30 ans après les émeutes anti-italiennes d'Aigues-Mortes. Mais non. Le background provençal se limite à l'accent chantant de Toni, aussi italien que moi je suis norvégien, et à la pinède omniprésente. La question de l'immigration italienne est traitée de la plus superficielle des façons qui soit, le fond xénophobe de la France rurale est complètement escamoté. Pas ma tasse de thé donc, malgré le prestigieux sceau de Renoir.
S'il est vrai que "Toni" n'est pas le film le plus passionnant de son réalisateur, il contient suffisamment de qualités pour qu'on le considère comme un grand film. Déjà son histoire et sa mise en scène qui le rendent plus proche du néoralisme italien que du cinéma de Pagnol. Si la prise de son direct peut parfois rendre le dialogue des acteurs inaudibles, à l'instar du "Crime de Monsieur Lange", elle apporte un gain inestimable de réalisme au film. Dans des magnifiques décors provençaux, l'histoire qui se met en place est ce que l'on peut appeler une tragédie. Les acteurs sont très convaincants, professionnels et habitants du coin, en particulier Charles Blavette et Edouard Delmont. Quelques belles scènes ressortent du film, en particulier le magnifique travelling sur le pont. Peut-être pas le meilleur Renoir mais un de ses essentiels.
Sans être le chef d’œuvre de Renoir (il y en a tellement d’autres), c’est un très bon film. Le scénario est bien écrit, et si filmé dans les décors naturels (et magnifiques) d'une carrière de pierre d'un village de Provence, on est plus proche du néo-réalisme italien que des Pagnolades. L’histoire tragique, dont l’issue fatale culmine dans la superbe scène du pont, est construite à partir de la xénophobie de la population de souche, l’injustice, et la précarité de la condition humaine. La photographie est magnifique.
Ce film est en rupture totale avec les autres films de l'époque tournés en studio ,ce qui en fait un film précurseur du néo réalisme même si il parait un peu daté aujourd'hui . Employant comme personnages secondaires des gens du pays, le scenario s'appuie aussi sur une histoire réelle, ce qui renforce son aspect documentaire.
Un formidable drame d'amour. L'art de serrer l'intrigue. Tout est centré autour de cette femme comme un manège qui s'agite autour de son centre. Un drame provençal très bien interprété. Et une histoire assez tragique. N'imaginez pas une fin heureuse...... Mais laquelle sera-t-elle? Dans le dernier quart d'heure il y a tant de revirements. Superbe
Après Madame Bovary et avant Le Crime de Monsieur Lange, Renoir signe un film pagnolesque qui ne manque pas de charme. Les dialogues ne sont pas toujours compréhensibles, mais la franchise des sentiments des personnages et leur spontanéité forcent l'admiration. Belle réussite, cependant le caractère tragique ne convainc pas, hélas.
Beau film sur l'amour en Provence et aussi sur l'immigration même si le thème à la mode dans l'actualité n'est finalement que secondaire. On trouve pas mal d'éléments qui pourraient se situé dans une tragédie grecque. Tout le film repose sur son scénario bien écrit, il est vrai mais c'est peut-être un peu limité.
Grosse deception que ce long métrage de Jean Renoir. L'histoire n'est jamais captivante, la mise en scène est bien trop classique et sans réelle inspiration, et en plus le casting nous fait ressentir que très peu d'émotions. Une deception à la hauteur de l'attente.
A partir d’un fait divers, Jean Renoir dans « Toni » développe un scénario dramatique à plusieurs niveaux. Chronologiquement et pendant tout le film, c’est le drame du déracinement de ces travailleurs plein d’espoir. C’est aussi le dur labeur et le mépris. Dans ce cadre général se développe une impossible relation entre Fernand (Delmont) qui aime Marie (Jenny Hélia) qui aime Toni l’italien (Charles Blavette) qui aime Josefa l’espagnole (Célia Montalvan) qui en épouse Albert (Max Dalban), le chef de Toni, si bien que Toni épouse Marie. Ces histoires d’amour sont donc contrariées par le chef, qui chipe littéralement Josefa à Toni en la violant. La loi du plus fort. Cette critique sociale s’accompagne aussi de passages au milieu de bourgeois indifférents aux difficultés du petit peuple. Résumé de la sorte, le film pouvait s’égarer dans le discours social greffé sur un mélodrame larmoyant. Il n’en est rien. La mise en scène sèche et concise va à l’essentiel exposant les trois niveaux du drame avec précision. La direction d’acteur de Renoir est encore une fois remarquable, le jeu sans fausse note de tous les protagonistes forçant le respect. Les mouvements de caméra et la photographie de Claude Renoir sont exceptionnels, permettant à la modernité de la mise en scène de s’exprimer pleinement. En effet, réalisé en 1935, le film semble daté du début des années cinquante, si ce n’était une bande son d’époque. Dommage car la musique est remarquable, mais les dialogues pas toujours très nets. Produit par Marcel Pagnol, filmé près de Martigues et « avé l’assent local », le film ne tombe jamais dans le tourisme, ni le folklore, à la recherche constante du réalisme. Par conséquent, Renoir peut être considéré comme le précurseur du néoréalisme italien. Visconti (assistant non crédité) reconnaitra ce qu’il doit au maître en général et à ce film en particulier pour le magnifique « Obssesione ». Outre Atlantique, « Toni » est considéré comme un des films essentiels de Renoir. Avec le recul c’est sans doute éxagéré, surtout au vu d’une mise en place inégale et trop longue.